Glasgow COP26

Planète en danger !

Les accords de Paris de 2015 sur le climat restent encore beaucoup trop peu mis en œuvre. Du 1er au 15 novembre à Glasgow, le sommet des chefs d’État organisé sous l’égide de l’ONU (COP26) a pour objectif de rectifier la trajectoire pour atteindre l’objectif de limiter la croissance de la température moyenne de la planète à 1,5°C par rapport à ce qu’elle était à la moitié du XIXe siècle, avant que ne commence l’ère industrielle. Mais pour atteindre cet objectif, il faudra aller bien au-delà des politiques qui ont été mises en œuvre jusqu’à aujourd’hui. Et la volonté politique fait défaut sur la plupart des continents.

 

Réputée bonne élève, l’Union Européenne doit ainsi surmonter ses propres contradictions. Exemple récent qui met en cause la France : alors que l’objectif de réduction des émissions des gaz à effet de serre a été fixé pour 2030 par l’UE à -55 % par rapport à ce qu’elles étaient en 1990, la France d’Emmanuel Macron a adopté sa « loi Climat 2021 » sur la base d’un objectif beaucoup plus limité, -40 %. Le différentiel est très important, et, surtout, il ouvre la porte à ceux qui, comme la Pologne, veulent échapper aux objectifs fixés au niveau européen, qui imposent la fermeture rapide de toutes les centrales thermiques au charbon encore en exploitation, soit la quasi-totalité de la production polonaise d’électricité.

Or l’affichage, et le respect, d’objectifs ambitieux par l’Europe, qui rejette 8 % des émissions planétaires, est la clef de voute de tout le système mondial.

Car, dans le reste du monde, les accords de Paris sont partout très vulnérables. Le plus inquiétant, avec le recul, a été vécu par les États-Unis dont Donald Trump avait engagé le retrait du plus grand pollueur mondial de l’Accord de Paris.

La – courte – défaite électorale de Trump, il y a un an, a évité que l’on bascule dans l’abime, et parmi les promesses tenues par son successeur, il y a eu le retour du plus grand émetteur de gaz à effet de serre de la planète (deux fois l’Europe !) dans le giron des nations actives dans la lutte contre le réchauffement climatique.

C’est capital car, dans le même temps, l’autre très gros émetteur, la Chine, rechigne à faire sa part capitale de chemin. Intoxiquée au charbon, seule ressource minière véritablement abondante sur son sol, il semblait que la Chine, asphyxiée dans ses mégapoles ultra-polluées, s’y mettrait vraiment. L’absence annoncée de son principal leader, Xi Jinping, au sommet de Glasgow, est le mauvais signal d’un pays qui sait que ses engagements sont beaucoup trop limités et qu’ils seront obligatoirement très critiqués.

 

Depuis 2015, plusieurs pays importants ont tourné le dos aux sommets climatiques, en raison de l’arrivée au pouvoir de dirigeants climato-sceptiques. C’est le cas du Brésil de Bolsonaro où l’éradication de la forêt amazonienne, poumon vert de toute la planète, continue sans cesse pour faire place à la culture intensive du soja. L’autre grande réserve verte de la planète, l’Afrique centrale, est elle aussi très menacée, ainsi que les grandes forêts indonésiennes où la culture d’huile de palme colonise des milliers d’hectares d’espaces forestiers.

Pour ces pays, tous dépendants des achats étrangers pour leur soja ou leur huile de palme, la pression peut s’exercer à condition de combattre les lobbys européens et américains des multinationales de l’agriculture et de la malbouffe. C’est l’autre message des ONG à l’Europe et aux Etats-Unis : faites reculer les émissions dans vos pays, mais faites aussi pression pour qu’elles reculent également dans les pays tiers dont les productions les plus dévastatrices s’écoulent sur les marchés d’Europe et des USA. C’est en fait là le nouveau bond en avant qui pourrait être fait désormais : taxation carbone renchérissant les produits de pays où le charbon est roi, comme la Chine, traçabilité et interdiction sur les produits issus de la déforestation sauvage, etc.

 

La COP26 de Glasgow prend place. Son contexte est moins pire que ce qu’il aurait pu être si Trump avait été réélu. Mais le réchauffement climatique va plus vite encore que prévu, et tant de pays se dérobent encore à leurs obligations alors qu’il faudrait de nouveau les renforcer.

Il existe encore un chemin, très exigeant, pour arriver à sauver la planète. Mais il est étroit et il demande que les pays les plus puissants, Europe et États-Unis, mettent réellement tout leur poids dans la balance.

À l’heure où s’ouvre la conférence de Glasgow, le scepticisme règne. La planète est en danger ! •