Cap'artìculu

Qu’attendre de 2022, année électorale ?

Tel était le thème principal des débats de l’Université d’Eté de Régions et Peuples Solidaires à Toulon en cette rentrée politique.
En avril 2022, élection présidentielle, puis, avant l’été, élection législative : la séquence politique à venir redistribuera les cartes pour cinq années.

 

On peut redistribuer les cartes et retrouver le même jeu politique, sans qu’aucun changement notable n’intervienne, c’est-à-dire en arriver à la réélection d’Emmanuel Macron et la poursuite des politiques actuelles. C’est même un scénario que beaucoup imaginent car le président sortant se représentera indubitablement, et la trajectoire qui se dessine pourrait être la même que cinq ans auparavant : un second tour Macron-Le Pen et sa réélection par un électorat pluriel qui voudra « barrer la route » à l’extrême droite.

Cependant, si ce scénario « présidentielles » est tout à fait possible, celui de législatives qui suivraient pour lui donner les pleins pouvoirs grâce à une large majorité de députés macronistes est beaucoup plus incertain. Car si le Président sortant semble en mesure de dominer ceux qui se présenteront contre lui au premier tour de l’élection présidentielle, son bilan est loin de faire l’unanimité et ne devrait pas permettre que la simple étiquette « Macron » fasse élire une large majorité de députés comme cela a été le cas en 2017.

S’en suivrait alors une majorité différente, peut-être même une cohabitation au sommet de l’État comme on l’a connue entre Jacques Chirac et Lionel Jospin il y a une vingtaine d’années. Là, les jeux sont manifestement plus ouverts.

Lors de son Université d’Été, RPS a abordé les deux volets de la séquence politique à venir. Autour de la présidentielle, elle a été amenée à accueillir Yannick Jadot, député européen écologiste et candidat déclaré. Son propos a tracé les grandes lignes des engagements qui pourraient être ceux d’un « candidat ami » pour les mouvements régionalistes : réforme de la constitution autour de l’adoption de la loi Molac pour en finir avec la censure du Conseil Constitutionnel, redécoupage radical de la carte des Régions issue de la loi « Notre » de Manuel Valls, particulièrement concernant l’Alsace, et ouverture d’un véritable dialogue avec les élus de la Corse en vue de son autonomie. Chaque composante de RPS mènera ses propres débats internes, et la Fédération s’est donné rendez-vous cet hiver pour effectuer ses choix.

Côté Assemblée Nationale, RPS a salué les acquis obtenus par les députés RPS, Jean Félix Acquaviva, Michel Castellani, Paul André Colombani et Paul Molac au sein du groupe Libertés et Territoires formé de 17 députés issus de différentes familles politiques. La cohésion trouvée par ce groupe a été symbolisée par la présence directe à l’Université d’Été de Toulon de plusieurs députés qui avaient fait le déplacement : François-Michel Lambert, issu de l’écologie, Bertrand Pancher, leur Président, issu du centre-droit, et Jean Michel Clément issu de la gauche, en sus de Paul Molac, Jean Félix Acquaviva et Paul-André Colombani. Six députés présents à l’événement annuel de RPS, cela ne s’était encore jamais vu et cela est le signe tangible des progrès de la Fédération.

Par son activité et son dynamisme, le groupe a fait plus qu’accrocher la loi Molac, votée à une large majorité contre l’avis du gouvernement, modifiant ainsi radicalement le rapport des forces en faveur des langues régionales. Sa vigilance sur la question des libertés a contribué à faire barrage aux dispositions les plus dangereuses des projets gouvernementaux, et la Corse lui est redevable du texte voté pour l’interdiction de matchs le 5 mai en mémoire des victimes de Furiani.

Chemin faisant le groupe s’est imposé comme un rempart contre un État arrogant et omnipotent, son Président, son gouvernement incarné par exemple par Jean Michel Blanquer, et sa haute administration, ouvrant ainsi un espace politique qui rencontre une grande attente dans une opinion publique française qui n’en peut plus de l’autoritarisme des classes dominantes.

RPS a décidé d’inscrire sa propre démarche dans le renforcement de cet espace politique, tout en préservant son autonomie propre au plan des financements publics, indépendance qu’elle avait réussi à conquérir en 2017.

C’est donc essentiellement sur l’élection législative que RPS place ses espoirs. Rendez-vous à l’été 2022, en Savoie, pour faire le bilan de cette année électorale lourde d’enjeux majeurs. •