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Attentats, pandémie. La société débordée

Attentats, épidemie… la société débordée
Attentats, épidemie… la société débordée
Le sentiment qui prévaut au constat des statistiques d’évolution de la pandémie et au vu des actes terroristes qui se succèdent est celui d’une société en train d’être débordée par les évènements. Et qui s’interroge gravement sur la fiabilité des systèmes qui la gouvernent.

 

La population comprend, confusément, que la gouvernance qui la dirige est caractérisée, dans un cas comme dans l’autre, par une incapacité à prévenir, puis à guérir les maux qui la frappent. La vague de violence terroriste, comme le tsunami annoncé de la pandémie sur les hôpitaux, semblaient hautement prévisibles. Or, les décisions ont été hésitantes, et les discours sonnent faux.

Concernant la pandémie, le risque de la seconde vague n’a jamais été vraiment pris au sérieux. Durant l’été, au creux de la contagion, puis en septembre alors que les signes de son regain étaient nombreux, et auraient dû conduire à chercher à étouffer dans l’œuf la reprise du virus, les choix opérés ont été tout autres. Et la même démarche prévaut encore pour ce nouveau confinement.

Dans la dialectique entre santé et économie, l’économie a été privilégiée, et continue de l’être. Grosso modo, le gouvernement proposait de « vivre avec le virus » en appliquant les gestes barrières, le port des masques, désormais disponibles, et une surveillance des foyers épidémiques à travers le dépistage. Mais les barrières ont été bien peu respectées, notamment chez les plus jeunes qui, moins sensibles au virus, ont voulu renouer avec la vie d’avant. Le masque était enlevé dès que possible, et peu efficace en fait, tandis que le dépistage, dont l’efficacité est fondée sur la rapidité des résultats, n’a pas eu la réactivité nécessaire car l’information de son état à la personne contaminée a régulièrement mis deux à trois jours pour lui parvenir, durant lesquels la fréquentation de ses proches au quotidien générait un emballement de la contamination autour de lui.

Mais l’écrasement de l’économie durant le précédent confinement a été tel que l’on a voulu à tout prix repousser le tour de vis d’un nouveau confinement après les fêtes. Puis, face aux chiffres en croissance exponentielle, il a fallu décider dans la précipitation un nouvel épisode de restrictions d’activités, mais en laissant ouvertes beaucoup d’exceptions pour générer un impact économique moindre qu’au printemps.

La conséquence de ce confinement à la carte a été de générer beaucoup de frustrations, et la fronde des commerçants, très durement impactés sans que cela apparaisse vraiment justifié au plan sanitaire, fait que l’acceptation des efforts n’est plus la même.

Dans les hôpitaux, les soignants sont toujours en nombre insuffisant six mois après, et ils n’ont pas vraiment récupéré de leurs efforts du printemps. Malgré un meilleur équipement, notamment en masques, blouses et autres équipements de protection, leur moral est affecté.

L’autre décision-clef de ce nouvel épisode a été de ne pas fermer les écoles. La vraie raison en est probablement économique, pour faciliter le maintien des parents au travail, mais le discours est tout autre qui enfourche tous les poncifs du « modèle républicain », sous l’impulsion du très prolixe Jean Michel Blanquer.

C’est dans ce contexte instable que surgit l’autre vague, celle du terrorisme. Le ciblage d’enseignants et de prêtres par des attentats répétés que la police n’arrive pas à prévenir faute de pouvoir identifier des réseaux autour de leurs auteurs ajoute à la déstabilisation. Dans cette guerre symbolique et médiatique, le sentiment de fébrilité qui se répand autour de la gouvernance ajoute au ressenti de la crise.

Les deux fléaux ne sont pas liés, mais leur propagation est simultanée. Et leur effet cumulé est considérable sur une population gagnée par le doute et la perte de confiance dans son avenir. •

François Alfonsi