Municipales en France

Changement de dimension pour les écologistes

© DR / Le 28 juin 2020 à Bordeaux

Quand on réussit à placer l’un des siens à la tête des plus grandes villes françaises, à Lyon et sa métropole, Bordeaux, Strasbourg, Besançon, Colombes, Grenoble, Orléans, Poitiers, Annecy et même Marseille, c’est que l’on change de dimension. Quel qu’ait été le contexte de leur élection, et notamment une abstention inédite pour un scrutin municipal à enjeu, ces élus de premier plan vont imprimer leur marque sur la vie politique française pendant les six années à venir, et cela rejaillira inévitablement sur la place de la force politique écologiste en France.

 

Cette nouvelle victoire des écologistes français, après leur beau succès des européennes de 2019, va leur donner un nouvel élan. Car ils sont aussi forts de bons scores dans de nombreuses autres villes où, après les accords de l’entre-deux-tours, ils occuperont des places éminentes au sein de exécutifs communaux : Nantes, Rennes, Rouen, Brest, Montpellier, etc.

Cette pléiade d’élus va désormais apporter son influence au mouvement écologiste. Leurs noms restent encore confidentiels, à part sans doute celui de Eric Piolle qui a ouvert la voie à tous ces édiles il y a six ans à Grenoble, mais rapidement ils gagneront en notoriété : Bruno Bernard et Gregory Doucet à Lyon, Michèle Rubirola à Marseille, Pierre Hurmuc à Bordeaux, Jeanne Barseghian à Strasbourg, François Astorg à Annecy, Anne Vignot à Besançon, Emmanuel Denis à Tours, Léonore Moncond’huy à Poitiers, etc. autant d’élus qui révolutionnent l’image des édiles politiques en France, et qui donneront à Yannick Jadot et ses amis d’EELV une crédibilité nouvelle vis à vis de l’opinion.

 

Car on n’arrive pas maire d’une commune en posant sous les projecteurs médiatiques. Tous ces élus ont un parcours associatif au plus près de la population, à l’international avec Handicap International (Grégory Doucet à Lyon), une médecin de quartiers populaires (Michèle Rubirola à Marseille), un « catho basque » de gauche (Pierre Hurmic à Bordeaux), une militante environnementaliste (Jeanne Barseghian à Strasbourg), une ingénieure de recherche CNRS (Anne Vignot à Besançon), un ingénieur en génie industriel (Emmanuel Denis à Tours), une jeune administratrice de scouts protestants (Léonore Moncond’Huy à Poitiers) : tous ces profils détonnent heureusement avec la cohorte des énarques qui hantent les cabinets ministériels avant de faire carrière en politique. Cette ressource humaine militante donne aux Verts un oxygène politique qui fait défaut à tous les autres partis et qui leur a permis d’obtenir une adhésion spontanée d’une opinion en quête de valeurs politiques nouvelles.

Cette complémentarité entre une idée nouvelle de plus en plus en vogue, un discours recadré et rassembleur formulé par Yannick Jadot lors de l’élection européenne, et une démarche qui s’est affirmée localement, en dehors de structures politiques obsolètes qui sont désormais rejetées par les électeurs : voilà une « potion magique » qui pourrait bien révolutionner l’establishment politique français.

Renouée avec les élections européennes, la crédibilité politique d’EELV va crescendo. Leur percée municipale leur donne une assise nouvelle dans la société française et les échéances à venir s’annoncent pour eux sous les meilleurs auspices.

Leur influence pourra-t-elle contribuer à faire évoluer à moyen terme le cadre étatique jacobin qui étouffe la Corse ? De toutes façons, existe-t-il une autre option plus favorable pour faire valoir les intérêts de la Corse que soutenir ceux qui sont nos partenaires politiques, en Corse et ailleurs sur le continent, depuis plus de deux décennies ?

Les écologistes : des alliés anciens et éprouvés du mouvement national corse, avec qui nous avons pu obtenir un siège de député européen, pour la troisième fois en vingt ans. Et aussi un partenaire de premier plan pour l‘avenir.

François Alfonsi.