Le nationalisme Corse des années 60 à nos jours

50 anni di naziunalìsimu

Au moment où naît le titre, début des années 60, la Corse est en ébullition secouée par plusieurs mouvements revendicatifs. La démarche nationale prend forme progressivement. Elle explosera vraiment avec la période du riacquistu début des années 70 et ira crescendo. Voici quelques dates qui ont marqué ces 50 années d’histoire qu’Arritti a accompagnées. Un rappel bien sûr qui n’est pas exhaustif mais qui permet de décrire la densité des événements vécus, la force du combat national et sa dimension historique.

1962. Indépendance de l’Algérie. 18.000 pieds noirs débarquent en Corse accélérant le processus de colonisation prévu dans le Plan d’Action Régional (1957) avec ses deux outils: la Somivac pour la mise en valeur de l’agriculture, et la Setco pour le tourisme. Aides qui échappent aux Corses et profitent essentiellement aux rapatriés d’Algérie.

1964. Premiers pas du nationalisme contemporain avec la création du CEDIC (Comité d’Etudes pour la Défense des Intérêts de la Corse). Il dénonce la disparition de « l’ethnie corse» et publie un manifeste qui fera date.

1966. Naissance d’Arritti. Le premier numéro paraît le 8 décembre, jour di a Festa di a Nazione ! Au même moment, création du FRC (Fonds Régionaliste Corse). C’est aussi l’année d’un des tous premiers attentats : contre le pont en bois de Casamozza… provisoire depuis 1944, symbole de l’état d’abandon de l’île.

1967. Naissance de l’ARC le 13 août, Action Régionaliste Corse. La résistance à la Somivac particulièrement dans le Fium’Orbu mène aux premiers affrontements avec l’Etat.

1969. Le gouvernement veut imposer des essais nucléaires dans le massif de l’Argentella en Balagne. La Corse se soulève et heureusement gagne ce combat.

1970. Début du riacquistu, période d’effervescence où les Corses se réapproprient leur langue, leur culture, leur histoire, leur savoir-faire,… c’est une floraison d’associations et de démarches d’affirmation d’une identité.

1971. Plan Hudson Institute, appelé «Plan de déménagement des Corses » par les régionalistes qui dénoncent une colonisation massive : il programme 250.000 lits pour touristes à l’horizon des années 80!

1972. Affaire des Boues Rouges. L’entreprise chimique Montedison déverse des produits toxiques dans le canal de Corse. Grosses mobilisations, occupation de la préfecture de Bastia, plasticage d’un navire dans le port de Livourne. Le scandale cesse en 1973. Dans la même année, naissance de Scola Corsa qui jouera un rôle important dans la réappropriation linguistique. 21 ans après la loi Deixonne (1951) qui accorde l’enseignement facultatif aux langues régionales, la langue corse qui en était exclue jusque-là est enfin intégrée à la loi.

1973. A Chjama di u Castellare prône un «socialisme nationalitaire», le FRC devient le PPC (Partitu di u Pòpulu Corsu), puis le PPCA (Partitu Corsu per l’Autonomia). C’est aussi la naissance des «Università d’estate ». Max Simeoni écrit dans Arritti : « Je suis un nationaliste corse ». Un tournant dans le combat.

1974. L’ARC devient l’Azzione pè a Rinàscita di a Corsica et publie «Autonomia ». L’Università d’Estate appose une plaque sur le Palazzu Naziunale déclarant symboliquement réouverte l’Università Pasquale Paoli !

1975. Aleria. Le problème corse acquiert une résonnance internationale. L’ARC est dissoute par le gouvernement qui nomme Jean Etienne Riolacci préfet. Le CAR (Comité anti répression) mobilise les foules pour réclamer la libération d’Edmond Simeoni. Il est condamné à 5 ans d’emprisonnement. L’APC (Associu di i Patriotti Corsi) prend la suite de l’ARC.

1976. 5 mai, création du FLNC (Front de Libération Nationale de la Corse) fédérant des petits groupes apparus depuis quelques temps (Fronte Paisanu Corsu di Liberazione, Ghjustizia Paolina). Le 22 août, Max Simeoni dynamite la cave Cohen-Skalli à visage découvert et prend le maquis pour endiguer les menées barbouzes du préfet Riolacci et la colonisation agricole.

