Vincent Tabarani de Cucina Corsa

« Nous n’avons rien à envier aux lycées hôteliers sur le continent »

Il y a des figures qu’on ne présente plus, tant elles ont accompagné 50 ans de vie du peuple corse. Vincent Tabarani fait partie de ces personnalités. Sans rechercher les phares médiatiques, il s’est fait un nom en vivant de sa passion. Au début du parcours, professeur dans l’Éducation Nationale, c’est un autodidacte, qui a appris « aux fourneaux » où il a forgé son savoir et sa pédagogie, formant nombre de jeunes Corses aux métiers de bouche. Il est aujourd’hui connu, reconnu, aimé, comme l’un des moteurs du riacquistu en matière d’art culinaire insulaire, et n’a jamais lâché le terrain, sillonnant villes et villages jusque dans le rural profond. C’est un ambassadeur inépuisable de nos savoirs faire et di i prudutti nustrali. Interview.

Vous êtes à la tête de Cucina Corsa…

votre regard sur l’évolution de l’art culinaire insulaire?

Depuis la création de Cucina Corsa une avancée extraordinaire certaine de la cuisine et surtout des produits insulaires a eu lieu. L’Association Cucina Corsa a été créée le 26 novembre 1987, au Lycée d’Enseignement Professionnel du Finusellu à Aiacciu et a obtenu l’Agrément de la Préfecture de la Corse du Sud, le 15 mai 1992. À l’origine, l’idée vient du Président Fondateur Guy Bartoli. Chef de cuisine de renommé mondiale avec une équipe de professionnels de cuisine et d’épicuriens.

Depuis, nous avons fait bien du chemin!

 

Quels sont les objectifs de l’Association?

Revisiter, promouvoir et diffuser la cuisine corse et les produits du terroir. En 1993 je rejoins l’association et en 1995 le Président Bartoli me fait cadeau du bébé…

Nous n’avons cessé de sillonner les routes de l’île. Nous sommes présents à de nombreuses foires, pour des démonstrations toujours très appréciée: foire du cochon et la San Roccu à Renu, de l’Olivier à Montegrossu, foire de Filitosa, foire de la Chasse et de la Pêche, foire du Miel à Murzu, du Marron à Èvisa, de la Figue à Peri, de la Châtaigne à Bucugnà…

Nous sommes présents également chaque année au Salon de l’Agriculture de Paris, sur la Route Européenne avec I Muvrini et les élèves des Lycées hôteliers de Corse, au festival des trois Cultures à Collioure, Ciboure, et Calvi. Sans parler de nombreux échanges culinaires avec l’Alsace, Marseille, Aix en Provence, des échanges gastronomiques entre la Corse et différentes Régions de l’Italie, ou encore en Finlande, à Taipei, ou au Festival Montréal en Lumière.

Enfin, citons la route européenne de la châtaigne, l’échange de savoir-faire avec les produits de la châtaigne à Villefranche du Perigord, le concours de cuisine « Trophée du jeune chef 2001» à Èvisa, ou le week end gourmand « Châtaigne Passion» in Alisgiani.

 

Quelques bons souvenirs?

Beaucoup trop nombreux.

Rappelons seulement quelques temps forts pour l’association. Avec M. Richard Filippi, créateur de la cuisine de l’Espace, nous avons produit deux recettes, rôtis de veau au miel de Corse et Pastizzu di Farina Castagnina pour la Station MIR qui ont donc nourri les astronautes en orbite dans la Station!

Autre grand moment, la collaboration entre le lycée hôtelier Fred Scamaroni et le lycée hôtelier Jean Quarré de Paris, le rendez-vous «Parler, Chanter et Fêter la Corse» à Bercy en 1996 avec I Muvrini.

Ou encore, l’organisation avec Terra Corsa et la Servair des plateaux repas servis sur les Longs Courriers Air France lors de la période de francité (Avril Mai Juin 1998) avec la Corse.

Autant d’événements qui montrent à quel point le travail de l’association est reconnu.

 

Que penser de la création d’une école de tourisme…

est-ce ce qui manque?

Je pense qu’il y a assez de centre de formation dans le domaine de l’hôtellerie en Corse. Et contrairement à ce que peuvent insinuer certaine personnes, ils sont de très bonne qualité.

Ayant côtoyé différents lycées professionnels hôteliers de la métropole (Nice, Marseille, Paris, Strasbourg, Toulouse, Souillac) je peux dire que nous n’avons rien à envier à ces structures tant sur le plan pédagogique que professionnel.

Rappelons que grâce à ces centres, nous avons tout de même produit un Chef Meilleur Ouvrier de France qui travaille dans trois Macarons Michelin dans le Var, un Meilleur Sommelier de France qui travaille en Alsace dans un trois Macarons Michelin, et plusieurs Chefs et Maitres d’hôtel de renom!

 

Comment se porte la profession hôtelière?

La profession hôtelière est à l’image de ses représentants. Les professionnel ont besoin de se regrouper, de parler le même langage et de travailler avec de la rigueur et du sérieux. Le tourisme peut beaucoup apporter à la Corse, à cette condition d’une profession plus organisée, et à la condition qu’il y ait des avancées dans les transports.

Vous êtes  un ardent défenseur de nos savoir-faire et de saveurs, quel message aimerais-tu lancer à la nouvelle majorité nationaliste?

De se méfier des chasseurs de primes et de subventions.

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