Coronavirus

La Corse touchée en un éclair

Meetings électoraux annulés, Aiacciu déclarée un des principaux foyers d’infection de France, écoles d’Aiacciu et Université de Corti fermées, le réveil de la Corse face à l’épidémie est douloureux. En 48 heures, la propagation du coronavirus a pris tout le monde de vitesse sur l’île. L’Exécutif de l’Assemblée de Corse a réagi en proposant un plan d’action vigoureux, généralisé à toute la Corse, et non pas limité à la seule ville d’Aiacciu comme l’a décidé l’Etat, sans même y adjoindre les communes limitrophes alors qu’elles sont de toute évidence parties prenantes du même foyer d’épidémie. Réagir vite et fort pour sortir au plus vite de cette crise sanitaire qui menace dangereusement l’économie de la Corse : les demi-mesures sont à proscrire !

La médiatisation de cette contagion est très soutenue depuis que l’émergence de ce nouveau virus a été révélée en Chine. Aussi il est difficile de faire la part des choses sur son impact réel et de prévoir le futur immédiat. Chaque mesure prise est difficilement quantifiable, dans la mesure où il est impossible de chiffrer ce qu’aurait été le bilan si cette même mesure n’avait pas été décidée.

A partir de quand cède-t-on à la psychose ? A partir de quand sommes-nous responsables d’un laxisme coupable ?
Ne rien décider mène à un bilan sanitaire que l’on sait grave, et à des décès inexorables. Trop en faire conduit à paralyser la société et à générer des conséquences économiques et sociales considérables si cela dure longtemps. Mais comment savoir combien de temps cela va durer ?
La durée d’incubation c’est le minimum, quatorze jours au bout desquels on espère avoir suffisamment limité les contacts entre les gens, et ainsi éliminé le risque que ceux qui sont atteints n’en contaminent d’autres. Une fois que les malades du départ ne sont plus contagieux, la période d’isolement étant passée, si ils sont restés loin de tout contact potentiellement à risque, le foyer d’infection peut s’éteindre de lui-même. Sauf si d’autres contaminations viennent d’ailleurs, de Corses qui voyagent ou de visiteurs venus de zones encore touchées. Il faut donc que toutes les zones atteintes soient soumises à des mesures efficaces pour arriver au bout de la propagation du virus. Comment en être certains ? Qu’en sera-t-il quand commencera la saison touristique et ses milliers de déplacements ?
En effet, si les mesures de confinement s’imposent pendant plusieurs semaines encore, le début de saison sera là. Déjà on apprend que Transavia, la filiale low cost d’Air France, renonce à ouvrir les lignes prévues cet été vers la Corse. Entre ceux qui hésiteront à voyager vers une destination réputée à risques, et ceux qui vivent dans des zones de vie de touristes elles-mêmes affectées par le virus, et qui seront en quarantaine ou interdits de se déplacer, en y ajoutant l’ambiance générale anxiogène que cette épidémie engendre dans toute l’Europe, il est à craindre un véritable effondrement de la fréquentation touristique de la Corse pour 2020.
Les Italiens subissent déjà le contrecoup de cette crise sanitaire sur leur activité touristique. Car à Venise ou Florence, le tourisme s’étale sur douze mois, et les places habituellement fréquentées y sont désertes désormais, habitants consignés dans leurs domiciles et visiteurs restés chez eux. Quelques semaines d’hiver, en basse saison, seront surmontables, et un effet de rattrapage aura lieu en fin de saison quand ceux qui renoncent à se déplacer aujourd’hui finiront par le faire demain. Mais si la crise dure jusqu’à l’été, comment pourra-t-on éviter une crise économique qui sera majeure ? L’économie corse peut-elle s’imaginer avec une année sans tourisme ou presque ?
L’expérience des crises sanitaires précédentes (SRAS, grippe aviaire, ..) tempère l’angoisse dans la mesure où des pics d’épidémie sont à chaque fois intervenus, la maladie finissant par refluer d’elle-même. Il semblerait qu’en Chine, d’où tout est parti, la propagation commence à ralentir. Mais cela reste fragile, et lié aux consignes de confinement qu’un régime autoritaire a sans doute plus de facilités à développer. Les visiteurs de la Corse, français et européens pour l’essentiel, seront dépendants de l’efficacité des campagnes actuelles en France et en Europe, et nous n’avons aucune certitude qu’elles le seront suffisamment.
Cette fois, il y a vraiment de quoi s’inquiéter.

François Alfonsi.