1977. Création de l’UPC (Unione di u Populu Corsu) le 14 juillet, en présence d’Edmond libéré. Max Simeoni, toujours au maquis, y fait une courte apparition. La veille, le FLNC plastique l’émetteur du Pignu pour empêcher la médiatisation du congrès fondateur qui rassemble 10 000 personnes. Le 6 avril, Francia, groupuscule barbouzard contre les autonomistes se manifeste pour la première fois. Il revendiquera notamment l’attentat contre l’imprimerie militante d’Arritti le 15 mai et plastiquera plusieurs fois aussi le domicile des frères Simeoni, dont l’un des attentats, aurait pu être meurtrier. Les militants s’organisent pour garder leurs commerces mais conservent leur sang-froid: ils refusent l’affrontement entre Corses.

1978. Sur le plan sportif, c’est l’épopée européenne du Sporting Etoile Club de Bastia jusqu’en finale de la coupe UEFA offrant un support enthousiaste au réveil de la conscience nationale. E bandere à testa moru sbattulèghjanu à u ventu in tutta l’Auropa.

1979. Première nuit bleue à Paris. Le mouvement clandestin va crescendo. Le 19 août, l’UPC organise une conférence internationale avec des partis nationalistes au pouvoir en Europe: EA au Pays Basque, Convergencia Democratica en Catalogne, Volksunie en Flandre : les prémisses de l’ALE, Alliance Libre Européenne.

1980. Affaire Bastèlica-Fesch. Le 6 janvier, Marcel Lorenzoni intercepte à Bastèlica le Commandant Bertolini et ses deux complices, Olliel et Leonelli qui projetaient de l’assassiner. Pourchassé par les forces de l’ordre, il se retranche avec des militants à l’hôtel Fesch à Aiacciu. Des incidents éclatent au dehors, un CRS est tué, ainsi que deux passants innocents, Michèle Lenck et Pierre Marangoni. Une journée « Isula morta » est décrétée, les femmes des emprisonnés font des grèves de la faim dans les églises. 20.000 personnes défilent dans les rues.

1981. Élection de François Mitterrand à la présidence de la République : il supprime la Cour de Sûreté de l’Etat, accorde l’amnistie aux prisonniers politiques, réouvre l’Université de Corse le 26 octobre, et accorde un statut particulier à l’île dont la mise en place est confiée à Gaston Defferre. Le projet est voté en janvier 1982. Le 2 avril, le FLNC décrète sa première trêve pour encourager le processus. Fondation à Bastia, de l’Alliance Libre Européenne (ALE, aujourd’hui présidée par François Alfonsi) en présence de députés européens basque, écossais, gallois, galicien, catalan, flamand…

1982. Les autonomistes entrent en force dans la première Assemblée de Corse (7 élus), mais refusent la main tendue de Prosper Alfonsi, premier président de l’Assemblée, pour ne pas offenser la CCN (Cumitati Naziunalisti) qui dénonce «a tràppula » et boycottent l’élection. Le FLNC se manifeste la nuit même par 99 attentats. Les slogans « IFF » (I Francesi Fora) fleurissent. L’impôt révolutionnaire est revendiqué. Le gouvernement dissout le FLNC et nomme le Commissaire Broussard préfet de Police.

1983. Affaire Orsoni. Le militant nationaliste Guy Orsoni est enlevé le 17 juin et assassiné. On ne trouvera jamais son corps. Assassinat le 13 septembre de Pierre Jean Massimi, secrétaire général du Département.

1984. Pour venger la mort d’Orsoni, Jean Marc Leccia et Salvadore Contini sont assassinés en prison par Pierre Albertini, Pantaléon Alessandri et Bernard Pantalacci qui se livrent aux forces de l’ordre. Le 9 janvier, Stefanu Cardi meurt dans l’explosion de la bombe qu’il voulait poser. L’UPC et Unità Naziunalista participent aux élections régionales et obtiennent chacun 3 élus. À Carghjese puis à Lugu di Nazza, I Muvrini sont interdits de chanter. Le gouvernement gèle les crédits de l’Université. C’est la naissance de la CFR (Corse Française et Républicaine). Le STC (Syndicat des Travailleurs Corses) est créé. Dans la foulée naissent d’autres contre-pouvoirs (artisans, commerçants, parents d’élèves, agriculteurs, pêcheurs) tous regroupés dans la démarche Unità Naziunalista.

