En tournée…

Chaque jour sont publiés lieux et horaires de la tournée des candidats, comptes rendus des réunions tenues la veille, ambiance… On bat la campagne : « je suis le meilleur dans mon parti… et pour la Corse… déterminé à faire bouger les lignes, croyez-moi…» Le chant du renouvellement monte de toutes parts : jeune, je secoue le cocotier, plus mûr, je redresse la courbe… Un chant de printemps Corse ?

 

Chaque candidat exhale sa foi en l’avenir de l’île pour faire oublier les déceptions des campagnes précédentes avec mêmes discours péremptoires, volontés affichées, déroulés sans épines pour caresser plus large. Il convient de renouveler l’espoir chaque fois.

L’électeur insulaire vote pour mais très souvent contre ce qui lui déplaît le plus, il choisit un moindre mal. Pris de colère il a voté ces temps-ci contre ceux qui promettent de casser la baraque et il a laissé le choix entre Le Pen et Macron. La poulie du système qui a paru foirer la première, le clan (municipales de Bastia et CT) a précédé de peu celle de la poulie centrale motrice à Paris (présidentielles), la première gravement défectueuse.

Les résultats du 11 et 18 juin donneront une indication sur les conditions d’une sortie de « crise». Une majorité pour le Président et de qualité pour « redresser la France » ? Quel sera le niveau de résistance des fracassés sur le choc mais qui refusent désespérément la noyade ? Après ces législatives l’enjeu des territoriales procédera du même esprit.

 

On pourrait penser que ce grand trouble serait favorable à quelques avancées notables pour des réformes souhaitées par les natios avec des Jacobins moins durs assaisonnés d’un zeste de girondinisme comme il est susurré.

Il serait donc bon de décrocher un ou deux députés «per sunà u curnu » au cœur du Parlement français. Un symbole fort certes mais à condition de ne pas perdre de vue l’essentiel : la survie du Peuple Corse reste menacée par les mécanismes économiques et démographiques mis en place par la République des jacobins qui continuent.

Économie ?

Tourisme, résidents secondaires, mitage, le bâtiment va bien près de l’eau et le long des axes routiers littoraux, terres agricoles et sites saccagés, etc.

Social ?

Mort clinique du rural central, 20.000 très pauvres, 60.000 très précaires…

L’emploi ?

Problème généralisé plus aiguë dans l’île qu’un développement économique annoncé depuis toujours va résoudre. La main-d’œuvre bon marché des émigrés permet aux entreprises d’être tant soit peu compétitives.

Le Préfet vient de rappeler qu’un recrutement préférentiel au prétexte qu’ils sont des autochtones est interdit par la loi, la préférence des corsophones de même au nom de l’égalitarisme républicain. Il a consulté Paris pour le formuler ainsi et si vite.

Le Padduc voté par la CTC, propositions faites à la demande du Président précédent est nul et non avenu. Tous les républicains en alternance au gouvernement disent oui au bilinguisme et non à la coofficialité, refusent le statut de résident, les lois ordinaires suffiraient contre les abus spéculatifs, quelque dérogation fiscale pour pallier la fin des Arrêtés Miot.

 

Ces éléments de rappel (il y en a d’autres) d’un constat régulièrement fait ici, pour remettre en question la politique des petits pas dans les institutions CTC, y compris demain à l’Assemblée unique en décembre ou celle de Paris.

Les petits pas des combats quotidiens par les associatifs devant les tribunaux, des militants culturels pour la langue corse, des organisations natios ou des progressistes, des candidats, sont méritoires et nécessaires mais ils ne sauraient suffire. Une ligne est à franchir pour espérer pouvoir entrevoir une reconstruction du Peuple Corse. En deçà on a rien même si on freine, au-delà tout est possible avec des efforts.

Il s’agit de la loi du tout ou rien.

Il s’agit de remplacer le système clan/jacobin par la reconnaissance de jure du Peuple Corse et de ses droits, de remplacer un système qui le niant le condamne à disparaître.

Le projet des natios se situe au niveau de l’Histoire. Il veut empêcher un drame historique. Il est bien au-dessus de la politique politicienne. La force indispensable réside dans la conscience de Peuple qui veut vivre et évoluer sans domination. L’effort des organisations natios est là à porter en priorité. La seule voie des élections est en deçà de la ligne historique à franchir.

Commençons donc par résoudre nos contradictions internes, sans perdre de temps. La ligne franchie pour un sauvetage enfin possible, une période de mise en place sera indispensable pour

faire tourner le moteur historique.

Une période de transition pour ne léser personne et permettre à chacun de la communauté de destin de s’adapter en toute connaissance de cause.