Ghjocu à pallò

Le Sporting à un tout petit point du bonheur !

«Le Sporting est immortel » disaient il y a quelques années les célèbres petites bandelettes de Toifilou Maoulida*… Et voilà que Bastia est de retour ! Quand on le croit mort, le Sporting renaît toujours de ses cendres. Il y a quatre ans, il était sur le terrain relégué en Ligue 2 mais sanctionné par une descente, fort injuste d’ailleurs, cinq divisions en dessous (du jamais vue !) infligée par la Ligue de Football Professionnel du fait d’une gestion financière désastreuse. Il perdait du même coup la quasi-totalité de ses joueurs, ses dirigeants indélicats, toute capacité budgétaire et plongeait dans une détresse infinie son public, le peuple bleu désemparé. Trois ans après, il s’apprête à réaliser une extraordinaire remontada, une situation inédite dans l’histoire du football français, à savoir trois remontées successives, avec (peut-être) un troisième titre de champion à la clé ! Chjìbba ! Alors oui, avec la pression de l’objectif en vue, il manque un peu la manière aux néanmoins bons résultats successifs de ces dernières semaines, mais Bastia affiche une solidité et une régularité impressionnantes. « Il ne faut pas minimiser la performance des joueurs. Ce qu’ils sont en train de faire, c’est fou ! » a dit le coach Mathieu Chabert, « l’histoire est magique, à nous de la continuer ! »

 

Le SCB est en train de réaliser un championnat exceptionnel. À peine 5 défaites au compteur, là encore c’est peu commun, d’autant que le cru de Nationale 2020-2021 est d’un très bon niveau avec des équipes qui se tiennent et qui jusqu’au bout ne lâchent rien. 57 points glanés pourtant sur 30 matchs avec 16 victoires et six nuls, la meilleure attaque avec 49 buts au compteur, la seconde meilleure défense avec seulement 25 buts encaissés et le meilleur goal average : les chiffres parlent d’eux-mêmes ! Alors, à quatre matchs de la fin de cette fantastique saison, difficile d’imaginer que le petit point qui manque encore ne sera pas pris ! C’est quasiment acquis, peut-être même avant que ce numéro ne paraisse dans les kiosques, puisqu’Orléans, actuel troisième du championnat, joue un match en retard mercredi et que s’il ne grignote pas des points supplémentaires par une victoire, Bastia sera bel et bien en Ligue 2 l’an prochain, même s’il devait perdre les derniers matchs ! Mieux ! Ce 19 avril, le Sporting est repassé devant son concurrent direct grâce à sa victoire sur Lyon. En reprenant la tête du championnat, Bastia joue désormais le titre de champion avec Quevilly. Aux bleus de savoir conserver cette petite avance pour mettre une cerise sur le gâteau de cette saison à laquelle il n’y aura eu à déplorer qu’une seule chose : jouer dans des stades vides « le football sans supporters, ça n’a pas de sens » a déploré Pierre Noël Luigi, coprésident du club « on est une entreprise collective, le collectif viendra à bout de tout ce qui nous oppose… on attend juste que les supporters reviennent. » Et Dieu que Furiani aurait vibré sous les tifos et les « Uniti ! » cette année avec toutes ces performances !

 

Enfin, il y a mieux encore que la prouesse sportive réalisée. C’est le fait qu’elle est due avant tout à une méthode. Celle que les nouveaux dirigeants imposent avec rigueur depuis quatre ans. Convaincre des entrepreneurs dans le projet insensé pour un chef d’entreprise de relever l’équipe c’était déjà une gageure et d’autres s’en seraient tenus là. Mais ce soutien s’inscrit dans la durée, car le Sporting c’est bien plus que du football. Aussi, transformer l’entreprise en SCIC, Société coopérative d’intérêt collectif, y associer les supporters, mais aussi le paysage économique et institutionnel de l’île, rencontrer les maires, rencontrer les entreprises, rencontrer les supporters, bâtir un centre de formation, se projeter non pas comme un simple club de football aussi prestigieux soit-il pour l’histoire de cette île, mais comme l’institution qu’il est, portée par cette ambition collective qui dépasse le cadre sportif pour s’insérer pleinement dans la société, influer positivement sur sa jeunesse. C’est un projet politique au sens noble du terme.

« L’histoire est belle. Il faut rester sage, pérenniser. Il y a encore une grosse partie du travail qui nous attend » rappelle avec philosophie son président Claude Ferrandi. Vraiment, chapeau ! •

Fabiana Giovannini.

 

* Joueur du Sporting qui fêtait ses buts en sortant un message écrit sur des petites bandelettes sortis de sa chaussette.