E riflessioni di Max Simeoni

Les autonomistes face à eux-mêmes

Une fois assis pour écrire cet article, j’ai ressenti un vide, contrairement a mes sentiments habituels où c’était le trop plein, chaque jour m’apportant des éléments pour critiquer l’inefficience de la lutte nationaliste dans le cadre des quatre statuts particuliers de l’Île.

 

Le dernier statut de Caseneuve, l’Assemblée Unique, supprime les Conseils départementaux (ex Conseils généraux), les remplace par des regroupements de communes (les ComCom) et a vu les nationalistes coalisés prendre les commandes de la CdC, avec une majorité « absolue » de 56 %, sans opposition, les deux clans de « Droite » et de « Gauche » évaporés. On a pu imaginer un instant que des temps nouveaux faisaient irruption sur la scène de l’Histoire et que les conditions d’un dialogue étaient remplies avec ce Président, lui même sans opposition au Palais Bourbon. Il a vite transformé ce rêve en cauchemar lors du cérémonial anniversaire de la mort d’Erignac. Il y a incarné un jacobinisme impérial.

Ces deux bouleversements sont liés mais de chronologie inversée en apparence. Celui du système électoral de la Ve République a chuté le premier, l’effacement des clans « locaux » étant sa première conséquence perceptible loin de Paris. Les clans privés de cordées les reliant à la capitale sont tombés dans vide.

 

Le système jacobin persiste plus que jamais, il a simplement changé de costume électoral. L’Élysée impérial tente de lui en tailler un autre sur mesure. En Corse les Préfets, véritables missi dominici, s’emploient dans l’urgence à réanimer quelques recruteurs face aux natios majoritaires.

Le vide ressenti tient à ce que le contexte électoral rend inaudible ma croisade pour un Parti autonomiste construit à partir d’une base démocratique au sein du Peuple. Ma conviction est que la violence clandestine comme moyen de sauvetage de ce Peuple est inadaptée de nos temps. Elle permettrait à la République des jacobins de différer et d’exploiter les contradictions. Il n’est pas exclu que des risques de violences ponctuelles ne puissent survenir face à des provocations ou contre des menaces sur des avancées significatives acquises démocratiquement. Le Parti bien inséré dans la base populaire offre contre ce risque une certaine garantie dissuasive. Ce pouvoir jacobin est prêt à tout. Dans le passé, sa politique colonialiste a étouffé l’Île (loi Douanière pendant un siècle, réservoir d’hommes pour son Empire colonial, une Terre vidée, 160.000 habitants en 1962, terres abandonnées au maquis et aux primes à la vache, suffrage universel bafoué par les clans, clientélisme effréné, sa Justice les yeux bandés, barbouzerie récente…) et propagande orchestrée pour faire croire que cette situation d’abandon désastreuse était le fait des Corses qui préféraient être gardiens de prisons, de musées, croupiers de casinos, adjudants militaires… et grâce à l’école ascenseur social, fonctionnaires ou professions libérales, au service d’une République modèle de valeurs universelles.

 

La coalition nationaliste a un pouvoir majoritaire, elle doit le conserver autant que possible. Mais son manque d’une base démocratique organisée et active au sein du Peuple est une hypothèque lourde pour le sauvetage. Y remédier le plus tôt possible s’impose.

Les élections en cours, Territoriales, etc., ne le permettent pas. Elles favorisent dès lors la chienlit qui prolifère sous forme d’un électoralisme débridé. Pour ma part, je ne puis qu’attendre une accalmie. Et ce faisant regarder les natios, leurs composantes qui s’escriment à maintenir un équilibre instable entre elles, à traiter chacune des coliques internes de placements sur les listes et sur l’emprise des ComCom qui semblent avoir des réflexes genre filières ex-Conseils généraux. On a eu longtemps un seul Conseil général et un Préfet puis Giscard d’Estaing nous en a donné deux avec trois Préfets. Il a démultiplié ainsi le système des clans, et l’administratif d’encadrement, il a ouvert un champ de recrutement d’agents locaux. Sous prétexte de proximité. Et cela peut continuer avec les ComCom, les maires, surtout les plus petits, cherchant un appui pour des aides pour « développer leur communes » dans un système qui fait la part belle au tout tourisme selon les modalités du plan de l’Aménagement de la Corse (Conseil des Ministres du 4 août de 1972) tiré d’un des schémas du rapport secret de l’Hudson Institut à la demande de la Datar). Il est en passe de réussir, d’éliminer les restes d’un Peuple sur sa Terre.

Les chiffres parlent. Dépendance à plus de 97 % pour s’alimenter, construire, se vêtir et de 160.000 habitants à 330.000 habitants dans les trente ou quarante dernières années surtout par des nouveaux venus.

L’électoralisme en regard est tragique et comique.

Il me reste à espérer que cette fièvre tombe un peu pour reprendre la croisade du préalable du Parti autonomiste démocratique. Parti dont le but est de gagner l’adhésion de l’ensemble des Corses pour arracher l’autonomie interne, c’est-à-dire le droit de légiférer afin de maîtriser le destin et la coofficialité pour la langue, sans lesquels il est impossible de conjurer le drame de la disparition de notre Peuple sur sa Terre.

J’aurais moins de lignes à écrire et plus de bile à retenir ? •

Max Simeoni