2021 en Ecosse

L’indépendance en perspective

Ce 28 novembre s’est tenu le Congrès annuel du Scottish National Party qui s’est achevé par le discours-programme de la leader du parti, Nicola Sturgeon, actuelle premier ministre. Son discours lance la campagne pour l’élection en mai 2021 du Parlement d’Edimbourg où, selon les sondages, le SNP devrait obtenir une large majorité de sièges, avec un programme centré autour de la demande d’un nouveau referendum sur l’indépendance de l’Écosse.

 

Le Congrès annuel du SNP s’est tenu cette année avec les moyens d’internet, en raison de la crise sanitaire qui touche aussi l’Écosse. Habituellement, des milliers de délégués, désignés par les sections de militants, sont regroupés dans le Palais des Congrès de Glasgow, le seul à même de contenir la foule de ceux qui représentent les dizaines de milliers de militants du parti indépendantiste écossais, toujours membre de l’Alliance Libre Européenne malgré le Brexit.

Mais, même privé de sa démonstration annuelle, jamais le SNP n’a semblé aussi fort en Écosse. Cette force tient d’abord à la façon dont l’Écosse, qui dispose de larges compétences sanitaires, a su gérer la crise du Covid-19. Les sondages accordent 72% d’opinions favorables au gouvernement écossais de Nicola Sturgeon, quand la gestion du gouvernement Johnson à Londres est extrêmement critiquée.

Aussi, à six mois des élections au Parlement écossais, le SNP semble assuré d’une large victoire autour d’un nouveau mandat de quatre ans pour Nicola Sturgeon, plus populaire que jamais.

Ce sera alors le «premier étage» de la démarche qui, Nicola Sturgeon s’en est déclarée certaine, conduira à l’indépendance de l’Écosse au cours de la prochaine mandature.

Car, en raison du Brexit, l’opinion écossaise, qui s’était très majoritairement opposée à une sortie de l’Union Européenne, se déclare de plus en plus favorable à l’indépendance.

Ainsi, les quatorze derniers sondages réalisés cette année donnent le «yes» vainqueur avec des scores allant de 51 à 59%. Jamais dans le passé le «oui» n’avait été aussi fort, et il bénéficie d’une dynamique qui continue à progresser.

Boris Johnson refuse ce nouveau referendum écossais alors que le précédent, en 2014, avait donné la victoire au «non» avec 55% des voix. Il demande «au moins une génération» entre deux consultations. Mais les indépendantistes écossais ont beau jeu d’objecter que le Brexit a complétement changé la donne démocratique.

En effet, en 2014, l’argument principal des opposants était d’agiter la menace d’une sortie de l’Union Européenne en cas de victoire du oui à l’indépendance. Aussi, beaucoup d’Écossais se sentent floués car, finalement, la victoire du «non» les a mis à la remorque d’un Royaume Uni qui a in fine décidé du Brexit, contre la volonté de 62% des Écossais.

D’où la pression grandissante pour que le prochain referendum soit décidé dès 2021, l’année 1 du Brexit. Pour Nicola Sturgeon, «le peuple écossais a le droit de choisir son avenir» et elle a conclu son discours en demandant de «démontrer, avec sang-froid et patience, que l’Écosse est prête à prendre sa place dans la grande famille des nations indépendantes.»

Pour les Écossais, le gouvernement britannique devra céder et permettre la tenue de ce referendum dans des conditions légales, comme celui qui a déjà eu lieu en 2014. Boris Johnson ne l’entend pas ainsi et il cherchera par tous moyens à l’empêcher. Mais la force de l’opinion publique écossaise pourrait finir par avoir raison de son opposition, avec le soutien implicite d’une Union Européenne qui ne peut voir qu’avantage à récupérer l’Écosse en son sein, ne serait-ce qu’en raison du fait que les eaux territoriales écossaises représentent l’essentiel des zones de pêche dont le Brexit va priver la pêche européenne.

La voie politique écossaise, pleine de «sang-froid et de patience», pourrait bien être la bonne. •