Pas de vacances l’esprit tranquille…

Cette année fait exception, les esprits sont en surchauffe. Le Gouvernement, sur la lancée d’une majorité couleur Macron dominante, passe la vitesse supérieure des réformes : code du travail, écoles -post bac-universités, réunion des élus de la «Cohésion des régions » avec comme amorce 12 ou 13 millards d’économie à faire en 10 ans « pour participer à l’effort général ». Nos élus devront tenir la cadence pour suivre le Premier Ministre et sans lâcher le PEI.

 

Dans l’île, la température monte à peine le triomphe des législatives savouré, le groupe parlementaire avorté, les organisations natios s’agitent sur l’enjeu des territoriales de décembre suite à l’Assemblée Unique votée par le Parlement français.

Une majorité absolue semble à leur portée ce qui serait un signe que le pouvoir central ne saurait trop négliger. Cette possibilité est assujettie à des conditions qui les concernent.

Gilles Simeoni vient hier dimanche de lancer un appel à tous les militants pour que les trois composantes «modérées » le 30 juillet décident d’une Constituante en vue de fusionner.

Dans quelle mesure sera-t-il entendu ?

 

Des arguments de bouche-oreille circulent : ne pas se précipiter, renvoyer à plus tard, débattre d’abord entre organisations concernées… or il y a urgence et ils camouflent mal quelques craintes pour le renouvellement de certains élus sur les listes en positions éligibles ou de nouveaux empressés d’y figurer.

«A febbraccia di l’élezione! » dû à un germe commensal qui peut devenir dangereux dans certaines circonstances, qui pullule autour des urnes et s’il est trop voyant pourrait éloigner des électeurs.

Le besoin aussi de savoir la manière de désigner les candidats, quels rôles, quelles fonctions on pourrait tenir dans ce nouvel ensemble…

Le Président de l’Exécutif a donc mesuré la nécessité urgente de dépasser l’alliance électorale des trois composantes que rien n’oppose sur la doctrine (un Peuple à sauver sur sa terre) ni sur le choix stratégique de la voie démocratique.

Des élections évidemment mais avec des élus émanant d’une solide organisation efficace dans la vie socio-économique et culturelle de ce Peuple en difficulté, car sans un sursaut historique il est condamné à disparaître.

Un Peuple de dimension réduite avec beaucoup de pauvres et de précaires, plus ou moins assistés par l’Etat, sans un tissu économique suffisamment structuré, dépendant du clanisme et un certain nombre de prédateurs et d’entremetteurs qui profitent de cette difficulté. Cette situation est le résultat d’une domination de type colonial de la République des jacobins qui n’a de cesse d’effacer toute spécificité historique et culturelle au nom de l’égalitarisme républicain mais pour mieux disposer des habitants (guerres, Empire colonial…) et aujourd’hui de la terre insulaire. Et bien sûr la position géostratégique en Méditerranée comme pour toutes les puissances qui s’y rattachent ou s’y combattent (comptoirs phéniciens, étrusques, grecques…) Rome contre Carthage, Catalans, Normands, Gênes contre Pise, Soliman le Magnifique et François 1er contre Charles Quint, royaume anglo-corse, porte-avions insubmersible en 1943, tentative d’essai nucléaire à l’Argentella après les accords d’Evian et la perte de la base du Hoggar… base Solenzara et Légion Étrangère pour le Moyen Orient et l’Afrique…) et j’ai dû en oublier…

 

Le Président Macron restaure la Ve République gaullienne : un Exécutif fort qui gouverne, un Parlement débarrassé au mieux des jeux des partis, un regroupement électoral pour un bipartisme des élus où le parti majoritaire soutient le Président élu directement par les français lequel tient en main l’arme dissuasive de dissoudre le Parlement.

Macron a sa majorité, tiendra-telle une cohésion avec une opposition réduite à sa plus simple expression laquelle réussira- t-elle une gauche et une droite. Pour le moment il y a trois partis : celui du Président pas encore rodé, une droite amochée, KO debout, une gauche dans les limbes.

Le projet présidentiel comporte des réformes ambitieuses, il n’a pas de temps à perdre. Le chantier est ouvert. D’autres espèrent voir les promesses électorales les concerner.

Pour la Corse et sans la nommer, le Premier Ministre a usé de vocables rassurants sans définir le moindre contenu : « il y a eu un vote identitaire… » une sorte d’écho au « contrat girondin ». La suggestion des mots… Mais nos maux continuent.

Donc un « contrat girondin» qu’un pouvoir exécutif fort, sans crainte d’une opposition pourrait négocier avec chaque Région et nos élus. Du girondin à la carte, carte réduite sans aucun doute. Une structure girondine ne peut être que celle d’un État fédéral. Il semble difficile, voire impossible d’y parvenir en partant du haut ultra-centralisé.

Le fédéralisme consiste en un regroupement de collectivités politiques tendant à accroître leur solidarité tout en préservant leurs particularismes (Petit Larousse illustré). Les girondins étaient une association politique pour lutter «contre les ennemis de la liberté», ils se sont insurgés en 1790 dans plusieurs départements, ils ont perdu, guillotinés par les jacobins.

 

L’État Corse souverain a été détruit à Ponte Novu en 1769, 20 ans avant la Révolution française, par un roi absolu de droit divin, Louis XV.

Cela explique que la revendication insulaire des 50 dernières années n’a pu avoir que des statuts spéciaux compatibles avec l’ADN jacobin de la République.

On est dans l’impasse car il ne permet ni la reconnaissance du Peuple Corse, ni la coofficialité, ni des droits spécifiques sur la terre. Pas de temps à perdre dans préoccupations électoralistes ridicules par rapport à l’enjeu. Une ligne une force populaire démocratique capable de s’imposer à n’importe quel pouvoir. Mobiliser toutes les énergies, les regrouper, pour qu’elles s’auto-organisent démocratiquement et mènent une guerre civique totale sur tous les fronts pour la survie de ce Peuple Corse, pour qu’il écarte les agressions banalisées, minimisées par les agresseurs, sans se laisser rouler dans la farine.

On est loin du compte. Vulentà di fermà corsi ò smarisce.

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