1985. Première politique d’Unione entre l’UPC et Unità Naziunalista, mais l’union échoue une première fois ; l’UPC dénonce les séries d’attentats contre les enseignants, la campagne « IFF », les bavures de l’action clandestine, le meurtre de deux tunisiens abattus par le FLNC qui les accuse de trafic de drogue. La LLN a le vent en poupe auprès de la jeunesse.

1986. Nouvelle politique d’unione («Per un Avvene Corsu ») entre l’UPC et le Mouvement Corse pour l’Autodétermination (nouveau nom de la LLN) à l’occasion des législatives et des régionales. Mais les nuits bleues s’intensifient. La fraude pourrit le climat électoral. L’UPC fait invalider l’élection régionale du fait de la substitution des 34 cahiers d’émargement de la ville de Bastia. C’est aussi la catastrophe de Tchernobyl. ARRITTI , premier média à alerter sur le danger, publie les alertes de la télévision italienne. Notre hebdomadaire et le mouvement nationaliste ne cesseront jamais de mener ce combat pour la vérité.

1987. Le 17 juin, le docteur Jean-Paul Lafay, président de l’association d’aide contre le terrorisme, est assassiné à la sortie d’un plateau-TV. Le MCA est dissout par le pouvoir et devient la Cuncolta Naziunalista. Le 7 août, le gendarme Aznar est abattu par le FLNC. Charles Pasqua met à prix la tête de plusieurs nationalistes. Le 27 novembre, l’un d’eux, Ghjuvan’Battista Acquaviva, est abattu à Querciolu. Il n’y aura jamais d’enquête.

1988. Le 13 avril, l’Assemblée de Corse adopte une motion qui «affirme l’existence d’une communauté historique et culturelle vivante regroupant les Corse d’origine et les Corses d’adoption : le peuple corse ». Nouveau tournant dans la vie politique insulaire. À la veille de l’élection présidentielle, nouvelle trêve du FLNC. Mitterrand est réélu. Le chantier du deuxième statut pour la Corse est lancé par Pierre Joxe, ministre de l’intérieur.

1989. Max Simeoni est élu au Parlement européen sur la liste écologiste d’Antoine Waechter, un renvoi d’ascenseur après le soutien de l’UPC à la présidentielle de 1988. Le combat nationaliste trouve une nouvelle résonnance. Grand conflit social pour réclamer une prime d’insularité. Côté Nationaliste, les Comités Corses de Lutte (CCL) sont créés pour tenter de concilier les intérêts des travailleurs et ceux des socioprofessionnels pénalisés par les grèves. Une première scission intervient au sein du FLNC et donne naissance à un second mouvement clandestin, Resistenza. Parallèlement, sur le plan public, Pierrot Poggioli crée l’ANC (Accolta Naziunale Corsa).

1990. Fin de la politique d’unione Avvene Corsu lors des élections municipales de Bastia. L’UPC négocie avec le pouvoir le nouveau statut à travers « la bande des quatre » (Max Simeoni, Laurent Croce, Henri Antona et José Rossi). La Cuncolta Naziunalista mène campagne contre. Seconde scission au sein du FLNC sous une extrême tension : Canal Historique d’une part, et Canal Habituel de l’autre, rattachés respectivement sur le plan public à la Cuncolta Naziunalista pour le premier, et au MPA (Mouvement pour l’autodétermination) pour le second. Le 29 novembre, le local du Ribombu est mis à sac. Le 20 décembre, Lucien Tirroloni, président de la Chambre d’Agriculture est assassiné. Les 27 et 28 juillet, la Ghjurnata d’Arritti donne naissance à la démarche Femu Quì à Ghisunaccia, société de capital risque pour la création d’emplois productifs en Corse.

1991. Le statut Joxe entre en vigueur, mais l’article un qui reconnaît l’existence du peuple corse, bien que voté par l’Assemblée Nationale, est rejeté le 9 mai par le Conseil Constitutionnel. Le statut reconnaît aussi la fraude électorale en accordant une refonte des listes. L’UPC actualise «Autonomia» qui parait en juin, en y incluant un projet de loi instituant l’autonomie de la Corse.

1992. Drame de Furiani. 18 morts, 2500 blessés. La LLN s’implique aux côtés du président du club lors des enterrements des victimes pour le protéger. Le climat est lourd. Le procès ne guérira pas les blessures.

