Première analyse de Jean Félix Acquaviva, secrétaire national de Femu a Corsica

L’ampleur de l’enracinement

Extraits du débat durant l’Edition spéciale de France 3 Via Stella.

 

F3VS : Bastia conservée, c’est une vraie victoire ?

JFA : Bien entendu ! Vous me permettrez de remercier les 6700 et quelques électeurs qui se sont reportés sur la dynamique de second tour portée par la liste Bastia più forte Inseme. Je crois que le message a été clair. Je pense qu’il y a eu un rejet d’un attelage qui n’était pas un attelage de projet, mais un attelage contre notre majorité, dans la perspective de faire chuter la majorité territoriale sortante, lors des prochaines élections territoriales. L’écart de 1300 voix est un écart conséquent. J’ai vu beaucoup de jeunes se mobiliser, c’est un message aussi de ce point de vue-là. Le mouvement systémique de changement accompli en 2015-2017 continue. Il continue à Bastia, il continue ailleurs. Je tiens aussi à féliciter les autres élections, notamment celle de Jean-Christophe Angelini à Portivechju.

 

Vous vous associez à la victoire de Jean Christophe Angelini à Portivechju ?

Pourquoi voudriez-vous que je ne félicite pas Jean Christophe Angelini qui fait partie de la majorité territoriale sortante ?

 

Parce que personne ne l’a soutenu de la majorité territoriale de Femu a Corsica ?

On pourrait en dire autant des communiqués contre Pierre Savelli, ou du moins qui n’appelaient pas à voter pour Pierre Savelli. Je crois qu’aujourd’hui, au-delà des divergences qui existent, il y a quand même un mouvement systémique qui est là. Qui a commencé en 2015. Qui s’est poursuivi aux législatives, et qui se poursuit de manière homogène sur le territoire, parce que je pourrais parler des plusieurs dizaines de communes rurales au premier tour qui ont rejoint le giron de ce que l’on représente.

 

Il y a eu de vraies tensions, de vraies dissensions dans la majorité territoriales ces derniers mois. Et la base qui finalement soutient le candidat nationaliste le mieux placé, à Portivechju, à Bastia. Cette base vous dit « union » ?

Je crois que ce que l’on est en train de vivre c’est simplement a contrario des années 80 ou 90 où la moindre division pouvait être une scission. Le nationalisme n’est plus dans la confidentialité, il est majoritaire. Cela fait qu’un pluralisme s’organise sans forcément tomber dans la scission ou dans le conflit, et que la raison des élections, de la démocratie, prend le pas. C’est le cas à Bastia puisque les reports de toutes les listes nationalistes ont été très bons. Il faut quand même le souligner. C’est le cas à Portivechju, c’est le cas à Figari, c’est le cas dans d’autres endroits. Ça a été le cas à Biguglia, dès le premier tour. Ça veut dire tout simplement ce que l’on appelle pour notre part passer du nationalisme au national. C’est un nouveau pluralisme politique qui est en train de s’organiser en Corse au-delà du fond commun que nous avons, que nous partageons et qui est un socle. Ce qu’il faut retenir de cette élection de ce second tour, c’est bien qu’elle confirme le mouvement 2015-2017.

 

Cela veut dire qu’aux prochaines échéances, vous retrouveriez une démarche d’union comme cela a été fait en 2015 et en 2017 ?

Ce n’est pas ce que je dis. Je dis que le nationalisme est en train de s’imposer, y compris dans sa pluralité, au sein de la société corse, et qu’il est encore plus enraciné dans ces municipales. Lorsque l’on fera vraiment le bilan partout, on se rendra compte que par rapport à 2014, dans toutes les communes, dans les intercommunalités, le nationalisme a beaucoup progressé.

 

Une bonne nouvelle pour vous, Anne Laure Santucci est élue du côté de Luri. Vous l’avez soutenue face à Dominique Cervoni, un historique du mouvement national, élu depuis 1983, là aussi dans le Cap, il y aura des traces…

Ça veut dire tout simplement qu’on ne peut pas être propriétaire de l’ensemble des voix lorsque dans les municipales il y a des débats locaux qui s’organisent. Anne Laure Santucci est un cadre de Femu a Corsica, nous l’avons évidemment soutenue. Ça ne veut pas dire que nous n’avions pas de bonnes relations avec Dominique Cervoni, mais il y avait un projet local qui différait, et il y avait une envie de changement, elle s’est matérialisée. Je la félicite pour son élection, et lorsque l’on fera le bilan, parce qu’il n’est pas encore établi, vous verrez que le nationalisme, s’est enraciné.

 

Donc pluralité, enracinement, mais pas union ?

La pluralité ne veut pas dire qu’il n’y aura pas d’union. L’union peut se faire au premier, au second tour, selon les débats. Aujourd’hui ce qui compte c’est de constater que l’ampleur de l’enracinement est beaucoup plus grand. Je rappelle qu’avant l’élection municipale, on disait qu’on allait chuter. On n’a pas chuté.