Déclaration de guerre

Le Président de la République des jacobins a déclaré la guerre au Peuple Corse. Aujourd’hui, avoir à faire des propositions dans la lucarne de l’article 72, retomber sur ses pieds dans le bric à brac des éléments de l’Assemblée unique, répondre à des besoins urgents, agir efficacement face à la pyramide qui nous contemple, agacée. O figliolu tamentu cerbellu è tamentu core per sortene.

Impossible sans le Peuple.

 

Le Président de la République des jacobins a déclaré la guerre au Peuple Corse. Cette République niant ce Peuple, ne lui reconnaissant aucun droit à l’existence, l’a considérablement affaibli.

 

Avec la fin de la décolonisation de l’Empire et les premiers pas de la construction de l’Europe, une prise de conscience du danger de disparition du Peuple Corse s’est faite jour. Elle a vu l’apparition de mouvements régionalistes lesquels ont compris que, pour l’État jacobin, l’île n’était qu’un réservoir d’hommes pour les guerres mondiales et le maintien des colonies.

La Corse étant décrétée pauvre, irrémédiablement, les Corses l’ont cru. L’État français tirait sa puissance économique de l’exploitation des ressources coloniales. Dans cette logique impérialiste, développer l’île n’avait aucun intérêt.

Rassurés par l’offre de carrières offerte par l’exil, les insulaires – se croyant l’avant garde d’une civilisation universelle- étaient éperdus de reconnaissance pour la magnanime générosité d’une grande puissance ; et s’employaient avec zèle à la mériter.

 

Les mouvements revendicatifs se sont affirmés. Au fur et à mesure de l’action sur le terrain et des contres de l’État, avec l’aide du système du clientélisme des clans, les mouvements revendicatifs se sont affirmés nationalistes autonomistes ou indépendantistes.

Pour les premiers, la violence paraissait fort probable pour défendre ponctuellement des acquis, à la condition qu’elle soit comprise par une majorité de Corses.

Ce fut le cas, lors du choc d’Aleria lequel ponctuait une longue dénonciation de l’économie par les vins trafiqués. L’État voulant faciliter l’accueil lors de l’exode massif des pieds noirs fermait les yeux et détournait le volet de l’aide aux agriculteurs corses par la société d’économie mixte (Somivac).

Pour les seconds, les indépendantistes, il suffisait de copier les luttes de libération nationale, en particulier celle du FLN algérien pour faire plier l’État colonisateur.

 

La suite est connue… Impasse et affrontements internes pour être reconnus les plus forts : ceux avec qui il fallait traiter.

Tractations et manipulations…

L’abandon de la lutte clandestine permet de faire entrer dans le débat démocratique le choix de l’indépendance, reste, pour les convaincus, à persuader suffisamment de Corses.

Pourtant le nationalisme est de même nature : il vise le sauvetage de notre Peuple. La différence répose sur les choix stratégiques des moyens de lutte.

La situation s’est simplifiée. La voie démocratique unifie les natios et il n’y a qu’eux, face au pouvoir jacobin pour combattre.

Les clans sont en apesanteur. Le pouvoir central tente le bouche à bouche pour les ranimer.

Le sauvetage du Peuple passe donc par une autonomie à terme rapproché rétablissant la démocratie, la transparence.

La première des urgences est d’augmenter le nombre de patriotes devant le danger, en une force démocratique. Les autres données économiques et sociales pourront s’inscrire dans le débat sans, surtout, être des prétextes de course au pouvoir et aux carrières politiciennes.

Le Président Macron n’a pas accepté cette montée claire aux responsabilités des natios légitimement élus, il n’a pas accepté qu’on puisse parler de l’existence du Peuple Corse, il s’est crispé comme Badinter présidant le Conseil Constitutionnel se glorifiait de l’avoir effacé du Statut Joxe. Il réduit le problème à une identité vague, floue, sans droit réel, folklorique…

Or, la coofficialité est un droit fondamental : pas question, elle est même discriminatoire !

Quant au développement durable et la protection contre les dérives immobilières et mafieuses, les lois de la République suffisent…

Qu’attendent les autorités pour les mettre en oeuvre ?

Le Président ignore-t-il le Schéma d’aménagement de la Datar élaboré en secret deux ou trois ans avant le choc d’Aleria qui n’était rien d’autre qu’une baléarisation en dix ans de tout le littoral (250 à 300 000 lits).

Telles sont les lois ordinaires de la République que nous avons connues et combattues.

Du coup sa vision d’une Corse phare avancée de la République en Méditerranée est soit de l’enfumage soit elle cache une arrière pensée inquiétante. À surveiller.

“Vous avez un mois pour définir à l’article 72, que je vais peut être modifier, la place de la Corse ” Pas à l’article 74. Nos élus vont, disent-ils, jouer le jeu pour ne pas perdre un peu de clarté qui pourrait émerger de cette lucarne constitutionnelle.

Ils doivent le faire surtout pour montrer qu’ils sont prêts à dialoguer et pour instruire les Corses du bienfondé de leur démarche. L’aspect pédagogique réussi est, quoique fasse le Président jacobin, une garantie pour mieux porter à la connaissance des Corses les tenants des problèmes à résoudre et ne pas se laisser rouler dans la farine par de fausses propositions comme le bilinguisme sans coofficialité ou les lois ordinaires de la République. C’est pour les élus un travail gigantesque de dialoguer avec un interlocuteur dogmatique et qui a toute latitude pour allonger la sauce et tricher.

 

Un mois d’une course de vitesse pour gagner, au mieux, des clopinettes. Puis tout le cirque des discussions dont le rythme, le calendrier sont maîtrisés par l’Élysée et les sphères politiques et administratives gouvernementales ; puis la machinerie institutionnelle des avis des conseils d’État et peut être Constitutionnel des commissions des deux Parlements puis le temps des mises en place, des rodages… bref tout peut trembler et rien ne bouger dans les palais dorés de la République… pendant que, dans l’île, il faudra affronter le chamboulement de cette Assemblée unique et du redéploiement des 5 000 personnels territoriaux dont nous a doté Giscard quand il a coupé le département Unique en deux.

L’usure guette comme le risque d’amener à penser de bonne ou de mauvaise foi que l’obsession statutaire est une perte de temps en regard de l’attente des besoins immédiats.

Faire des propositions pour un tir rapide dans la lucarne de l’article 72, retomber sur ses pieds dans le bric à brac des éléments épars de l’Assemblée unique, répondre à des besoins urgents et à l’espoir soulevé, éclairer les enjeux, agir efficacement et pédagogiquement, face à la pyramide qui nous nous contemple, agacée. O figliolu tamentu cerbellu è tamentu core per sortene.

Impossible sans le Peuple.

Max Simeoni.