En attendant Macron…

Cet article est à l’impression mercredi, il paraîtra donc après la venue du Président de la République en Corse. Je publie ce passage du texte du manifeste du Cedic d’avril 1964. On pourra ainsi comparer la prévision faite il y a plus de 50 ans, le rapport avec la situation actuelle et, s’il parle de la Corse, les propositions qu’il fera.

 

Les 250 ans de présence française sont marqués par la même politique en Corse inspirée par l’idéologie jacobine.

De 1818 à 1913, la loi douanière qui taxe les productions venant de l’île et y laisse accéder librement ceux de l’hexagone.

Pendant un siècle donc asphyxie et autarcie de survie, un véritable blocus économique, suivie de la saignée de la Grande Guerre de 14-18 (12.000 morts et autant sans doute de blessés graves âgés de 20 à 50 ans tous procréateurs). Ainsi de 1818 à 1918 après un siècle tout rond dans le giron français, l’île a une faible production et manque de bras.

Une vingtaine d’années après, durée infime par rapport au temps historique, la Seconde Guerre Mondiale de 40-45 va être suivie à son tour de la décolonisation (accords de Genève par Mendes-France 1960 et après la guerre d’Algérie, baptisée « pacification », les accords d’Evian par le Général De Gaule en 1962. Or, précisément en  1962, la Corse est vidée, 160.000 habitants selon l’Insee, car elle a continué à servir de réservoir d’hommes pour les guerres coloniales et le maintien de l’Empire. Pris de court le gouvernement de De Gaulle, veut transférer la base d’essais atomiques du Hoggar à l’Argentella.

La Métropole réduite à elle-même, et à quelques îles dans les Caraïbes et l’Océan Pacifique, doit prévoir sa participation à la Construction Européenne. Elle pond des Plans d’actions régionales (PAR) pour ses territoires périphériques négligés lors de l’exploitation de son Empire colonial, PAR de 1958 qui pour la Corse envisage trois sociétés d’économie mixte :

– La Somivac pour développer l’agriculture, détournée au détriment des Corses pour accueillir 18.000 pieds noirs en exode.

  1. Rocard a dit à l’Assemblée Nationale que l’ordre était venu de Paris d’attribuer 90% des lots aux rapatriés.

– La Setco pour le tourisme qui avait le projet d’installer sur le littoral une chaîne d’une centaine d’hôtels.

– La société Sylvo-Pastorale qui n’a jamais vu le jour.

En fait rien n’a changé, rien ne change. Les plans, les schémas d’aménagement ont toujours les mêmes objectifs, ceux découlant de la Datar et du rapport de l’Hudson Institut qui prévoyait un raz de marée de constructions hôtelières en 10 ans, 200.000 lits et un apport massif de repeuplement de 70.000 nouveaux venus. La Datar voulait le tenir secret, l’ARC le dévoilant, il ne figure plus mais l’État le poursuit insidieusement. Il nous a toujours menti.

Il a appauvri l’île et nous a persuadés qu’elle était pauvre, pour ne pas la développer. Longtemps les Corses ont fait de l’auto colonialisme.

Ils se félicitaient de la tutelle de la France qui au prix de l’exode, de l’abandon de leur terre leur offrait des carrières, des emplois, des retraites. Les chansonniers allaient jusqu’à dire que la Corse était à l’abandon parce que les Corses préféraient être gardiens de prisons, douaniers ou croupiers, ou sergents…

L’État jacobin, a colonisé au nom d’un universalisme pour le bien de ceux qu’il a conquis par la force. Péché d’orgueil auquel a succombé un Jules Ferry, colonisateur sans complexe.

 

Rien ne change. Le tout tourisme, le tout construction, le tout spéculatif, et avec une diminution de 30% des charges, l’île est en moins de 20 ans, montée sur le podium des résidences secondaires… l’île malgré les discours sur le développement durable, sur le désert rural à combler, sur la cherté de la vie, et toutes sortes de plans en élaboration sans résultat, voit son Peuple en déclin, sa langue dont on veut faire croire qu’elle est aidée, qu’on peut la sauver, est considérée comme une langue en voie de disparition par les experts linguistiques : rapport de l’Unesco sur les langues régionales et minoritaires de 2003.

Sans les moyens législatifs et financiers de l’autonomie, les majoritaires natios sont sur une barque avec des trous, ils ne peuvent qu’écoper avec des bidons, ils ne font que retarder le naufrage ou plutôt sans la reconnaissance du Peuple Corse et de ses droits, le développement économique en cours de l’île ira à son terme sans Corses car sans liens ni droits reconnus entre eux et leur Terre. L’île peut-elle encore fabriquer des Corses de moins en moins nombreux et de plus en plus sans langue ni culture ?

Oui, le problème Corse est essentiellement politique et culturel.

Max Simeoni.

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