E riflessioni di Max Simeoni

« Majorité absolue » ! Mais où est l’erreur ?

Max Simeoni
par Max Simeoni
Pour un observateur de la politique insulaire, la perplexité doit dominer tant dans l’analyse que dans les perspectives d’avenir. Le doute qui est le mien m’enlève peut-être tant soit peu de lucidité ? En ce cas, je serais bien puni, vu que mon éducation et mon métier ont placé cette qualité en préalable de toute action.

 

Voir clair pour agir est une ascèse constante qui finit par être une seconde nature et une école d’humilité. L’erreur ou l’approximation dans l’analyse caractérise le genre humain. On progresse par ses erreurs, dit-on, et c’est vrai. Il s’agit d’en faire le moins possible et de moindres portées. Une seule boussole, elle est morale, et c’est d’avoir comme motivation le souci d’agir sans injustice et contre l’injustice.

Certains précurseurs voient à l’avance et ouvrent une voie insoupçonnée. Ils ne courent pas les rues. Mais ils sont incapables de mesurer les conséquences difficiles, souvent néfastes et coûteuses pour la société. Tous les progrès technologiques sont dans cette catégorie. Des exemples ? La Chine a inventé la poudre pour les feux d’artifices, l’Occident l’a vite utilisée pour l’arsenal des armes à feu. En Occident, le moteur à vapeur, les combustibles fossiles, pétrole et gaz, ont décuplé le rendement, permis l’industrialisation et leurs armées, de terre et de mer, ont servi l’hégémonie d’empires coloniaux.

 

De nos jours, on s’escrime à contenir et si possible réduire la pollution de l’air, des cours d’eaux, des océans. Des organismes internationaux sont créés pour recommander aux États des mesures de protections, OMS, Unesco…

La pandémie du Covid19 a démontré à quel point la population croissante de la planète est dépendante. Et grande nouveauté, 136 pays sont d’accord pour taxer de 15 % les multinationales. Le premier discours libéral du « laisser faire, laisser passer » est devenu toxique pour tous les États du monde. En somme, pour survivre il faut instaurer une gouvernance mondiale ? Si cela arrive, ce sera après bien de crises, voire de catastrophes. Une crise de civilisation qui accouchera dans la douleur d’un autre modèle. Peut-il en être autrement ?

En ce qui me concerne, je suis fort quand je me défends contre une injustice. C’est la raison profonde qui fait de moi un nationaliste corse qui appartient à un Peuple, avec un territoire insulaire, une histoire, une langue. Aujourd’hui il est menacé de disparition par un traitement colonial de la France sous tous ses régimes royaux (conquête par les armes à Ponte Novu,) de sa population exilée (guerres, empires coloniaux de la République), 160.000 hab. en 1960, son territoire vidé destiné au tout tourisme pour enrichir les producteurs externes, 97 % de tout ce qui est consommé est importé. Le tourisme représente plus de 21 % de son PIB, chiffre énorme en comparaison des régions considérées comme les plus touristiques, qui souligne le vide d’activités économiques structurées. Politique cynique délibérée comme le montre le rapport secret demandé par la Datar à l’Hudson Institut en 1971. Renouvellement rapide de population : de 160.000, l’île est passée à 330.000 habitants en une trentaine d’années.

 

Le déclin final de l’existence du Peuple Corse continue sa descente vers le néant. Le paradoxe est grand entre un combat nationaliste de plus d’un demi-siècle pour sa survie à travers les différents statuts (Defferre, Joxe, Jospin) et avec celui de Caseneuve d’une majorité absolue par une coalition de nationalistes. L’occasion d’ériger une force cohérente en capacité de tenir front contre le jacobinisme républicain a été sans doute gâchée. Les autonomistes en sont les plus responsables dans la mesure où ils ont été aveuglés par l’électoralisme, divisés incapables de s’unir malgré un Congrès qui, unanime, a voté leur fusion. L’occasion d’un créneau historique à saisir a été perdue. On ne sait pas de quoi demain sera fait.

Élections majoritaires ou pas, comment envisager que des élus d’une majorité morcelée poursuivront, avec quelques chances de réussite, un redressement de la courbe du destin, enfermés dans un électoralisme pour des mandats insuffisants ?

Ils attendent de voir où la crise des centrales alternantes électorales parisiennes va déboucher. Ils croient dès lors avoir le temps, les élections pour la CdC venant en dernier. En attendant ils restent sur place en se tenant par les maillots !

 

Les législatives pour une majorité présidentielle mais on ne connaît pas les candidats. Certes Macron, peut-être Zemmour, Mélenchon ? LR Hidalgo a pointé dans la lucarne, le reste de la Droite n’est pas en pool, la Gauche espère un réanimateur ?

Nos députés « locaux » nationalistes, unis, ce serait possible même si la coalition n’existe plus. Les conseils départementaux n’existant plus, les lieux peuplés (maires de villes littorales, présidents de maires, ou de Comcom…) naviguent pour accoster et jeter les amarres.

Le pouvoir central, la technostructure administrative, les préfets, tentent ouvertement ici plus qu’ailleurs de conserver des licols sans le relais des conseils départementaux (ex-conseils généraux).

L’Exécutif du statut Caseneuve, Gilles Simeoni pose un problème d’État (jacobin) sérieux. Macron l’a dit dans sa brève période de grâce lors du cérémonial Erignac, que les simples élus « locaux » ne font pas la loi. Comment pourrait-il en ce temps accepter une demande d’autonomie interne formulée par eux, en vue de pouvoir légiférer ?

Or, sans autonomie, sans reconnaissance, sans coofficialité de sa langue, le Peuple Corse disparaîtra.

Oui, perplexe, j’espère une sortie salvatrice pour notre Peuple et honorable pour la République, le ou les premiers signes incontestables qui feront de moi autre chose qu’un guetteur inquiet. Le premier devrait être l’union et pourquoi pas l’unité pour les fondations d’un parti au sein du Peuple Corse, à sa base pour amener au plus tôt la République à réparer son injustice. •