U martoriu di Julie Douib

Julie Douib avait 35 ans.

À quelques jours du 8 mars, journée internationale de la femme durant laquelle chaque année le monde se penche sur le sort injuste qui leur est réservé, Julie Douib, 35 ans, mère de deux enfants aujourd’hui orphelins de leur maman, est tombée sous les coups de son ex-mari à Isula Rossa.

 

« Tout le monde savait, rien n’a été fait pour éviter cet assassinat » déplorent les proches de la victime.

« Il finira par me tuer » disait Julie.

Comment un tel drame, une fois de plus, a-t-il pu se produire, en Corse, au XXIe siècle ? Comment une mère de famille, sous le coup de menaces déclarées, reconnues, au moyen de plusieurs plaintes ou mains courantes, s’est-elle trouvée seule, sans protection, face à son bourreau ? Comment faire pour que ce nouveau drame ne se reproduise pas ?

Une nouvelle marche blanche sera organisée à Aiacciu, ce dimanche 10 mars.

Et dans le regard de Julie qui s’est éteint pour toujours, on retrouve le regard de Savannah Torrenti, assassinée le 1er mai 2016 à Aiacciu, à l’âge de 23 ans, ou celui de Joanna Tavera, également rouée de coups à Cavru le 21 septembre 2010, à l’âge de 25 ans. À chaque fois, les mêmes témoignages « elle craignait pour sa vie », « elle avait peur », « on le savait dangereux »… Il y a forcément des failles dans le système judiciaire pour permettre à des compagnons de rester une menace pour des femmes trop seules face à l’abject. Malgré la communication et la sensibilisation, malgré la « journée » de la femme ou celle des violences faites aux femmes, des drames se produisent encore, qui ressemblent aux précédents. Les violences faites aux femmes bénéficient peut-être de trop de tolérance sociale, dans le couple, au sein de la famille, du voisinage, de la société. La prise en charge psychologique est forcément insuffisante. Les femmes battues ne sont pas assez rassurées par « le système » censé les protéger, pour qu’elles osent suffisamment à temps rechercher de l’aide. Notre société se désarme socialement, alors qu’il faudrait créer des structures d’accompagnement en milieu hospitalier et au niveau judiciaire pour que les femmes concernées trouvent un refuge plus évident et une mise en sécurité immédiate durable.

Tous les ans, en France, ce sont des dizaines de milliers de victimes de violences, et une femme sur trois qui décède de cette barbarie. 130 assassinats en 2017 en France. Derrière cette statistique, il y a l’histoire d’un être humain, sa détresse, sa solitude, ses souffrances, ses humiliations, son droit à la vie, au respect, à l’avenir.

Le sort fait aux femmes reste un des tous premiers combats pour la démocratie et pour la liberté sur la planète. Pour Julie, pour Savannah, ou pour Joanna, c’est trop tard. Faisons-en sorte que cela ne le soit pas pour une prochaine victime. Rompons l’isolement.

Éveillons notre vigilance. Construisons les barricades qui manquent encore. Mai più.

Fabiana Giovannini.

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