Bastia, ville dynamique

« Je n’ai pas acquis la légitimité de maire, je l’ai confirmée » disait Pierre Savelli dans une interview il y a peu. Une façon d’affirmer la continuité qu’il veut incarner en ayant saisi le relai en pleine course avec une détermination à toute épreuve. Celui qui a succédé à Gilles Simeoni à la mairie de Bastia en cours de mandat a son propre style. Il va à l’essentiel et reste concentré sur sa mission : transformer Bastia. Imaginer la ville de demain, surmonter les difficultés, dépasser les critiques, pour mener à bien les projets. Il est sobre dans les réponses, mais mû par une volonté inébranlable. Avancer, pas à pas, arracher les moyens nécessaires pour améliorer la vie des Bastiais. C’est une dure tâche que celle d’être maire d’une ville dont on hérite tous les ratés du passé, en même temps que de la grande impatience de celles et ceux qui voudraient voir les choses avancer plus vite. Et c’est vrai qu’il y a tant à faire ! Mais après avoir mis en place sa méthode, il imprime peu à peu son rythme et les réalisations commencent à poindre. Oui, Bastia est une ville dynamique. Elle se transforme chaque jour. Interview.

 

Pierre Savelli, maire de Bastia.

Voilà un peu plus de trois ans que vous êtes aux commandes de la mairie de Bastia, cinq ans que notre majorité impulse une nouvelle politique.

Avant d’aborder l’avenir, quel regard portez-vous sur ces années ?

L’impression de l’homme politique dans ce bilan d’étape ?

Les attentes étaient très fortes, après des décennies d’espoir à notre arrivée.

Il nous a fallu créer les conditions d’une confiance réciproque entre l’administration et notre mandature. Nous avons fait preuve de transparence et d’équité dès notre arrivée et ainsi prouvé que notre ambition n’était pas de remplacer un clan par un autre clan. Nous avons choisi de changer les méthodes. Ce travail n’est pas visible mais pour moi ce sont les bases de notre projet et c’est ce que j’aimerais qu’on retienne de notre arrivée aux responsabilités.

Ces premières années de mandat ont été exaltantes, en tant qu’adjoint de Gilles Simeoni puis en tant que Maire.

Notre présence aux responsabilités est au service d’un projet commun que nous avons façonné pendant des décennies.

Nous en avons posé les fondations, mais je sais que nous sommes à la croisée des chemins et que nous devons travailler sans relâche. L’heure n’est pas encore au bilan.

 

Bastia est une ville dynamique, quoi qu’en disent ses détracteurs, de nombreux chantiers sont en cours, pouvez-vous faire un rappel des plus importants à nos lecteurs ?

Les chantiers de l’Aldilonda et du Mantinum sont en cours de réalisation et seront livrés d’ici le début d’année prochaine. Ils permettront de repenser la mobilité dans la ville en gommant les frontières physiques entre le sud et le nord de la Ville mais également entre la ville haute et la ville basse. L’espace Gaudin sera également bientôt livré et donnera un nouveau souffle en centre-ville.

Je n’oublie pas également la livraison prochaine du Centre des sciences à Lupinu et les chantiers en cours de l’Avenue de la libération, de la rénovation du kiosque à musique, du cheminement piéton au coeur de la cité Aurore et j’en passe. Ceux qui parlent de Ville à l’arrêt ne vivent certainement pas à Bastia !

 

 

Mantinum, Aldilonda, pour rejoindre Spassimare et relier Bastia du Nord au Sud… c’est l’un des rêves de la majorité municipale d’une ville ouverte sur sa façade maritime qui se concrétise enfin ?

La volonté de reconnexion avec notre façade maritime a guidé nombre de nos actions et évidemment de nos projets structurants. Grâce à l’Aldilonda les Bastiais pourront accéder à la mer en plein centre-ville. Grâce au Mantinum, un nouveau panorama s’offrira à eux. Ce sont des projets qui prennent en compte la situation exceptionnelle de Bastia, au coeur de la Méditerranée. Il était temps !

 

Cela nous amène au débat sur le « grand port ». Comme maire de Bastia, vous devez gérer des équilibres, améliorer la porte d’entrée sur la Corse que représente notre ville, dynamiser les quartiers sud, mais aussi veiller à ne pas trop déplacer le coeur de ville… Par ailleurs, le coût peut être exponentiel, et les dangers sont réels sur l’environnement alors que l’aérien est le choix qui s’affirme de plus en plus au fil des années pour la saison touristique… le besoin d’un grand port est-il toujours pertinent ?

