Peuple Corse et Covid19

Combattre sur tous les fronts

Max Simeoni
par Max Simeoni
Le Covid19 mène le bal. Les gouvernants voudraient pouvoir anticiper pour le ralentir et l’arrêter. Pour le moment, ils ont du mal à suivre son rythme.

 

L’humanité a toujours subi de terribles épidémies, certaines l’ont décimée (pestes, grippe espagnole…). La seule parade était les mises en quarantaine des ports notamment et la chasse aux rats. Elles stoppaient quand le reste de population vivante était plus ou moins immunisée.

Le progrès s’est d’abord manifesté par une meilleure maîtrise des grippes saisonnières qui guérissent si elles ne font pas de complications et qui sont décelées, dès les premiers cas, par un réseau mondial de sentinelles qui permettent de définir les mutations et aux laboratoires d’établir un vaccin avant que la masse des contaminés ne fasse boule de neige.

Le réservoir des virus est le monde animal. La grippe saisonnière est d’origine aviaire puis a gagné des mammifères (comme le porc). Le réservoir animal est important en virus capables de muter chez l’homme (on se souvient du VIH pour le singe des années 80), ils restent mutables et variables quant à leur contagiosité et leur morbidité. L’ère des virus est bien lancée. Pourra-t-on trouver une parade capable de maîtriser tous les virus? On a cru la tenir pour les bacilles avec les antibiotiques, or aujourd’hui, leurs résistances montrent nos limites.

 

En attendant, les conséquences sont considérables: sanitaires, sociales et économiques. On n’est même pas certain du scrutin des Territoriales en juin. On freine les échanges, parfois plus ou moins. On commence à vacciner nos aînés pour les protéger… et pour ne pas voir les services de réanimation débordés…

Les élus coalisés natios tirent sur la corde pour ne pas la lâcher. Les antinatios n’ont même plus de pitons à Paris pour se raccrocher. Ils sont dans le vide, en apesanteur. Le pouvoir élyséen jacobin républicain, le Président Macron pour le nommer, invite tous les antinatios et les opportunistes à se rapprocher pour réduire cette majorité «absolue» et avoir d’autres interlocuteurs plus godillots. Récemment, la tenue des États européens de Méditerranée à Aiacciu, et dans la foulée sa venue à Bonifaziu pour un colloque sur le tourisme, sont des signes voulus clairs. Autant que les aboiements du Préfet de région.

Les natios sont, eux, piégés par leur propre erreur. Ils ont naïvement cru qu’un mandat du suffrage universel était un mandat respectable concédant un pouvoir politique, donnant les moyens de poursuivre leur raison d’être qui n’est pas moins que de sauver le Peuple Corse sur sa Terre. Or, comment faire pour sauver un Peuple qui n’est pas reconnu si ce n’est par le faire reconnaître pour qu’il est des droits? L’élu d’une institution d’organisation locale ne peut pas avoir ce pouvoir. Comment alors les natios peuvent-ils y parvenir puisqu’il s’agit d’une incompatibilité complète? C’est bien là un rapport de force politique où le dominant doit céder car le système jacobin en place est responsable du déclin vers la disparition du Peuple Corse.

 

Il a pratiqué une colonisation par assimilation, possible après une conquête par les armes vu que c’était un Peuple de sa proximité, peu nombreux, chrétien, d’importance géopolitique et de sécurité considérable. Loi douanière pendant un siècle (1818-1913) pour l’enfermer dans un échange à voie unique avec le littoral sud de la France, un début d’étranglement de sa production. Puis un réservoir d’hommes pour ses guerres (près de 14.000 morts en 1914 sans compter les grands mutilés) et l’encadrement d’un vaste Empire colonial. 1962 Accords d’Evian, fin de l’Empire avec l’indépendance de l’Algérie. Mais début de la construction européenne économique (CECA, CEE…) avec la vision d’une Europe politique qui reste à faire. En 1962, la population de la Corse n’était que de 160.000 hab. Le réservoir d’hommes était vidé.

 

La majorité natio est condamnée à gérer, pour sa part de compétence, les problèmes de l’actualité immédiate. Elle porte la charge de toutes les retombées négatives due à une institution, l’Assemblée de Corse, qui ne dispose pas de pouvoir réel pour imposer une autre logique de développement que celle du colonialisme par assimilation de l’État tutélaire.

L’exemple du tourisme est éloquent. Ce tout tourisme n’est pas un hasard. Il est voulu. Il a fait de l’île un marché captif qui consomme plus de 97% de tout ce qu’il consomme. Il sert les productions extérieures et enrichit leurs financiers. L’île est l’une des régions les plus pauvres de France et où «la vie est plus chère». L’Enveloppe de continuité territoriale (délégation de service public, DSP) profite aux compagnies de transports. Les natios gèrent cette DSP mais pas les transports. Il y a peu de chance qu’on leur laisse créer une compagnie régionale. On peut retrouver cette dépendance coloniale dans tous les secteurs de la vie du Peuple, économique, patrimoniale et culturelle.

 

Que manque-t-il aux natios coalisés sans opposants locaux mais face à l’hostilité fondamentale idéologique et historique du jacobinisme d’un État? Ils sont sans base populaire active et mobilisable pour le sauvetage de leur Peuple. Ils disposent pour le moment d’une base électorale mais qui ne peut pas suffire à elle seule. Elle ne peut servir que l’institution octroyée qui comme tous les statuts particuliers (Deffere, Joxe, Jospin, Caseneuve) est un enfermement refusant la reconnaissance d’un Peuple Corse et les moyens d’avoir prise sur son destin par l’Autonomie.

Il manque un Parti de combat civique organisé au sein du Peuple pour une lutte au finish. La lutte clandestine n’a pas pu déboucher, les luttes électoralistes seront vaines sans ce Parti populaire.

Il doit être autant créateur de ses moyens de lutte que de leurs applications tactiques et stratégiques. Il a vocation à être le Peuple conscient et organisé pour le sauvetage et une garantie d’avenir. Le combat électoral pour les institutions doit être continué mais le Parti désigne démocratiquement les militants pour cela. Les mandats lui appartiennent. Il ne laisse aucun espace pour des Nomenclatures électoralistes. L’État est alors face à un Peuple.

L’essentiel est de convaincre un maximum de Corses pour atteindre le seuil d’efficacité capable de faire entendre raison aux jacobins républicains.

Telle est la nature de ce Parti à mission historique de sauvetage.

J’esquisserai par la suite ses caractéristiques concrètes et la façon de le mettre en place en pleine crise générale révélée par ce virus… •