I messaghji d’Edmond Simeoni

Cunfidenza

Edmond Simeoni avait le sens de la formule. Il pouvait résumer en quelques mots tout le fond du problème corse. «Quand tu regardes les statuts, confiait-il en 2005 en parlant de l’État, tu t’aperçois que les statuts sont toujours extrêmement frileux et insuffisants et c’est ce qui va leur permettre de gagner du temps en ne donnant jamais, bien entendu, la reconnaissance du peuple corse, la place de la langue, sans parler de la coofficialité, et surtout, surtout aucun moyen financier. (…) Quand il y a une politique sans moyen, tu la condamnes à l’échec.»
Quel que soit le combat, la confiance est indispensable. De son Lozzi natal, commentant les rapports avec le président Macron, il adressait ce message aux Corses le 5 avril 2018.

 

«La confiance, ingrédient de base de toute relation humaine constructive, n’a jamais été présente dans les échanges avec l’État. Et l’on s’est acheminé vers la conclusion de la première étape de la négociation avec Paris. Sans illusions.

Le ballet soigneusement orchestré des va et vient ministériels, des réceptions improductives à Paris, n’ont pu masquer l’intransigeance totale de Paris. Il n’y a pas de problème politique en Corse et cela a été confirmé dans ses choix par Macron.

Aujourd’hui, nous sommes confrontés à une situation nouvelle: Paris refuse de prendre en compte la dimension politique de la «question corse»; il nous propose une stagnation, mieux une régression avec des propositions inacceptables. Nous savons que le choix du «statu quo», voulu et imposé par Macron, validé par des éléments les plus conservateurs et très minoritaires en Corse, signifie la mort du peuple corse, le refus de sa reconnaissance de son identité, de sa maîtrise sur son territoire et donc à terme programme sa disparition.

Après des décennies de luttes sans aucune compromission, après des victoires sectorielles mais indicatives de la volonté populaire des Corses de l’île et de la diaspora, nous mesurons surtout la rage des militants. Il faut procéder à l’examen objectif de la situation insulaire.

Aujourd’hui, nous occupons des positions politiques éminentes à la Mairie de Bastia, dans de nombreuses communes, à la CTC; nous avons trois parlementaires*; le président de l’Exécutif dirige la Commission des îles des Régions périphériques maritimes (CRPM). Nous avons un très fort soutien de la diaspora.

L’État n’est plus en mesure de nous empêcher de mener une politique concrète d’autonomie de nos décisions, dès lors qu’elles s’inscrivent dans le cadre constitutionnel. Nos choix s’inscrivent dans la démocratie, le respect de l’éthique, la transparence et le refus total de la violence.

Les problèmes sont innombrables et aujourd’hui nous devons continuer à les traiter, tout particulièrement dans les principaux domaines: économie, social, logement, précarité, emplois, culture…

Nous disposons d’atouts naturels, humains et financiers conséquents et la Corse bénéficie d’une excellente image de marque à l’extérieur.

Cependant la méthode doit radicalement changer: délégation de responsabilité, décentralisation des décisions et surtout implication réelle et effective de la société civile – avec ses forces vives –, qui le plus souvent est marginalisée, passive alors qu’elle doit être le moteur central du changement!

Il ne faut surtout pas céder – je ne parle même pas du découragement qui est impensable, inimaginable –:
– à la révolte, à la radicalisation
– au repli sur soi ou sur notre famille politique stricte.

La liste des challenges à relever est impressionnante, notamment avec la création d’un développement durable enraciné et le recours, sur la base de l’intérêt général et de la solidarité, aux nouvelles technologies, aux énergies renouvelables, à l’agriculture biologique, à l’export de productions de qualité, de recherche de partenariats, tant dans l’union Européenne qu’en Méditerranée.

Mais l’espérance est là, les forces du passé sont déconfites et la jeunesse prend progressivement la relève.

Nous réclamons depuis 1973, un statut d’autonomie interne au sein de la République Française et dans le cadre de l’Union Européenne. Nous n’avons jamais varié d’un iota.

C’est la voix salvatrice pour le Peuple et la Nation corses.

J’ai une confiance absolue dans l’avenir.» •

*Ndlr : et depuis, la Corse a gagné un député européen et un Sénateur.