Catalogne

Va-t-on accepter pareille infamie ?

25 ans de prison requis contre Oriol Junqueras, présenté comme le principal responsable ; 16 ans de prison pour les autres ministres de la Generalitat emprisonnés ; 17 années requises contre Carmè Forcadell, alors Présidente du Parlement, et contre les « deux Jordi », Cuixart et Sanchez, l’un et l’autre ex-présidents des deux organisations Omnium Cultural et l’Assemblée Nationale Catalane. On s’attendait au pire de la part de l’Etat espagnol. Il est au rendez-vous de l’infamie !

 

Précisons tout d’abord une chose simple et établie : les dossiers d’accusation contre ces responsables politiques démocratiques sont totalement vides. Ainsi en ont jugé trois cours de justice européennes, dans trois pays différents, l’Allemagne, la Belgique et le Royaume Uni. Les deux premières ont statué sur le cas de Carles Puigdemont, hiérarchiquement situé au-dessus d’Oriol Junqueras puisqu’il était le Président de la Generalitat. La troisième, Carla Ponsatì, jugée à Edimbourg, était ministre de la Generalitat au moment des faits.
Au mandat d’arrêt européen lancé contre eux par la justice espagnole, pour les faits de rébellion et sédition passibles de telles peines de prison, les juges britanniques, allemands et belges ont répondu en estimant que les pièces jointes aux dossiers par les autorités espagnoles ne permettaient pas de retenir un tel chef d’inculpation, dans la mesure où aucune violence n’avait été de la responsabilité du camp indépendantiste en Catalogne.
Le dossier est donc vide, et ainsi a-t-il été jugé par des juges indépendants, issus de plusieurs cours de justice européennes. Ils ont dû, au moment de rendre leur décision, faire face à des pressions politiques et diplomatiques très fortes exercées depuis Madrid, pressions qu’ils ont écartées face à l’évidence du caractère exclusivement démocratique de l’action qui a consisté à organiser un referendum sur l’avenir de la Catalogne.
Pour quiconque respecte les principes démocratiques de base, ces décisions de justice sont incontournables. Pas pour les juges espagnols. Ils ont préféré annuler le mandat d’arrêt européen et renoncer à juger Carles Puigdemont et l’ensemble des dirigeants catalans exilés, car leur extradition ne pouvait se faire sur la base juridique demandée. Ils ne pouvaient plus alors requérir des peines exorbitantes contre ceux qui, ayant choisi de rester en Catalogne, sont entre leurs mains, emprisonnés depuis plus d’un an désormais.

Les procureurs espagnols ont en effet décidé d’aller au bout de leur logique et de s’ériger en parangons d’un franquisme que l’on croyait enterré depuis la fin de la dictature. L’Europe voit ressurgir dans les dérives populistes, à l’œuvre un peu partout, de l’Italie à la Scandinavie, les remugles d’un passé révolu. Comment ne pas comprendre qu’avec le retour du franquisme, cette forme de dictature récente qui a dominé l’Espagne durant plusieurs décennies, on assiste à un événement qui va bien au-delà de la réaction épidermique d’opinions déboussolées. C’est un système d’Etat qui menace de régression l’Europe entière. Il n’a pas besoin d’élections pour arriver au pouvoir. Il y est déjà, solidement installé. Il est même le pouvoir incarné en Espagne, et il défie la démocratie européenne.
Ces réquisitions du Parquet espagnol doivent sonner le réveil des opinions publiques en Europe. En annonçant le procès des « presos polìticos » pour début 2019, elles fixent un objectif de mobilisation dont nous devons impérativement relever le défi.
Ce qui s’est passé en Catalogne est un processus démocratique et non-violent, où un peuple s’est exprimé, par le vote de millions d’électeurs qui ont bravé les menaces et les matraques de la police espagnole. Cela doit être reconnu et défendu dans toute l’Europe, pour que soient préservés les droits démocratiques de tous les peuples.

Les gouvernements européens font la sourde oreille. Ils laissent la Démocratie Catalane sans défense tandis que l’Espagne confirme sa nouvelle dérive franquiste. Aussi, c’est aux opinions publiques d’exprimer leur solidarité. Une grande mobilisation doit commencer.

François Alfonsi.

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