Prisonniers politiques

Pace, ritornu è libertà !

Les deux Présidents, Gilles Simeoni pour l’Exécutif et Jean Guy Talamoni pour l’Assemblée de Corse, ont présenté le programme qu’ils ont intitulé « Pace, ritornu è Libertà ». Son objectif : traduire de façon opérationnelle la volonté politique d’apporter des réponses concrètes pour résoudre la question des prisonniers politiques, dont la situation se trouve « sous le signe contradictoire d’une immense aspiration à la Paix en Corse, et d’un refus persistant de la part de Paris d’effectuer sa part de chemin dans ce processus ».

 

Le constat fait par le rapport présenté lors de la session de l’Assemblée de Corse des 30 et 31 mars est clair : « cette situation de blocage crée nécessairement un sentiment d’injustice, et donc de colère ».

C’est pourquoi l’institution territoriale, Assemblée et Exécutif confondus, a décidé « de faire preuve de détermination et d’inventivité ».

Le projet « Pace, ritornu è Libertà » est une « approche innovante inspirée d’expériences internationales », et fait référence au programme PEACE mis en place en Irlande du Nord par l’Union Européenne, avec un succès qui en fait désormais un modèle.

Par son programme « Pace, ritornu è Libertà » voté durant cette session, la Collectivité Territoriale de Corse propose à l’ensemble des institutions de l’île, ainsi qu’aux acteurs économiques, d’adhérer, sur la base du volontariat, à une « charte labellisée de retour à l’emploi et à la vie active pour les prisonniers politiques », chaque signataire s’engageant à formuler des propositions d’emplois correspondant aux profils des personnes détenues.

Ce programme est à destination de trois catégories de personnes poursuivies pour des motifs politiques : ceux qui sont libérés en fin de peine, ceux en liberté provisoire ou en liberté conditionnelle, ceux pour lesquels les recherches sont levées. Cette plateforme d’emplois doit permettre aux détenus de construire leur projet de réinsertion, y compris antérieurement à leur remise en liberté.

Par ce vote, les institutions de la Corse :

– prennent acte de la situation politique nouvelle créée par la fin définitive de l’action clandestine armée ;

– réaffirment leur volonté de soutenir la volonté de Paix ainsi actée ;

– soulignent la nécessité du caractère total, définitif et irréversible de cette décision ;

– réaffirme la nécessité de consolider la volonté d’apaisement aujourd’hui à l’œuvre et voulue par la société corse toute entière ;

– expriment solennellement leur volonté d’intégrer la question des prisonniers politiques dans la solution politique globale à construire et à mettre en oeuvre ;

– traduisent cette volonté par la mise en œuvre d’un programme intégrant la libération, le retour en Corse et la réinsertion réussie des prisonniers politiques comme des éléments indispensables de la solution globale précitée ;

– déclinent de façon concrète les valeurs de solidarité du peuple corse.

Pour les deux Présidents de l’Institution territoriale qui représente les intérêts matériels et moraux du peuple corse, la diversité des signataires démontre que c’est la « société corse dans son ensemble qui se mobilise, fait sienne la cause des prisonniers politiques, de leur réinsertion réussie, et, ce faisant, qui demande à l’État d’en faire de même ».

F.A.