PLU d’Aiacciu

Un Collectif d’habitants qui veut se faire entendre

Un Collectif d’habitants s’est constitué dans les quartiers ajacciens du Laetitia, Jardins de l’Empereur, Vittulu, Pietrina… Objectif : faire entendre sa voix lors de la révision générale du Plan Local d’Urbanisme de la ville. Le 4 octobre dernier, une réunion publique d’information était organisée, en présence de l’association U Levante, invitée à présenter ses analyses. Plus d’une centaine de personnes se sont mobilisées, et le premier adjoint à la ville d’Aiacciu, Stéphane Sbraggia et ses équipes, étaient également venus éclairer leurs intentions. Explications.

 

 «Face aux projets de densification urbaine, de voiries à mettre en place, et aux ambitions immobilières, les préoccupations des riverains sont fondées » explique Odile Cobacho, porte-parole du Collectif. « Comment intervenir dans l’élaboration du PLU?

Préserver une qualité de vie à deux pas du centre-ville, protéger les rares espaces verts », ces Ajacciens, attachés à leurs quartiers, entendent être associés aux choix qui vont y être faits. « Pour être vivable, la ville de demain devrait laisser toute sa place aux classes moyennes et populaires du centre-ville et anticiper le besoin d’espaces naturels.

Parce que nous vivons ici, toute l’année, le mono-thème touristique (et son corollaire de résidences secondaires) ne nous satisfait pas comme ambition de développement et d’avenir. Nous entendons avoir notre mot à dire ».

Le décor est planté. « Permettre à un maximum d’habitants de s’informer avec précision, décrypter le projet de PLU et savoir comment exercer son droit de réponse. Comme une enquête publique devrait être lancée après le vote du Conseil Municipal (à l’horizon fin 2018) il est primordial que les habitants puissent donner des avis étayés et faire des propositions » explique encore Odile Cobacho. D’autant que « c’est un peu par hasard, par le bouche à oreille que nous avons appris les projets de la mairie ».

 

L’actuel PLU d’Aiacciu a été adopté en 2013. La révision actuelle vise notamment, sur ces quartiers, à « développer sur le site de la Miséricorde une cité administrative qui regroupera l’ensemble des services de l’État et comprendra 800 logements. Le Parc de la Pietrina sera compris dans un écoquartier que nous espérons par la suite labelliser ».

Stéphane Sbraggia veut rassurer : « nous ne voulons désormais plus laisser les privés monter leurs projets sans les comprendre dans un plan d’aménagement public ». Il entend «prendre le temps de la concertation » sous forme d’ateliers qui impliqueront les habitants.

U Levante a formulé ses observations dans le cadre des échanges ouverts aux dites « Personnes Publiques Associées ».

L’association a rendu compte de ce qu’elle a pu constater pour les quartiers concernés, à savoir :

– une future zone à urbaniser entre le Vittulu (après la caserne Battesti) et en contrebas des Jardins de l’Empereur, en maintenant en tampon un espace boisé, avec une nouvelle voie de liaison se raccordant avec la voirie existante des Jardins de l’Empereur (entre les immeubles Iena et Joseph) .

L’association s’interroge sur l’opportunité de faire déboucher cette voie dans un endroit si contraint, au milieu des Jardins de l’Empereur et au contact de la cour de l’école.

 

– un grand espace vert de 4 hectares entre le lycée/collège, l’hôpital et les diverses résidences (Pietrina, Austerlitz, Panoramic…) correspondant à d’anciens jardins et classé « Espace Stratégique Agricole » par le Padduc. Or le projet de PLU qualifie cette zone de constructible et envisagerait un projet immobilier .

 

Pour U Levante, il s’agit « d’un rare îlot de verdure à proximité immédiate de l’hypercentre enclavé dans un environnement résidentiel très dense, un ESA à mettre en lien avec le Plan d’Aménagement et de Développement Durable qui promeut la nature en ville, et donc à reclasser en agricole ».

Pour la ville, le secteur a fait l’objet d’une importante protection au titre des Espaces Boisés Classés (EBC) et son aménagement se fera en cohérence avec celui de la Miséricorde. Ces terrains représentent la dernière poche urbanisable collée au centre-ville pour lequel la ville a obtenu une contractualisation au titre des villes moyennes Action Coeur de Ville. L’aménagement global demandera une labellisation éco-quartier. – un projet de parking en bas de l’Avenue de la Grande Armée. Ce projet de « parking relai logement, espace public » en lieu espace du grand jardin urbain actuel sur une surface de 0,6 ha inquiète l’association . Pour la ville, le projet est nécessaire au regard des enjeux de circulation.

 

La démarche citoyenne du Collectif d’habitants est à saluer. « Il est clair que les habitants veulent donner leur avis, façonner leurs quartiers, ils ont fait part de leurs préoccupations. Ils demandent aux élus comme aux pouvoirs publics de canaliser la pression immobilière pour préserver une qualité de vie et la présence à l’année d’une classe moyenne en centre-ville » répète encore Odile Cobacho.

Des objectifs de mixité sociale et de cadre de vie qui sont louables et doivent être entendus. «Une certaine douceur de vivre « à l’aiaccina » est mise à mal notamment par l’urbanisation-bétonisation à grande vitesse du grand Aiacciu ; par un afflux de touristes plus destructeur que créateur de richesse (débarquements massifs de croisiéristes errants, pollution incessante des navires, embouteillages, etc.), par le manque d’ambition verte de la ville. L’inquiétude pour les jeunes générations est unanime, dans quelle sorte de ville vont-ils grandir ? » interrogent les habitants.

« L’accueil de davantage de population stable dans ce secteur (plus de 1200 logements et bureaux prévus) exige d’envisager dès à présent des « poumons verts » en centre-ville, d’imaginer des voies piétonnes, des espaces de rencontre et des services. »

On l’a compris, les inquiétudes exprimées reposent sur l’avenir des quelques derniers espaces verts restant en centreville.

Le collectif souligne « l’absolue nécessité de préserver ces poches de verdure pour lutter contre le changement climatique ». Grosses chaleurs en été, pluies diluviennes, sont aussi des éléments à prendre en compte, les espaces verts permettent de réguler la température comme l’excès d’eau. On ne peut invoquer ces problématiques mondiales désormais sans les décliner à l’échelle des plans d’urbanismes locaux et de nos problématiques d’aménagement. C’est une réalité qui s’impose.

D’autant que cela rejoint les questions d’amélioration du cadre de vie. Cadre de promenade, de rencontres et de partages, les points verts en ville sont indispensables pour le mieux vivre ensemble.

Bénéficier encore de 4 hectares boisés est une richesse pour Aiacciu et les habitants de ces quartiers aspirent à y voir un parc nature.

Quant à la création de nouveaux logements, « pourquoi ne pas encourager plutôt la remise sur le marché de davantage de logements existants, freiner le développement anarchique des locations estivales ? Densifier à outrance la ville ne convainc pas » dit encore le Collectif qui dénonce aussi l’accroissement des résidences secondaires.

On le voit, le débat ne fait que commencer et les habitants ont bien l’intention de s’investir pleinement dans la vie de leur cité. Une bonne chose.

 

Contact avec le Collectif : nosquartiers@yahoo.com