E riflessioni di Max Simeoni

Électoralisme et vaches errantes ?

Max Simeoni
par Max Simeoni
Les conséquences de l’électoralisme qui hypothèquent le combat pour le sauvetage « du Peuple Corse sur sa Terre » ont été inlassablement dénoncées dans Arritti.

 

Je me suis présenté, au tout début, uniquement pour le créneau d’une tribune publique et que les médias de l’époque se trouvent dans l’obligation d’en faire état (communiqués, conférences de presse, meetings…). Peu importait alors les scores. Puis certains résultats plus significatifs ont amené une majorité de militants à prendre la voie du suffrage universel. J’étais réticent préférant les actions de terrains. Il convenait de le faire mais pour renforcer notre insertion au sein du Peuple avec un discours valable pour toutes les sensibilités. Bref, un discours patriotique pour le sauvetage. Dès cet instant, la défense de la démocratie et la restauration du suffrage universel s’imposaient dans le concret, d’avoir fustigé la fraude électorale verbalement ne suffisait plus. On a amené les chefs de clans à la désavouer, puis les tribunaux à sanctionner les fraudeurs.

 

Pour se sauver, il faut qu’on connaisse bien la nature et les procédés de l’ennemi sinon un engagement efficace n’est pas possible. Il faut du temps pour que la conviction gagne assez de Corses et les font s’engager. À ce jour a-t-on atteint les niveaux nécessaires ?

Non, c’est mon opinion parce que les nationalistes se laissent trop souvent leurrer par l’État central jacobin. Les différents statuts (Defferre, Joxe, Jospin, le dernier Caseneuve) associent des élus « locaux » à la gestion de lois qui sont faites à Paris. Elles sont égales pour tous mais elles ne reconnaissent pas les différences qu’elles considèrent comme archaïques, obsolètes.

Le Peuple Corse n’existe pas. Il est nié, le reconnaître même comme « composante du Peuple français », Badinter président du Conseil Constitutionnel l’a rejeté et s’en est glorifié ! Les écoles « immersives » non conforme à la Constitution déclare à son tour le Conseil d’État. Évident puisque tant pour la reconnaissance du Peuple, pour la coofficialité, le pouvoir législatif de l’Autonomie, il faudra réformer la Constitution. Un jeu de dupes qui permet aux forces conservatrices insulaires et parisiennes de Gauche et de Droite qui ont alternées aux commandes de botter en touche.

 

Ce dernier statut Caseneuve lancé comme un pari (chiche !), voté lors de la présidence de Hollande, le Président Macron en a hérité inachevé. Il lui incombe de le terminer, la suppression des ex-conseils généraux laissent des espaces vides à combler. Grisé dans sa « période de grâce » il avait montré ses intentions en compagnie de Chevènement lors du cérémonial Erignac. Ce 4e statut sans conseils départementaux (ex-conseils généraux) est riche de leçons.

Il montre leur rôle important comme courroie de transmission dans le système : les maires étaient tenus en main et le pouvoir central via les conseils généraux leur donnaient les moyens d’entretenir leur clientélisme électoral. La suppression de cette poulie rend les élus locaux instables et à la recherche de guichets distributeurs de fonds. Les Maires et aussi les Institutions locales : CCI, chambres des métiers, Safer… Des nouvelles émergent comme le syndicat de l’énergie, les Comcom.., l’assemblée des maires…

Plus de corsets serrés à la taille (conseils généraux.), tout flotte, un défilé d’éléments politisés, escarmouches, guerres de tranchées avec le même slogan, « plus de démocratie » !

 

Les nationalistes n’y échappent pas. Leur majorité absolue obtenue par une coalition électorale possible par retrait de la lutte clandestine, a été faite d’autonomistes divisés par une fusion voté en congrès mais enterrée après 14 mois de palabres, avec le noyau indépendantiste de Corsica Lìbera, Fà Pòpulu Inseme, et une ouverture à 2 ou 3 élus non nationalistes. La coalition était toujours sous tension. Ses composantes ne pensaient qu’à être réélues. L’électoralisme aveuglait et neutralisait l’action à mener en commun pour le sauvetage historique.

Gilles Simeoni ne l’a pas reconduite. Il a fait le pari d’aller seul. Il l’a réussi. Et après ?

Jouer seul et sans parti pour mener le combat du sauvetage. Il a donc des cartes que j’ignore.

Miser sur des ouvertures ? Être en mesure d’en imposer à la République des jacobins et traiter la sortie du système ? Certes l’Europe évolue, celle des États a des difficultés mais elle peut mettre des décades à s’effacer, or pour la survie le temps est compté, le Peuple Corse est en pré agonie. Le territoire vidé, sa population remplacée. Bref, le schéma secret du rapport de l’Hudson Institut est à l’œuvre à bas bruit, la Terre change de mains, elle est une marchandise, le tourisme non contrôlé est le moteur de la dépossession car plus de touristes, plus de résidents secondaires, plus d’importations pour les nourrir, plus de bénéfices pour les productions extérieures et leurs financiers.

 

On devrait avoir un outil plus efficace que des élections « locales » qui ne donnent pas les moyens de sortir du trou, un parti organisé au sein du Peuple pour informer, recadrer les enjeux de survie, pour convaincre les Corses à s’engager. Pour obtenir de réels moyens l’autonomie, la coofficialité, la reconnaissance de l’existence du Peuple, ses droits pour exister, législatifs et financiers. La transhumance des vaches « primées », ou celles des vaches errantes. •