E riflessioni di Max Simeoni

Deux camps face à face

Max Simeoni
Les élections des deux sénateurs de la Corse ont préfiguré la forme des Territoriales dans six mois. Que peut-on en penser à ce jour ?

 

Deux camps face à face ? Les nationalistes concentrés en Haute-Corse ont porté au Sénat Paulu Santu Parigi, et le front des républicains dans le Sud, Jean Jacques Panunzi qui, à peine élu, a engagé ses troupes dans la bataille des Territoriales derrière Marcangeli.

On peut en déduire que ce front républicain a repris du poil de la bête. Il a dépassé son désarroi quand, à l’élection de la Présidence de la République, le maire d’Aiacciu choisissait Juppé, celui de Portivechju Fillon, etc.
Panunzi est un ancien Président de l’ex-Conseil général, succédant en 2001 à Nicolas Alfonsi sous l’étiquette PRG « avec des positions tranchées, contre la suppression des cantons, la coofficialité, et contre le statut de résident » rappelle Corse-Matin au lendemain de son élection. Il se veut l’homme de la proximité des maires de la ruralité qu’il connaît bien pour l’avoir toujours pratiquée. Avec Marcangeli, ils sont les fers de lance de la droite insulaire. La Gauche fragmentée après Hollande ayant du mal à recoller quelques morceaux…
Quant à la coalition nationaliste, elle a des articulations mal huilées qui souffrent. Une cure thermale serait trop longue, il lui faut trouver des remèdes plus rapides pour éviter un blocage dans un fauteuil roulant.

Comment dépasser les conséquences de la non fusion des autonomistes que leur congrès d’octobre en 2017 avait voté a l’unanimité ?
Le PNC de Jean Christophe Angelini, qui a pris le Bastion de Portivechju, fait toujours partie de la coalition des natios mais combien de ses électeurs iront voter pour une liste Femu a Corsica conduite par Gilles Simeoni ?
Une élection municipale n’est pas toujours uniquement reliée à un parti pour élire un maire. Et si une coalition Femu a Corsica était partante, qu’elles seraient les conditions nouvelles qui pourraient devoir être prises en compte de ce fait ?
Corsica Lìbera composante de la majorité « absolue » tient a priori à conserver le statut quo de « Per a Corsica » ou son équivalent dans une autre configuration éventuelle de coalition.
Core in Fronte a consolidé sa ligne politique mais elle est mal à l’aise pour la faire tenir dans le jeu électoral actuel des Territoriales.
Ces quelques considérations pour dire qu’aucune composante n’échappe aux regroupements et ou coalitions que ce soit d’emblée avant le premier tour ou au second tour pour gagner ou pour éviter d’être encore plus marginalisé, voir de disparaître.
Le Sud, sous la houlette de Panunzi et de Marcangeli, cherche à ramasser des briques et construire la coalition baptisée « Front Républicain » pouvant battre les natios coalisés empêtrés dans l’obligation de chercher à se regrouper pour ne pas risquer de perdre.

Il ne faut pas oublier que le Président Macron est forcément concerné par l’imbroglio insulaire. Il a, certes, apaisé sa relation avec les natios. Il n’a aucun intérêt à continuer à jouer au chat qui court après une souris comme dans un dessin animé. Il a reçu les deux Présidents de la CdC, Gilles et Jean Guy, en tête à tête. On a leur sentiment sur cet entretien. Ils affirment que le ton et l’écoute se sont améliorés. Mais on n’a rien entendu de la part du Chef de l’État.
Nos deux Présidents « locaux » ont affirmé qu’ils avaient abordé tous les problèmes sans tabous et répété que le problème Corse avait une dimension politique. Veulent-ils répondre à l’accusation de certains de refuser d’ouvrir le dialogue avec le gouvernement et les rendre responsables qu’il ne puisse aider pour éponger les conséquences de la crise sanitaire ? Ils auraient aussi confirmé leur volonté de sortir de l’impasse par un dialogue apaisé. En dehors de calmer le jeu, de rassurer, qu’attendent-ils de l’État en dehors de son aide face aux conséquences économiques et sociale de cette crise sanitaire ? En rectifiant la position, ils prennent date et pourront rappeler le pouvoir républicain à son devoir de solidarité.

Je citerai quelques exemples tiré du livre qui vient de paraître – et dont j’ai fait mention il y a peu dans Arritti – « Alsace, une langue qu’on assassine. Le livre noir du jacobinisme scolaire (édition SALDE), pour illustrer qu’il n’y a rien à attendre.
Pour le fond politique, c’est-à-dire l’autonomie, Maryse Lebranchu Ministre socialiste déclarait à Strasbourg (DNA, 24.4.2015) : « la région est un outil institutionnel, pas un outil de reconnaissance culturel ou historique, elle doit être strictement placée sous le contrôle de l’État ». Tout est dit, pas d’autonomie, pas de coofficialité, pas de Peuple Corse à reconnaître ! Le PS était la force qui avait accordé quatre statuts particuliers à la Corse (Deferre, Joxe, Jospin, Caseneuve) qui n’étaient pas des petits pas vers l’autonomie. Ce que la droite n’a cessé de dénoncer comme une atteinte à la République. Chirac a saisi le Conseil Constitutionnel présidé par Michel Debré pour empêcher la ratification de la Charte européenne des langues régionales. De même Badinter s’est glorifié, comme Président du dit Conseil, d’avoir fait obstacle à la notion de Peuple Corse. Sans négliger Macron qui a déclaré « les élus locaux qui ne font pas la loi ». De Gauche à Droite même idéologie totalitaire ennemie de la diversité au nom de l’égalitarisme républicain. Il faudrait une encyclopédie pour citer toutes ces déclarations dogmatiques intransigeantes.
Des concessions verbales, des habilités manœuvrières machiavéliques, bref des déclarations de bonnes intentions suivies d’effets contraires nocifs est le résultat de 250 années de tutelle française (95 ans de loi Douanière qui stérilise le développement, réservoir d’hommes pour les « Grandes Guerres » et l’Empire colonial qui le vide, tout tourisme et apport d’immigrés pour ses producteurs continentaux et industriels agroalimentaires et ceux de la construction immobilière spéculative.
Bilinguisme et Statuts au rabais pour stériliser la revendication de reconnaissance, de droits et de justice. Ce statut colonial est une constante de la République des jacobins.
La coalition électoraliste des natios entrave, paralyse le combat politique d’émancipation du Peuple Corse. Faute d’une organisation politique de base, sur le terrain, au sein du Peuple elle restera un jeu de petites Nomenclatures jouant des coudes pour être réélues, incapables de contrer le colonialisme qui l’étouffe et le tue. Pas de force anticolonialiste pour espérer un sauvetage et un avenir. Une majorité « absolue » fragile. Aucune garantie en perpective.
Un vœux pour espérer ? Que les autonomistes se refondent pour être la base d’une coalition politique plus qu’électorale, que les indépendantistes en fassent de même pour inscrire leur force dans la bataille civique démocratique, alors les ouvertures sur les hommes de progrès iront de soi et le sauvetage sera à portée de main. La reconstruction d’un Peuple ira de paire.
Sera-t-on assez lucides pour le comprendre et assez déterminés pour l’entreprendre ? Campà o more, telle est la question.