Gilles Simeoni. Extraits

«Nous nous sentons profondément européens »

«Notre nationalisme il est tout sauf un repli, il est tout sauf un enfermement.

Et je veux saluer le courage politique de celles et ceux qui ne sont pas abertzale au Pays Basque, qui ne sont pas nationalistes en Corse, et qui contribuent, avec nous, à ouvrir des chemins. C’est précieux… Qu’est-ce que nous pouvons apporter collectivement à l’Europe qui est en train de se construire ? Nous l’avons dit chacun avec nos cheminements idéologiques. Nous nous sentons profondément européens et nous nous sentons profondément éloignés du modèle de l’Union Européenne telle qu’elle fonctionne actuellement. La crise de l’Aquarius en a été un révélateur…

Mais dans quelle France, pour les Français, dans quelle Europe, pour les Européens que nous sommes, dans quel monde vivons-nous pour que l’on s’étonne de ce que des gens tendent la main à des femmes et des hommes qui sont en train de mourir, à quelques dizaines de kilomètres ? Est-ce que l’on a besoin de théoriser à l’infini sur les déclinaisons du droit maritime ou du droit des migrations, du droit public, du droit constitutionnel, ou de l’accord de Dublin, pour dire “des gens meurent, ouvrons leur nos portes, nos maisons, donnons-leur un morceau de pain et puis ensuite réfléchissons et avançons” ? Ce message-là, nous le portons en tant que patriote corse, en tant que patriote basque, en tant que citoyen, en tant que régionaliste, comment pouvons-nous trouver un point d’équilibre dans tout ça ?

Synchroniser toutes ces démarches qui ne sont pas exactement les mêmes, et qu’est-ce que ça pèse politiquement ? C’est la vraie question. Moi je pense que ça pèse quelque chose de très significatif.

Peut-être pas aujourd’hui une majorité… mais si nous savons trouver ensemble les moyens de construire cette façon de réinventer la politique, cette façon de dire nous sommes des petits peuples que l’histoire pour des raisons différentes a tenu à l’écart, et qui aujourd’hui ont la volonté de se réapproprier leur passé, leur langue, leur culture, leur histoire, mais de le faire dans une vision résolument moderne, ouverte, en intégrant tout ce qui a changé dans le monde, et en disant que nous voulons construire des sociétés qui soient des sociétés heureuses. Parce que c’est ça le sens de la politique, c’est l’engagement qui nous porte, faire que les gens soient plus heureux ensemble… Je crois que ce discours là il y a beaucoup de femmes et d’hommes en Europe qui ont envie de l’entendre et de le partager…. Mais, même si elles sont centrales, il n’y a pas que la revendication d’identité, la langue, le fait d’être reconnu en tant que peuple, il y a aussi la nécessité de lutter contre le chômage, la spéculation, d’inventer un modèle d’agriculture de production, de renforcer la formation, l’éducation, l’enseignement, les échanges…, nos mandants nous attendent aussi sur notre capacité à apporter des réponses à ces problèmes du quotidien. Réconcilier à la fois la gestion des problèmes du quotidien avec la vision et l’idéal politiques qui nous portent historiquement, les uns et les autres, c’est un des enjeux… Et parce que nous savons que nous sommes très près de trouver la solution et la sortie ensemble, nous sommes d’autant plus heureux d’être parmi vous aujourd’hui. »