1993. 13 juin assassinat de Robert Sozzi. Il dénonçait les malversations qui entouraient le drame de Furiani. Son assassinat est revendiqué avec celui de plusieurs dealers par le FLNC lors des Ghjurnate Internaziunale qui le qualifie de « traitre ».

1994. Assassinat de Jean-François Filippi, puis de Franck Muzy en représailles. On est dans les heures les plus noires du nationalisme contemporain.

1995. Affrontement fratricide entre les frères d’arme d’hier : militants du Canal dit «Historique » d’un côté, et du Canal «Habituel » de l’autre. Au moins 15 morts, dont celui de Pierre Albertini, le 30 août, point culminant de l’affrontement.

1996. Le 12 janvier, conférence de presse de Tralonca où 600 clandestins armés donnent une conférence de presse dans le maquis pour annoncer une trêve de trois mois et « encourager » les négociations entamées avec le gouvernement, à quelques heures de la venue en Corse du ministre de l’intérieur, Jean-Louis Debré. Le 1er juillet, attentat à la voiture piégée contre Charles Pieri, l’un des responsables du FLNC dit «historique». Il est grièvement blessé. Un autre militant, Pierre Louis Lorenzi dit «Petrucciu » est tué. Le Canal Habituel annonce sa volonté d’autodissolution. Mais certains militants ne l’acceptent pas et créent le FLNC du 5 mai 1976. Parallèlement, nait Corsica Viva sur le terrain public.

1997. Autodissolution du Canal Habituel et du MPA.

1998. 6 février, assassinat du Préfet Claude Erignac. L’Etat enclenche une répression tous azimut, plusieurs centaines d’arrestations et la venue de « l’homme qu’il faut là où il faut », Bernard Bonnet envoyé par Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’Intérieur. L’UPC échoue à l’élection territoriale mais dénonce de nouvelles fraudes massives et obtient l’annulation de l’élection. La LLN continue de se diviser : création de Rinnovu Naziunali, pendant que, du côté des clandestins, naît le « FLNC du 22 octobre ».

1999. Venue de John Hume, Prix Nobel de la paix irlandais, à la Ghjurnata d’Arritti du 14 février. Le 20 avril, incendie de la paillote «Chez Francis» à Cala d’Orzu par des gendarmes du GPS, corps spécial au service du préfet Bonnet. Gendarmes, fonctionnaires et préfet sont mis en examen. Le 3 juillet, signature du « protocole de Migliacciaru» entre tous les responsables du mouvement national qui s’engagent « solennellement à bannir tout rapport de force violent entre nationalistes et ce en toutes circonstances ». Le mouvement «modéré », divisé en trois listes (Uniti, Mossa Naziunale, et UPC), reste sur la touche des élections territoriales reconvoquées après leur invalidation. La Cuncolta Naziunalista rafle la mise et entre 8 élus à l’Assemblée de Corse. Côté clandestins, le Canal Historique, le FLNC du 5 mai, Clandestinu, Fronte ribellu, et Resistenza s’unissent sous le sigle « FLNC Union des Combattants ». Mai : arrestation du commando Erignac.

2000. Venue de Michel Rocard, ancien premier ministre, invité de la Ghjurnata d’Arritti. Le 7 août, Jean Michel Rossi, figure du nationalisme LLN (canal historique), est assassiné.

2001. Démarrage du processus de Matignon sous l’égide de Lionel Jospin. Il sera repris en 2003 par la droite arrivée au pouvoir. Le 17 août, François Santoni, autre figure du nationalisme radical historique est assassiné.

2002. Création du Partitu di a Nazione Corsa (PNC) le 7 décembre, regroupant UPC Scelta Nova et Mossa Naziunale issu d’une recomposition avec des anciens du MPA. Le PNC annonce se situer sur le plan «strictement public et démocratique» et travailler au «saut qualitatif » permettant aux nationalistes d’accéder aux responsabilités.

2003. Référendum du 6 juillet pour la dissolution des Conseils généraux. Le peuple corse dit « non » à ce tournant historique. À la veille du référendum, Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur avait bafoué la présomption d’innocence en annonçant « l’arrestation d’Yvan Colonna, assassin du préfet Erignac ». 11 juillet, condamnations de 15 ans à la perpétuité, pour les membres du commando Erignac. Création de la Chjama Naziunale, recomposée d’anciens de la LLN (dont Jean Biancucci) et d’Edmond Simeoni.

