I messaghji d'Edmond Simeoni

Où étaient-ils ?

En 2017, paraît «Corse ! De la résistance à la résilience » aux éditions Sammarcelli. Edmond Simeoni y retrace « une démonstration irréfutable du rôle respectif de l’État, du clan son allié et des nationalistes pendant la période contemporaine ». Nous sommes alors à la veille des élections territoriales. C’est la contribution d’Edmond à la campagne qui s’ouvre. Aujourd’hui, l’ouvrage reste un enseignement pour la compréhension du problème corse. Plus encore à la veille du second tour des municipales bastiaises où resurgissent les vieux démons et tant d’archaïques réflexes clanistes.

 

Où étaient-ils ?

«Cet ouvrage (…) apporte une contribution sur le plan de la mémoire contemporaine et ouvre la porte sur un changement politique nécessaire et important.

L’avantage est qu’il s’appuie sur des faits, tous bien connus de l’opinion publique, qui ont émaillé la vie politique contemporaine depuis 60 ans. Le recul est donc suffisant pour jauger et juger. (…) Dès le premier chapitre, on rentre dans le vif du sujet, avec « Corse : le désastre. Où étaient-ils ? » Tous les problèmes sont chronologiquement listés depuis l’Argentella en 1960, jusqu’à la période actuelle. On peut dire sans risque, que ce fut une période de turbulences politiques graves, de répression, avec les justices d’exception, de multiplication de statuts imposés (3 et bientôt 4), l’utilisation des polices parallèles de Francia de 1977 à 1980, de clientélisme déchaîné, d’aliénation des terres, de négation de la culture et de gestion économiques peu rigoureuse.

Il est donc possible aujourd’hui de faire le bilan de ces décennies funestes, de situer les responsabilités de tous les acteurs.

Nous ne tomberons pas dans le manichéisme ; ainsi, l’accession de François Mitterrand à la Présidence de la République, en 1981, a acté la spécificité institutionnelle de la Corse et pris des mesures positives : dissolution de la cour de sûreté de l’État, libéralisation de l’information, amnistie, soutien à l’ouverture de l’Université de Corse. Avec des figures de proue comme Rocard et plus tard Joxe.

Nul ne conteste le rôle de visionnaire qu’a eu François Giacobbi, en créant le Parc Naturel Régional de la Corse ; ni l’action constante du Sénateur Nicolas Alfonsi dans la démarche positive du Conservatoire du Littoral ; ni le fait que la mandature de Paul Giacobbi a permis d’avancer sur des sujets importants : inscription de la Corse dans la Constitution, coofficialité, statut de résidents, etc.

Et pourtant ces trois personnalités étaient membres du PRG, clanistes par excellence.

Il serait injuste aussi de vouloir annexer ou diminuer le rôle de tous les élus de progrès, – les corsistes en particulier – des forces vives, des associations, des syndicats, des représentants de la diaspora, des forces de la jeunesse, des Corses de toutes opinions. Chacun, à sa place et avec ses convictions, a contribué à la prise de conscience du Peuple corse et à la défense de ses intérêts légitimes.

Mais le constat est accablant : sauf exception, l’État, le système claniste qui fonctionnent en symbiose ont été hostiles ou indifférents à toutes les luttes populaires. Ce qui impose à l’évidence des questions :

– Où étaient-ils ? Qu’ont-ils fait ? Où vont-ils ?

– Qui sont et où vont les nationalistes ?

Certes, les leaders des principales forces, qui concourent contre les nationalistes pour la prochaine élection territoriale, ne sont pas responsables des méfaits historiques du clanisme. Mais, ils sont contraints d’en assumer une grande partie de l’héritage et surtout, – ce qui est rédhibitoire – ils agiront sous la tutelle serrée de Paris, qui est hostile à toute évolution politique significative en Corse. Leurs velléités de progrès réels seront bridées et ils devront se soumettre.

L’ouvrage permet aussi d’émailler le long parcours, par des anecdotes, des éditoriaux ou des articles sur les réseaux sociaux qui balisent les six dernières décennies.

Aux Corses de juger et de choisir ! » E