COP 26 à Glasgow

Les maigres résultats de la Conférence sur le climat

par François Alfonsi

 

Le rideau est tombé sur la 26e Conférence des Parties signataires (195 États et l’Union Européenne) ayant conduit aux accords de Paris sur le climat signés en 2015 sous l’égide des Nations Unies. En 2015, un objectif de limitation de l’augmentation des températures sur la planète avait été retenu (maximum 2°C par rapport à la période pré-industrielle, autant que possible 1,5°C). Six ans après, alors que l’on en est déjà à +1,2°C, et que l’on mesure les conséquences de ce réchauffement climatique qui vont crescendo chaque année, Glasgow devait valider les engagements de chacun des 196 signataires pour atteindre cet objectif. Or, selon les spécialistes, le total des mesures projetées aboutirait à la fin du siècle à un réchauffement compris dans une fourchette entre 2,4 et 2,7°C, certes contre 4°C si aucun accord n’avait existé, mais ce qui aboutirait quand même à une planète insoutenable pour l’Humanité d’ici à trois générations.

 

La déception domine donc, exprimée par l’émotion du Président britannique de la Conférence, Alok Sharma, au fur et à mesure que sa proposition initiale de texte final était déshabillée par les vétos des grands pays émetteurs, particulièrement l’Inde, la Chine et d’autres acteurs fondamentaux.

Cependant l’accord de Paris existe encore, certaines avancées ont été possibles, et cette conférence a réveillé la sensibilisation des opinions publiques mondiales. D’autres conférences interviendront, et le combat continue pour que l’Humanité réussisse dans cette lutte vitale contre le réchauffement climatique.

Où en est-on après ce rendez-vous décevant de novembre 2021 à Glasgow ?

Tout d’abord la base de travail des accords de Paris reste valide, après le retour des États-Unis grâce à l’élection de Joe Biden. Sinon c’était parti pour +4°C d’ici la fin du siècle !

Quelques pistes nouvelles ont été lancées, comme une stratégie spécifique appliquée aux émissions de méthane, le second responsable après le CO2 de l’effet de serre. Même si ce gaz est moins durable que le CO2, en limiter les émissions aura un effet sensible dès les prochaines décennies, ce qui compenserait en partie que les émissions de CO2 restent plus élevées que ce que l’on pouvait espérer en l’état actuel des engagements pris. Cependant, les émissions de méthane sont pour 40 % le fait des activités agricoles, notamment l’élevage industriel bovin, sans que personne, et surtout pas l’Europe, n’envisage pour l’heure de changer de modèle agricole. Un objectif de réduction des émissions méthane de 30 % a été retenu, ce qui se fera pour l’essentiel en supprimant les fuites dans l’exploitation et le transport du gaz naturel, et par une diminution de l’enfouissement brut des ordures ménagères responsable de 20 % des émissions mondiales. Mais le combat pour changer de modèle agricole ne fait que commencer !

 

La véritable grande déception de Glasgow vise principalement les énergies fossiles, à commencer par la plus polluante, le charbon. Il n’y a pas de scénario possible pour une planète encore vivable à la fin de ce siècle sans renoncement de l’Humanité aux énergies fossiles en général, et notamment au charbon pour produire de l’électricité. Or la Chine, l’Inde, l’Australie et les autres grands producteurs ont ferraillé jusqu’au bout pour éviter d’avoir à enclencher le démantèlement de cette production d’énergie bon marché pour leurs économies, dont le lobbying industriel est très puissant. Glasgow a mis cette activité sous les projecteurs, ce qui est une première, mais la déclaration finale exclut le « phasing out » (démantèlement) au profit d’un « phasing down » (réduction) beaucoup moins contraignant pour les signataires.

L’autre grande déception est liée aux « pays radins » qui compromettent les avancées dans les pays pauvres en refusant de mettre en place les concours financiers promis en 2015. L’enjeu est majeur : grâce à ces financements, le développement de ces pays en retard pourra se faire principalement avec des énergies renouvelables et éviter ainsi d’impacter le climat comme l’on fait par le passé les pays riches.

 

Ainsi la Conférence de Glasgow, pendant quinze jours, a vogué au rythme des vents contraires venus des principaux décideurs de la planète, ceux qui concentrent à la fois la puissance économique et financière, et l’essentiel des émissions de gaz à effet de serre. Elle est sous la menace des « sous-marins » des fausses solutions : nucléaire, captation du CO2, gaz naturel « de transition », autant de faux arguments pour continuer avec le gaspillage énergétique et le financement des énergies fossiles.

Mais l’accord mondial autour de la lutte contre le réchauffement climatique est toujours à flot, et l’importance qu’il arrive à bon port en temps et heure, avant que la planète ne devienne invivable, est admise par tous désormais, y compris par ceux qui, en sous-main, par lobbys interposés, continuent de faire perdre un temps précieux.

Comment faire pour que soufflent enfin des vents porteurs ? Il faudra bien plus que la volonté des chefs d’État pour y parvenir : telle est la principale leçon de la Conférence de Glasgow. Aux militants du climat de tous les pays il incombe donc de développer encore davantage leur activisme de terrain pour peser enfin, et le plus tôt sera le mieux, plus lourd que les lobbys économiques ! •