Élections, et quoi d’autre ?

À peine dissipées les flatulences des Européennes, la majorité « absolue » insulaire est secouées par les coliques municipales… loin de la sérénité d’un lundi de Pentecôte ! La suppression des Conseils généraux avec l’Assemblée Unique met les mairies en premières lignes pour les élections territoriales et même plus tard pour les législatives. La réforme « des grandes régions » concerne les élections législatives hexagonales et en conséquence l’élection du Président de la République, et une majorité au Sénat. Le moteur électoraliste s’emballe.

 

Les leaders des différentes composantes de la coalition électorale s’époumonent pour reconduire le contrat Pè a Corsica, et sans risque se partager les fruits à venir de la victoire, sans hypothèque pour leurs couacs aux européennes. La crainte de primaires natios angoisse.

Femu a Corsica, qui n’a pas su organiser les bases du parti, n’a pas les moyens sinon de sortir ou du moins d’atténuer les aspects d’une coalition électorale qui parce qu’elle perdure devient électoraliste néfaste.

Tout y gravite autour d’un seul homme, Gilles, qu’on doit tenir, voire contraindre, même de la part de certains encartés Femu.

On néglige notre objectif historique :

le sauvetage du Peuple Corse sur sa Terre, comme si on avait du temps. L’illusion est renforcée par l’absence de clans organisés donnant allégeance à des partis de droite et de gauche alternant au pouvoir central à Paris.

Le réservoir d’hommes vidé (160.000 habitants en 1962) pour les guerres et l’Empire colonial de la République, non développée, l’île est destinée au tout tourisme (rapport de l’Hudson Institut à la Datar : 250.000 lits en dix ans et transfert de repopulation). Ce projet de la France du jacobinisme républicain est prêt de son but.

Il n’y aura plus de Peuple Corse à nier. Les plantes vénéneuses des résidences secondaires fleurissent par défiscalisation comme nulle part dans tout l’hexagone, les flux de population ont de moins en moins de besoin de s’intégrer, ils occupent le vide, ils sont chez eux, sous peu ils auront peut-être à exhiber leurs quelques indiens en attraction touristique. Tout ce repeuplement misant sur l’effacement parallèle du Peuple autochtone n’est pas de la responsabilité directe de la plupart, ils sont souvent des victimes qui fuient la misère, qui débarquant sont utilisés comme main d’oeuvre à bon marché, surtout par les spéculateurs et les maffieux. Ils servent à faire les résidences secondaires.

 

La Corse fabrique des Corses, on continue de le dire. C’était vrai même quand elle se vidait, car ceux qui arrivaient en moins grand nombre trouvaient un Peuple qui utilisait sa langue journellement, en famille, au village, en ville, à l’école en récréation.

La langue n’est plus courante, même les natios sont obligés de faire un effort pour penser à la parler.

Elle a l’intérêt d’une relique pour la plupart qui n’ont pas besoin de l’utiliser pour vivre et l’Etat jacobin refusant la coofficialité, les élus, les associatifs, les militants culturels ont bien du mérite mais les moyens de renverser la donne des jacobins sont insuffisants.

Pour tout d’ailleurs :

langue, culture, patrimoine de la nature, développement productif…

Les transports amèneront plus de touristes, plus de marchandises de l’extérieur (déjà nous sommes dépendants à plus de 97%). Si on n’attaque pas notre problème du tourisme à maîtriser sous l’angle de l’urgence historique, le sort du Peuple Corse sera gravé dans le marbre d’une pierre tombale des Peuples disparus.

Le sentiment de se sentir personnellement encore Corses ne nous sauvera pas collectivement.

Nos descendants ne le seront qu’à travers des albums de familles où figureront leurs « vieux ».

Nous aurons faillis à notre mission historique. Auront-ils l’idée de nous en vouloir ? Quelques-uns

peut-être…

 

Se focaliser sur des élections pour un statut d’Assemblée Unique qui ne donne pas les moyens de tirer le Peuple de ce piège jacobin mortel est ridicule pour tous ceux qui ont fait serment de le sauver. Certes il convient de rester à la tête de cette Assemblée Unique, ne pas y laisser le système ancien plus ou moins relooke s’y réintroduire.

Mais la priorité est ailleurs.

C’est clair, résumons.

Le Peuple Corse est menacé de disparition par la République des jacobins à l’oeuvre depuis deux siècles et demi. La menace prend l’aspect d’une fin historique, une sorte de dernier acte où ses défenseurs se disputent les clés d’une porte de sortie qui n’est qu’une impasse sans retour, elle débouche sur une court intérieur de la prison et non à l’air libre.

La porte blindée de la véritable sortie se trouve ailleurs et il faut qu’un maximum de détenus conjuguent leurs efforts pour qu’elle cède.

Autrement dit, la sortie de l’État jacobin passe par une force populaire organisée au sein du Peuple Corse. Un parti organisé à la démocratie exemplaire dont l’action éclaire, explique, gagne la confiance, mobilise pour forcer la sortie c’est à dire faire comprendre que sans reconnaissance du Peuple Corse, sans les moyens de maîtrise du destin commun donc sans l’autonomie, les élections sont insuffisantes.

On devra se contenter de primes à la vache dont les abus nous seront collectivement reprochés par la suite.

 

Femu aurait pu jouer le rôle vital de sortir d’une coalition électorale dépassée et de faire converger pour la sortie toutes les énergies natios. Encore aurait-il fallu qu’elle réussisse elle même à mettre à jour la première organisation pour cela.

En attendant, elle est agitée par l’enjeu des municipales. Espérons qu’elle ne s’alignera pas plus qu’il ne faut derrière la banderole électoraliste Pè à Corsica. Espérons en tous ceux qui ne pourront jamais s’en laver les mains.

 

Max Simeoni.

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