J’entends bien sûr les alertes des professionnels quant à la sécurité de nos infrastructures portuaires. Je partage également pleinement les craintes des habitants quant à la pollution engendrée par le Port. Ce dont je suis certain c’est que Bastia et la Corse ont besoin d’un port du XXIe siècle, un port remplissant les contraintes de sécurité pour les usagers, voyageurs, employés, et écologiquement responsable. Mais également et surtout un port adapté aux transports du XXIe siècle. Pour cette raison, je me réjouis de l’introduction d’une troisième option par le Président de l’Exécutif, qui à mon sens permet d’écarter définitivement l’option de la Carbonite. Le débat public devra nous apporter toutes les réponses sur l’opportunité, le dimensionnement et la future localisation du grand port de Bastia.

 

Après une extraordinaire patience de plusieurs décennies, les Bastiais sont exigeants et voudraient voir les choses avancer plus vite. Quels objectifs réalistes vous donnez-vous pour transformer Bastia ?

En 2014, le nouveau souffle lancé par Gilles Simeoni a fait naître de très grands espoirs et avec cela, beaucoup d’impatience.

On comprend parfaitement les Bastiais qui attendaient depuis des décennies une nouvelle vision pour leur ville. Cette vision existe, Malheureusement, le temps administratif n’est pas celui du politique et il faut laisser du temps aux projets, pour les monter, les financer et enfin les réaliser. Le temps de l’ingénierie est un temps long, environ trois ans. D’ailleurs, les Bastiais le voient bien aujourd’hui,

une grande partie de nos projets sont entrés en chantier.

 

Le NPRU (Nouveau Programme de Renouvellement Urbain) est un beau projet, mais mal compris par une partie des résidents qui demandent une simple réhabilitation, quand la ville parle de requalification de tout un quartier et de rénovation urbaine… Que dire pour les rassurer ?

Le quartier de la cité Aurore a besoin d’un projet ambitieux qui ouvrira le quartier sur la Ville. Grâce à ce projet, en plus de la rénovation de 750 logements, la Ville souhaite réinvestir les espaces publics ce qui lui permettra d’intervenir comme dans tous les quartiers de Bastia (entretien des espaces verts, de l’éclairage public, des réseaux, des routes…) là où cette charge était devenue trop lourde pour l’office HLM. C’est un projet de presque 45 millions d’euro au service d’un quartier mais je le comprends aussi, un projet qui inquiète une partie des habitants concernés par les déconstructions.

Tous les habitants concernés seront accompagnés et bénéficieront d’amélioration de leurs conditions de logement avec notamment des logements plus adaptés et surtout seront relogés, contrairement à ce que l’on a voulu leur faire croire, dans le quartier de leur choix. Personne ne quittera Lupinu s’il ne le souhaite pas.

 

Bastia Coeur de Ville, là encore, la municipalité bastiaise a su négocier les soutiens nécessaires à un beau projet qui va toucher une grande partie de la cité. Quels sont les enjeux ?

La revitalisation du centre-ville est un enjeu à court, moyen et long terme.

Nous souhaitons redynamiser le tissu commercial mais aussi recréer des conditions de vie attractives pour les familles. C’est tout l’enjeu d’Action Coeur de Ville : donner des moyens facilement mobilisables pour des projets au service de cette dynamique essentielle.

Grâce à Coeur de Ville, nous pouvons concrétiser des projets tels que l’appel à manifestation d’intérêt ouvert depuis le 18 juillet visant à repenser le Bon Pasteur, un emplacement exceptionnel en plein Coeur de Ville laissé à l’abandon depuis des années.

 

L’un des thèmes forts de la campagne de 2014 qui vous a amené aux responsabilités municipales, c’est la circulation et le stationnement. Qu’a apporté la nouvelle majorité et quels sont les projets pour encore avancer en ce domaine ?

