Déchets

Tracer vraiment, enfin, la route du tri des ordures ménagères

Dans le passif du dossier «déchets » dont a hérité la nouvelle Collectivité de Corse, il y a le bien trop faible taux de tri obtenu à ce jour sur les territoires.

Jusqu’à 2015, au contraire, les points d’apport volontaire étaient même démantelés progressivement, au rythme de récriminations de riverains à qui il était donné systématiquement raison de continuer à jeter leurs poubelles en vrac, dans une logique de tout enfouissement ouvertement assumée. Jusqu’à ce que les populations riveraines des centres d’enfouissement expriment leur ras-le-bol en bloquant les dépôts gérés par le Syvadec. Depuis, la crise est ouverte, il faut faire changer les comportements à 100% ou presque.

Les collectivités locales semblent décidées à s’y mettre enfin. Telle est la conclusion de la concertation menée par le Conseil Exécutif qui a rencontré les Présidents de toutes les Communautés de communes et fixé avec eux un objectif de 60 % de tri dans cinq ans. On en est encore très loin !

 

En 2017, la Corse a produit 222.000 tonnes de déchets, dont 183.500 tonnes ont été collectées par les tournées classiques des camions OM des Communautés de communes.

C’est ce tonnage qui cristallise la crise, car, sur plus de 180.000 tonnes ainsi déposées par les particuliers dans les circuits de collecte, à peine plus de 10% étaient triées (10,74%). C’est sur ce terrain crucial qu’il faudra d’urgence enregistrer de meilleurs résultats !

C’est bien sûr possible et l’examen des chiffres par territoire le démontre aisément : Calvi-Balagne, le meilleur élève, trie pour 22,4 % ses ordures ménagères, quand la rive sud d’Aiacciu (Communauté de communes de l’Ornanu) ne dirige vers les bornes de tri qu’à peine 3% des OM quotidiennement collectées auprès des ménages ou des commerces !

 

Si chaque communauté de communes faisait autant que la Balagne, ce qui n’est quand même pas la mer à boire, ce serait 41.000 tonnes de verres, journaux et emballages qui seraient envoyées vers les centres de recyclage, et non seulement 19.000 tonnes.

La période récente a connu une complication objective : la compétence déchets est en effet passée en janvier 2017 aux communautés de communes, 19 au total, quand elle était jusqu’à présent le fait de dizaines de communes, ou syndicats de communes, aujourd’hui disparus. Ce qui a généré pour certains acteurs locaux une période de transition peu propice à une action novatrice et efficace.

Mais l’excuse ne vaut pas pour les deux principales Communautés, la CAPA (8,80%) et la CAB (9,41%) qui n’arrivent même pas au seuil moyen corse de 10,74% de tri !

 

D’où l’importance de la mobilisation des Communautés de communes qui a été lancée ces dernières semaines, avec des moyens nouveaux pour installer des politiques de tri efficaces, y compris pour les bio-déchets.

Car les chiffres sont là : si Calvi-Balagne sort du lot, c’est parce que c’est la première collectivité à avoir réellement pris à bras le corps le problème des bio-déchets. Il n’y a aucun espoir d’arriver au taux affiché de 60% sans une collecte séparée systématique des bio-déchets, pour leur compostage, comme cela est pratiqué à grande échelle en Sardaigne par exemple. Mais pour l’heure les centres de compostage manquent cruellement en Corse, au point que la Communauté de communes Ouest Corse, qui avait lancé une collecte séparée prometteuse, a dû y renoncer en 2018 faute de débouchés pour les bio-déchets qu’elle collectait auprès des restaurateurs, commerces et centres de vacances.

 

Manifestement il faudra faire encore bien davantage si l’on veut éviter une situation d’échec qui serait catastrophique pour la Corse.

F.A.

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