Dolu

Pierre Chaubon si n’hè andatu

La disparition brutale de Pierre Chaubon plonge dans la stupeur tous celles et ceux qui l’ont connu et apprécié. Homme politique de premier plan, élu maire de Nonza en 1982, réélu en 2014 jusqu’à ce jour, il a été le grand artisan de la Communauté de Communes du Cap Corse pour lequel il a oeuvré au désenclavement avec autant de passion que pour sa commune.

Homme de gauche, progressiste, très attaché à la République dont il était Chevalier de la Légion d’Honneur, il a été élu en 1998 à l’Assemblée de Corse et s’y est remarquablement impliqué encore, jusqu’en 2017, particulièrement à chaque occasion du débat institutionnel et des questions de constitutionnalité, à propos du statut de la Corse, mais aussi du Padduc en 2015, ou de la reconnaissance du peuple corse, de la coofficialité de la langue corse, du statut de résident. Il apportait toujours son analyse avec beaucoup de pertinence. En 2010, notamment, il a pris la présidence de la Commission des Compétences Législatives et Règlementaires. Outre son regard de juriste qui apportait un concours précieux, il était surtout un homme politique d’écoute et de dialogue qui recherchait inlassablement le consensus. On se souvient de ses nombreux rapports sur ce sujet du fonctionnement de notre Collectivité, de la finesse de son diagnostic, lorsque notamment il décortiquait les atouts et les faiblesses des différents statuts de l’île, avec des propositions fort à propos pour les améliorer et faire progresser ce débat vers une autonomie plus large pour la Corse. Car il s’était rallié à la cause autonomiste.

Nommé Conseiller d’État en 2011, Maître de requête au Conseil d’État, son expérience professionnelle et ses réseaux étaient aussi très précieux pour notre île.

Enfin, c’était surtout un homme pétri de valeurs de justice, de démocratie de liberté, humble et discret, très attaché à son île et à sa commune, il jetait des ponts entre les différentes familles politiques, et s’impliquait chaque fois que l’actualité le réclamait y compris sur la question des prisonniers, de leurs droits bafoués et de la construction de la paix. Il manquera aux siens bien sûr, auxquels nous pensons et présentons nos condoléances attristées, mais il manquera aussi beaucoup à la Corse.

Les circonstances de la catastrophe sanitaire que nous vivons ne permettront pas de lui rendre l’hommage que son parcours, et son investissement pour notre île, méritaient.

Ch’ellu riposi in pace.

ARRITTI.