À la fin de la mandature, nous aurons créé 1.020 places de stationnement au total. Mais il ne faut pas se leurrer, Bastia est une ville pauvre et les financements ne tombent pas du ciel. Nous construirons le prochain parking lorsque celui de Gaudin sera livré. Ce prochain parking sera situé en entrée de Ville, au lieu-dit «A capochja », un parking relais de près de 400 places. En parallèle, la Collectivité de Corse travaille sur un second parking en Coeur de ville, à la Gare de Bastia de près de 900 places.

Nous travaillons également à des solutions pour fluidifier la circulation : modification des horaires de livraison des commerces, gestion intelligente des places de stationnement (Smart parking), gestion des voitures ventouses… c’est un travail de longue haleine qui est le pendant du travail que nous effectuons sur la réalisation de nouveaux moyens de mobilité car plus nous offrirons d’alternatives aux Bastiais, moins ils auront besoin de leur voiture.

 

Un gros retard a été accumulé par le passé sur l’entretien des bâtiments scolaires et l’éducation en général, les actions mises en oeuvre pour le combler ?

À notre arrivée, nous avons réalisé un audit des bâtiments et dégagé un plan de rénovation des écoles, par ordre de priorité car il faut le dire elles n’avaient jamais bénéficié de rénovation. Nous nous étions engagés à rénover une école tous les deux ans. Rénovation de l’école Calloni, lancement en septembre des travaux de l’école Gaudin, préparation de la restructuration de l’école Desanti, future construction de l’école de Cardu, construction d’une cantine pour l’école Defendini, je pense que nous n’avons pas à rougir de notre bilan.

Il était temps que les choses changent à Bastia.

«Bastia, ville culturelle », mythe ou réalité ?

Réalité, Bastia est la capitale culturelle de la Corse et c’est notre fierté. Nous avons, grâce à un projet fort, marqué l’identité de Bastia. Nous pouvons nous gargariser d’une programmation municipale riche, éclectique, avec de nombreuses actions de médiation accessibles à tous et à toutes. Je suis très fier du travail accompli par les services municipaux que ce soit aux affaires culturelles ou à la langue corse. Nous sommes également fiers d’accompagner les nombreux acteurs culturels qui font de Bastia une ville où l’émulation créative est permanente, où la langue corse reprend peu à peu sa place. Je pense à des initiatives incroyables telles que Praticalingua qui sont des véritables fers de lance pour notre projet de société.

 

Bastia est une ville qui innove, notamment dans le domaine de la démocratie participative. Les Bastiais répondent-ils à suffisance à vos demandes d’implication ? Comment pousser davantage ?

Quand on croit dans la démocratie, on ne peut jamais se satisfaire du niveau d’implication des habitants parce qu’on peut toujours faire mieux. C’est pour cela que nous innovons en permanence sur ce sujet. Les Bastiais sont d’ailleurs invités à voter pour leurs projets préférés dans le cadre du budget participatif qui est mis à leur disposition à partir du 16 septembre. Dans le domaine de la DP, l’élection du conseil municipal des enfants, permet également de donner la parole aux enfants CM1 et CM2, on constate un vrai engouement des plus jeunes pour la chose publique et la démocratie, c’est rassurant. Il suffit

 

Comme la plupart des villes qui voient baisser leur dotation, et particulièrement les villes moyennes qui disposent de moins d’implantation industrielle pour dynamiser le budget municipal, il faut jongler avec les financements, quelles sont vos solutions pour porter vos projets ?

Bien sûr, comme toutes les villes, nous pâtissons des baisses de dotation mais nous nous battons pour chaque projet, pour convaincre nos partenaires et financer au mieux nos actions. Mais il n’y a pas de secret pour dynamiser le budget municipal, le nerf de la guerre c’est l’économie, et nous travaillons grâce à l’ensemble des projets dont nous avons parlé à devenir une ville attractive pour les acteurs économiques. Quand je vois des jeunes start up telles que Volpy, installée en centre-ville, que j’ai visité il y a quelques jours, je suis confiant dans l’avenir de notre cité.

 

Dans moins de huit mois, nous abordons un scrutin très important pour l’avenir de la ville. L’équipe est-elle prête ? Est-elle au complet ? Comment abordez-vous ce débat ?

Pour l’heure, l’équipe est au travail.

 

La force de Bastia, c’est aussi le projet territorial de Gilles Simeoni. Quelle place aimeriez-vous voir occuper votre ville dans ce message ambitieux d’un « paese da fà»?

Une ville avec une identité affirmée, une ville durable, une ville dynamique