2004. Élections territoriales, nouvelle politique d’unione à travers la démarche «Unione Naziunale » regroupant le PNC, Chjama Naziunale et Corsica Nazione. Elle emporte 8 sièges, mais c’est une déception car les nationalistes visaient la prise de responsabilité. Les attentats reprennent et l’union périclite.

2005. Prise du « Pascal Paoli » par des marins STC. Action de révolte contre la privatisation de la SNCM. L’assaut militaire est donné sur le navire par les hélicoptères du RAID.

2006. Le 15 janvier, le jeune Lisandru Vincenti trouve la mort à Aix dans l’explosion de la bombe qu’il voulait poser. Le 22 février Jean Castela et Vincent Andriuzzi, condamnés à 30 ans en première instance, sont acquittés dans l’affaire de l’assassinat du préfet Erignac. Ils clamaient leur innocence depuis respectivement 6 et 7 ans d’emprisonnement préventif.

2008. Percée des nationalistes «modérés» à l’élection municipales, notamment à Bastia avec la démarche Inseme per Bastia qui regroupe l’ensemble des nationalistes démocratiques et s’ouvre à des personnalités de progrès : avec 25% des voix, Inseme per Bastia entre 5 élus au conseil municipal. Autre percée à Portivechju avec la démarche Portivechju Altrimenti qui entre aussi 5 élus au conseil municipal.

2009. En juin, François Alfonsi est élu au parlement européen : 20 ans après, le nationalisme réinvestit le parlement de Strasbourg. Il siège dans le groupe ALE, Alliance Libre Européenne. En septembre, création de la démarche Inseme pè a Corsica par Gilles Simeoni.

2010. Naissance de Femu a Corsica, coalition de trois mouvements, PNC, Inseme pè a Corsica et Chjama Naziunale qui remporte 11 élus avec 26% des voix à l’élection territoriale. Le leadership nationaliste s’inverse pour la première fois de l’histoire du mouvement national. Corsica Lìbera, unie au Rinnovu Naziunali, obtient néanmoins 4 élus avec 10% des voix. Les deux groupes pèseront ensemble durant la mandature pour obtenir des avancées importantes sur le plan de la langue, de la fiscalité, de la lutte contre la spéculation…

2011. Yvan Colonna est condamné à perpétuité pour l’assassinat du préfet Erignac lors d’un troisième procès le 20 juin. Il continue à clamer son innocence. Jean Christophe Angelini est élu conseiller général de Portivechju. Femu a Corsica et ses leaders poursuivent leur ascension.

2012. Très bon score aux législatives pour Femu a Corsica. C’est la première fois que deux nationalistes accèdent au second tour de l’élection : Gilles Simeoni à Bastia et Jean-Christophe Angelini à Portivechju. U Rinnovu Naziunali se détache de Corsica Lìbera à l’Assemblée de Corse.

2014. Le 25 juin, le FLNC annonce la fin de la lutte armée et sa sortie progressive de la clandestinité. Gilles Simeoni est élu maire de Bastia le 30 mars. Un tremblement de terre ressenti bien au-delà des frontières bastiaises : la démarche d’union des nationalistes dit démocratiques, capables de s’ouvrir à d’autres forces, l’enthousiasme militant, et le pouvoir de séduction du leader ont conquis… plus rien de semble arrêter la dynamique.

2015. Mars: Femu a Corsica obtient trois conseillers généraux en Haute Corse. Les nationalistes se remettent à parler d’unione et entrevoient le « saut qualitatif » qui leur permettra d’accéder enfin aux responsabilités. Décembre: Le premier tour confirme que la dynamique ne les quitte pas. Femu a Corsica arrive en tête du scrutin avec 18,40% (Corsica Lìbera 7,7%). Les deux listes nationalistes fusionnent pour le second tour. La liste Pè a Corsica avec 35,40%, remportent la prime majoritaire et constitue le premier gouvernement nationaliste depuis Pasquale Paoli ! Des milliers de Corses envahissent les rues en liesse. Le 17 décembre, une première : le nouvel Exécutif prête serment devant le peuple sur un exemplaire original des Raguali de la révolution du 18e siècle.

2016. L’Exécutif n’est pas épargné. Crise des déchets, Jardins de l’empereur, passif de 100M d’euros, intempéries… malgré cela, les bons points sont marqués tout au long cette année. Transparence financière, compagnie régionale maritime, comité de massif, arrêté Miot, fiscalité…: une nouvelle ère a bel et bien commencé pour la Corse. _