E riflessioni di Max Simeoni

« Tout tremble, mais rien ne bouge ? »

par Max Simeoni
Tout a changé. En apparence. Car rien ne bouge vraiment…

Tout a changé en apparence. D’abord le temps où les clans qui s’occupaient de l’avenir des insulaires, leurs chefs assurant leur dynastie, entretenaient leurs clientèles et arrivaient à être parfois Ministres. Il leur fallait du pouvoir pour durer. Seule la capitale le donnait. Il fallait y être et assurer des relais. De Droite ou de Gauche, ils étaient super français, sans doute pour compenser la faiblesse du potentiel électoral et soumis à l’exode des Corses qu’ils aidaient le plus souvent à caser dans la fonction publique de l’hexagone et de l’empire colonial. Ce temps est trop lointain et n’encombre guère les mémoires des contemporains.

 

Dans les années 60, l’indépendance de l’Algérie (Accords d’Evian 1962), l’État républicain se recentre sur la Métropole sans Empire avec le projet d’une Europe à faire – Plans d’Action Régionale de 1958, pour la Corse trois sociétés d’économie mixtes dont deux verront le jour (Somivac, Setco) et non la troisième (sylvopastorale). Les Régions sont amenées à se redécouvrir, à évaluer leurs spécificités. Le Général De Gaulle s’inscrit dans ce courant par son discours de la Foire de Lyon et le référendum d’avril 1969 (réforme des régions et du Sénat). Il démissionne le lendemain de l’échec. Dans les années 70 le Riacquistu entame le renouveau de la culture et de la langue corse qui avec «le choc d’Aleria» en août 75 fera corps avec la défense de la Terre corse, deux piliers de l’essor du nationalisme. Au début certains élus hostiles dont des maires invoquent des troubles à l’ordre public pour empêcher des concerts des Muvrini à Lugu di Nazza ou à Carghjèse. Nombre de militants de nos jours n’étaient pas nés, ils n’en ont eu connaissance que par le récit de leurs parents.

En 1982, alternance pour la Gauche, Mitterrand inaugure la série des Statuts Spéciaux (Deferre, Joxe, Jospin, Caseneuve). Le dernier en date supprime les Conseils Généraux, l’Assemblée unique qui avec sa mise en place voit «le raz de marée» des natios coalisés (Corse-Matin du 17 décembre 2017). Cette émergence rapide en moins de dix ans d’une majorité absolue à 56% des votants avec le laminage des clans est dans le même tempo que l’élection d’Emmanuel Macron qui s’accompagne de l’effondrement du système des partis électoraux de la Ve République.

Deux présidents légitimes du suffrage universel, un à l’Elysée et l’autre Cours Grandval à Aiacciu.

 

L’erreur a été de penser que cette légitimité réciproque devait permettre un dialogue constructif. Il a fallu vite déchanter. Le président Macron avec l’anniversaire de la mort du préfet Erignac a signifié urbi et orbi qu’il n’était pas question d’écouter la chanson des natios de simples «élus locaux» car ce n’était pas à eux de faire la loi.

Après un ballet de Ministres et d’une Madame Corse, la majorité absolue a dû accepter le fait que le blocage est total. Il ne lui est laissé que des compétences de gestion encadrées par la loi sans perspective et sous haute surveillance des préfets. Ni discussion dans le temps, ni petits pas sur des terrains qui pourraient servir tant soit peu la sensibilité des natios. Mieux l’envie de faire régresser le peu acquis et le moindre espoir qu’ils portent.

Sans Conseils Généraux, les maires ont à faire à deux sources de revenus, le pouvoir «local» et le pouvoir central jacobin. Ils sont conviés dans les ComCom à penser en commun. Le pouvoir par le nombre d’habitants est à l’avantage des villes plus peuplées dans la répartition des aides et des priorités pour les investissements. Et qui détient une ville peut rêver d’être parlementaire à Paris. Aurons-nous autant de mini Conseils Généraux que de ComCom? Sans avoir à tirer les cartes on peu craindre la multiplication des jeux politiciens et d’autant plus que l’État s’y intéresse car il ne peut pas laisser les maires s’en remettre aux natios. Certains tiennent un langage non nationaliste pour rester en grâce mais prudent car ils ont toujours dans la commune des électeurs natios. Ils prêchent la bonne entente et rejettent les propos anti pouvoir central. Ils rendent responsables l’Exécutif local de l’impasse du dialogue. Ils se dédouanent à minima pour le moment.

 

Le contexte est paralysant en raison de cette institution nouvelle non rodée, des échéances électorales rapprochées, et du nouveau virus imprévisible. Il reste la parole pour les projets à venir, pour se créer l’alibi, pour rassurer sur une démarche hésitante.

Il faut c’est criant changer de système. Il faut l’autonomie et la reconnaissance des droits du Peuple Corse. Or les natios subissent les inconvénients du système et n’ont pas les moyens d’y remédier. Ils sont dans l’usure, Il en sera ainsi que Macron soit réélu, bien ou par défaut. Il manque aux natios la pièce d’un démarrage non pas électoraliste mais historique. Le Parti conçu et organisé sur la terre Corse pour le sauvetage de leur Peuple en voie de disparition par le colonialisme de l’État jacobin à l’œuvre depuis plus de deux siècles. C’est la politique choisit en secret par la Datar dans les scénarios de l’Hudson Institut. Le tout tourisme qui nous laisse 60.000 précaires et tout autant de presque précaires sur 330.000 habitants, la population actuelle qui a doublé en une trentaine d’années par des apports extérieurs et dont le PIB est fait à plus de 30% par ce tout tourisme qui enrichit les producteurs et les financiers hors sol. Seule une minorité  d’intermédiaires tire son épingle du jeu. Les paradoxes ne manquent pas. Le pourcentage des autochtones diminue. L’étiage est envisageable. Leur territoire construit à frais moindre des bâtiments à «valeur locative» comme nulle part ailleurs déchaînant la spéculation immobilière, les fraudes, encourageant la compromission mafieuse. Tout tourisme est synonyme de grande fragilité.

 

Le principe du Parti salvateur à faire est clair. Il doit être la partie consciente organisée du Peuple Corse, la seule qui a la légitimité de le rassembler pour le sauver par la voie démocratique, les avancées de la démocratie coïncident avec l’avancée  du sauvetage. C’est le même combat.

D’ailleurs les premiers reculs du système clans/État jacobin ont été le fait des natios qui bataillaient pour restaurer le suffrage universel bafoué. Ils ont commencé à le faire reculer, l’État complice fermait les yeux. En cas d’échec, un seul coupable: le perdant qui n’a pas su se défendre ou qui  n’a pas voulu faire l’effort, les nationalistes. •

 

Note : faute de place, je parlerai de la structure du Parti salvateur dans le prochain Arritti.