Des patriotes qui luttent ou des primates épouilleurs ?

Les grandes manoeuvres des municipales sont lancées. La phase actuelle consiste à se placer dans un jeu de coalitions électorales en emportant si possible quelques bastions ou en pesant suffisamment pour être pris en compte dans le ou les regroupements gagnants les prochaines élections, notamment les territoriales. Phase incertaine et aventureuse, mise en relief dans les villes importantes : une coalition s’impose pour garder la mairie ou la prendre.

 

À Aiacciu, les natios doivent faire bloc pour espérer gagner ou être une minorité qui a son mot à dire. Le bloc est-il en cours de construction derrière Miniconi ?

Bastia travaille à se maintenir.

Les opposants ont du mal à faire une coalition qui puisse donner l’assaut. Mais gagner avec moins de votants hypothèque l’avenir et la gestion.

Les deux grandes villes se voient « Capitales » : Aiacciu, Impériale grâce à la Préfecture de Région de Napoléon, et Bastia, Économique par ses anciens échanges avec l’Italie du Nord et l’Europe centrale.

À l’idée que les deux capitales tombent dans le giron de Femu a Corsica, les autres composantes coalisées paniquent. La victoire doit être commune et partagée en parts égales… Cette crainte peut sans doute expliquer la déclaration précipitée d’une coalition à quatre de Portivechju.

Quant aux deux villes de l’intérieur, « les plus Corses des Corses », Sartè et Corti, elles servaient d’appoint aux clans du Sud ou du Nord. Rien de net en surface du moins pour le moment. Les anciennes citadelles militaires, les quatre et les autres (San Fiurenzu, Algajola, Bonifaziu…) ne bourrent plus les canons ni les urnes mais elles bataillent dans le champ magnétique des grandes…

 

Phase incertaine sur l’échiquier électoral mais encore plus pour l’avenir de la survie du Peuple Corse. Les autonomistes restent séparés par électoralisme ? De quel exemple de mission patriotique peuvent-il se prévaloir ? La chienlit ne peut que croître. Une coalition qui devrait déjà être une union solide en train de se bâtir à partir de celle des autonomistes une fois acquise, capable dès lors de faire une place convenable aux autres natios puisqu’ils ont ôté la lutte armée clandestine de leur panoplie, et capable de faire une ouverture avec succès aux non natios. Capables d’inspirer confiance à un maximum de Corses et aboutir à une force populaire face à l’État jacobin.

Est-il sensé de perdre tant de temps à des jeux aussi médiocres de combinaisons de chefs brandissant des sigles et entourés de supporters qui jouent des coudes pour des places d’éligibles ? Tout ce fatras pour des institutions stériles en regard du sauvetage de notre Peuple.

L’absence d’un parti démocratique fort laisse la place à l’incohérence et à l’impuissance, voir au risque l’échec de la cause du Peuple Corse en péril.

Les militants d’un parti implanté dans les régions-sections, connaissant bien leur terrain n’auraient proposé que des candidats à la candidature qui auraient fait leur preuve, aptes à représenter le parti et à gagner des électeurs. Pas de jeux faussés ou de cooptations de Nomenclature. À l’échelon du Conseil pour le choix officiel, la transparence serait réalisée puisque chaque région-section est représentée tout comme les Élus et l’Exécutif. L’absence de base démocratique organisée donne ce que l’on a sous les yeux. Vu le calendrier électoral, on ne voit pas quand on pourrait la mettre en place et la rôder.

 

Il reste à espérer en ceux qui sont convaincus de l’impérieuse nécessité de forger cet outil de sauvetage de notre Peuple, et non addicts aux jeux pervers des urnes, des coalitions électoralistes où les mandats disputés qui leur font oublier les dangers qui persistent et grandissent pour ce Peuple, le nôtre.

Comment peut-on oublier que sans les moyens législatifs de l’autonomie interne pleine et entière, la fin du Peuple Corse suit son cours, programmée depuis toujours par l’État dont le jacobinisme est antidémocratique, non respectueux du droit à la différence et idéologiquement totalitaire ? Comment peut-on ignorer que sans coofficialité la langue Corse disparaîtra malgré les efforts des culturels ?

Oubliée la comédie de la Charte des langues minoritaires du Conseil de l’Europe, promise à chaque élection générale et jamais ratifiée ? Et surtout continuer d’ignorer le rapport de l’Unesco de 2002-2003 sur les langues régionales et minoritaires dont les critères d’études de linguistes mondiaux placent notre langue dans le lot des langues condamnées.

 

Le sort de la Corse est scellé sans un sursaut politique.

Vidée comme réservoir d’hommes (160.000 habitants en 1962), sa population a doublé en 50 ans essentiellement par des apports migratoires allant croissant. Vouée au tout tourisme, elle est dépendante de l’extérieur pour plus de 97% de tout ce qu’elle consomme.

L’option choisie parmi celles évoquées dans le rapport de 1972 de l’Hudson Institut, celle de la noyade du Peuple Corse par un tourisme massif, continue en douce malgré les propos officiels.

En quelques années, il a été construit plus de résidences secondaires dans l’île que dans les régions du continent.

L’ennemi jacobin est efficace, il nous joue bien la comédie et nous, qui sommes là pour faire cesser une tragédie, à quoi jouons-nous en ce moment ?

Aux rôles de singes qui s’épouillent ?

Max Simeoni.