Territuriale 2017

Tamanta vittoria!

Dimanche prochain, le second tour l’élection de la future Collectivité de Corse sera bien plus qu’une formalité. Il sera l’occasion de rassembler bien au delà de 50% des Corses et de conforter ainsi la légitimité d’une démarche que l’État aura l’obligation de prendre enfin en considération.

Chacun présumait, au vu de la dynamique de campagne, que la victoire était à portée de main pour la liste Pè Corsica conduite par Gilles Simeoni. Mais très rares étaient les pronostics qui anticipaient un tel score, 45,34% dès le premier tour. Il est supérieur de vingt points au score cumulé obtenu par Femu a Corsica et Corsica Lìbera au premier tour il y a deux ans, et il est supérieur de dix points au score obtenu par l’union Pè a Corsica au second tour de 2015. Ce « raz de marée » comme l’a titré Corse Matin, qui creuse un écart de trente pour cent avec la liste de Jean Martin Mondoloni arrivée en seconde position, est venu définitivement anéantir les espoirs de ceux qui voulaient nous barrer la route par des coalitions de bric et de broc. Ils sont KO dès le premier round !
Au delà de l’immense bonheur de ceux qui portent depuis des décennies la voix de la nation corse, il faut bien analyser la nouvelle donne historique que cette élection de décembre 2017 vient d’acter avec une ampleur sans précédent.
Premier constat : les nationalistes sont au pouvoir en Corse de façon solide et durable. Avec un tel socle électoral, qui peut encore être amplifié dimanche prochain, impossible de biaiser : le nouveau pouvoir en France, quelle que soit son inclinaison, est tenu d’ouvrir enfin le dialogue. L’éditorial du lundi du journal « le Monde » se conclut ainsi, et il ne pourra en être autrement, au delà de la réaction de mauvaise humeur du porte parole du gouvernement, Christophe Castaner, qui, ignorant la demande d’autonomie que la Corse vient d’exprimer avec force, agite inutilement le spectre de l’indépendantisme. Chacun sait à Paris, depuis le dossier catalan, que la surenchère d’un État sur ce thème peut entraîner des crises qui affectent l’Europe entière.
Quel sera ce dialogue ? Celui sur les prisonniers politiques est le plus symbolique, et celui sur les modifications constitutionnelles qui seront nécessaires pour ouvrir le chemin de l’autonomie de la Corse s’ouvrira nécessairement. L’état devra dès aujourd’hui reculer, d’une façon ou d’une autre. Le dossier HLM de Corse du Sud sera le premier test, et l’instauration d’un processus d’évolution institutionnelle une nécessité politique évidente. Emmanuel Macron et son gouvernement ont manifesté leurs réticences, mais ils seront obligés d’y venir, d’une façon ou d’une autre. Le biais « insulaire » sera sans doute mis en avant car il permet d’avancer sans provoquer a priori une contagion qui mettrait trop à mal le modèle global de l’État jacobin. Si le dialogue s’ouvre, nous sommes armés démocratiquement pour peser. Si ce n’est pas le cas, notre position de force finira par en ouvrir la tenue. Le temps, et la force, sont avec nous !
Deuxième constat : le nationalisme incarné par la démarche conduite par Gilles Simeoni a la capacité de rassembler le peuple corse. Déjà, en 2015, nous avions constaté l’élargissement considérable de notre base électorale qu’avait permis l’abandon de la violence clandestine. En dix-huit mois, entre juin 2014 et décembre 2015, nous sommes passés de 25% à 35% des voix, et nous avons gagné la Présidence du Conseil Exécutif avec une majorité relative. En deux ans d’exercice du pouvoir, nous avons progressé encore de 10 points à ce premier tour, en dépassant 45% des voix. Le total des voix nationalistes, en cumulant avec celles de la liste Core in Fronte, franchit déjà la barre des 50% des suffrages exprimés. La « voie démocratique » a fait définitivement ses preuves !
L’enjeu principal dans cette nouvelle étape sera d’éviter les fractures au sein de la société corse. Nous avons la chance que ceux qui conduisent les listes rivales principales ont toujours manifesté une volonté réelle d’évolution de la Corse vers davantage d’autonomie. Il faudra oublier très vite leur campagne maladroite et leur proposer d’accompagner les évolutions que la Corse vient d’appeler, de façon démocratique et incontestable, de ses vœux.
Car la priorité aujourd’hui est d’ouvrir notre démarche à tous les Corses, Corses d’origine et Corses d’adoption, électeurs ou abstentionnistes, nationalistes ou pas. C’est ce message que Gilles Simeoni a délivré dès le soir du premier tour.
Lundi 2 janvier, quand sera installée la Collectivité de Corse, ce sera une ère nouvelle qui commencera pour le peuple corse.

François Alfonsi.