Carghjese

Nouveau Collectif anti-mafia

Après l’initiative prise par plusieurs personnalités de créer le Collectif « A Maffia Nò ! A Vita Iè ! » lors d’une conférence à Aiacciu le 25 septembre dernier, après le rassemblement de plusieurs centaines de personnes en hommage à Massimu Susini, à Corti, le 29 septembre (lire ici et ), un nouveau « Collectif anti-Mafia – À Massimu Susini » vient de naître à Carghjese, ce samedi 5 octobre. Si les démarches sont différentes, elles ne sont pas antagonistes et traduisent l’inquiétude et la révolte contre le péril mafieux qui s’emparent de la société corse.

L’onde de choc soulevée par le meurtre de Maxime Susini a créé une émotion telle, qu’elle a encore rassemblé des centaines de personnes en sa mémoire et autour du refus d’admettre sa mort injuste. Après Corti, le 29 septembre, c’est à Carghjese, sa ville où il vivait et travaillait, qu’un nouveau Collectif a été créé pour que la cité cargesienne ne devienne pas un « terrain mafieux ».

Ce nouveau Collectif a pour objectif :

  1. Refuser que Carghjese soit sous l’emprise de la peur

 

  1. Signifier clairement aux assassins et à leurs complices que, à l’exemple de Massimu, on ne permettra pas que Carghjese devienne un territoire mafieux.

 

  1. Être très attentif au déroulement de l’enquête, afin de savoir si tous les moyens ont été employés pour permettre l’arrestation des assassins et de leurs complices.

 

  1. Développer des liens de solidarité et d’entraide avec d’autre territoires corses soumis à la pression mafieuse.

 

  1. Soutenir toutes les actions visant à dénoncer et faire reculer la mafia.

 

  1. Faire des proposition afin de se doter d’outils juridiques performants pour combattre la mafia.
  • Constituer le délit d’association mafieuse.
  • Saisie conservatoire des biens des mafieux et de leurs complices, puis distribution à des coopératives après condamnation
  • S’assurer d’une solide politique d’aide et de soutien aux collaborateurs de justice (les repentis). Avec des garanties dans les deux sens.

 

  1. Mettre les pouvoirs publics (nationaux ou locaux) face à leurs responsabilités.

 

  1. Se faire les porte-paroles des victimes de pressions ou de violences mafieuses.

 

  1. Se porter, à terme, partie civile dans les procès mafieux.

 

Contre l’inacceptable

Offrir un espace aux victimes, leur permettre de témoigner, de ne pas se sentir seules, et donc de mieux résister aux pressions, les accompagner par l’action en justice au besoin, dénoncer tout ce qui permet les dérives et leur offre un terreau propice. Voilà les raisons d’être de ces deux collectifs. Les bandes mafieuses ne peuvent s’exprimer que dans la « tranquillité ». La publicité ne leur permet pas de se développer et de sévir. L’agitation citoyenne est donc une arme redoutable.

Pour le Collectif «A Maffia Nò, A Vita Iè », qui était également réuni ce weekend, dimanche 6 octobre, à Corti, ce sentiment de révolte contre l’inacceptable et le travail de sensibilisation des grandes masses doit se structurer. Plusieurs réunions sont programmées dans les prochaines semaines.

Commerçants, entrepreneurs, agriculteurs… sous pression. Meurtres, attentats, tentatives d’attentats… le climat délétère qui s’est installé, et tend à se généraliser, atteint gravement la paix dans l’île et est frein au développement économique et social. La mainmise qui semble se faire sur de grands secteurs de l’économie insulaire, les dérives de légalité sur deux d’entre eux plus particulièrement, le tourisme et l’urbanisme, le sentiment d’impunité des bandes criminelles interpellent tout un chacun.

Réfléchir aux mécanismes qui permettent à cette mafia de prospérer, l’empêcher de se nourrir de nos faiblesses, de nos comportements déviants, de la « porosité » qui gagne parfois le terrain politique, responsabiliser les services de l’État, c’est surtout ces terrains qu’il faut travailler.

 

Démocratie réelle

«Développer la démocratie réelle » a dit le 27 septembre le président de l’Exécutif devant l’Assemblée de Corse.

Car enfin, une société qui fonctionne normalement démocratiquement, ne peut pas être une société fragile à la dérive mafieuse.

Cette prise de conscience qui se généralise, va-t-elle pouvoir s’installer durablement pour peser ? C’est le pari qu’il faut impérativement tenir.

 

Fabiana Giovannini.