Le peuple corse ne doit compter que sur lui même

Fin de l’an et fin d’un an…

C’est la fin d’une année pour la majorité « natio » aux commandes de la CTC. Un bilan n’a pas de sens. On peut simplement exprimer un sentiment sur ce commencement, cet élan qui devra être validé par une prochaine élection territoriale pour avoir une suite sans savoir quand pourrait être atteint le but d’une Révolution pacifique qui n’en sera pas moins chaotique, difficile, un vrai parcours du combattant sans limite… pour la survie d’un Peuple…

L’impression est plutôt bonne et prometteuse. Des projets bien cadrés ont un début de mise en oeuvre. Pour n’en citer que deux, comme par exemple le principe d’une compagnie de transport maritime régionale par un montage privé/CTC avec une baisse des tarifs. Restera l’épreuve du temps pour juger. Ou le recul de la pollution des énergies fossiles par le recours au gaz dans les centrales du Vaziu et de Lucciana. En perspective dans un temps raisonnable par le relais aux énergies renouvelables en vue d’une autonomie énergétique de l’Ile qui a tous les atouts naturellement pour réussir : photovoltaïque, hydroélectrique, filière bois, éolien, et demain géothermie et turbines marines… L’énergie décentralisée, à bon marché, une condition majeure pour un développement économique et durable qui peut commencer avec l’encouragement des investisseurs privés (habitations…) et diminuer ainsi l’importance des investissements publics plus lourds (barrages, centrales photovoltaïques, éoliennes…). Autre sujet de soulagement, la transparence voulue et pratiquée par les élus natios pour rendre possible une démocratie véritable et se débarrasser du système clientélisme asservi à la république des jacobins. Ce faisant, elle a déjà permis de dépasser quelques cloisonnement clanistes stérilisant, une union de tous les parlementaires obtenant un délai de 10 ans pour les arrêtés Miot, délai qui sera utile pour avoir un statut fiscal. Par la transparence dans le dialogue, certaines inquiétudes des élus départementaux confrontés à l’assemblée unique en janvier 2018 ont pu être apaisées. La transparence donne de la lumière, elle est nécessaire à la confiance sans laquelle rien d’important ne peut se faire.

Même satisfaction pour l’ouverture sur le monde méditerranéen, une évidence déjà énoncée depuis longtemps, restée sans suite et reprise avec plus de crédit par les natios, l’union des îles dans la construction de l’Europe. Sur ce point comme d’autres, ils sont accusés de faire de la communication et du symbolisme à outrance. Pourquoi ce reproche ? Ils expliquent, ils prennent la mesure dans le concret, ils veulent convaincre leur bonne volonté sans attendre le feu vert des États qui reste à l’orange. Mais rien ne permet d’oublier l’énormité de l’effort à faire pour atteindre le but historique : le sauvetage de leur peuple rendu possible par sa reconnaissance légale. D’ores et déjà des convergences avec des non natios sont réalisées par réalisme, par nécessité ou simplement par évolution.

Le peuple corse est démographiquement petit, son rapport de forces ressemble à l’affrontement de David contre Goliath. Il a besoin de sang-froid, de détermination et d’adresse pour manier « a so sfròmbula ». La majorité élue fait figure honorable malgré le brouillard électoral qui recouvre l’hexagone et l’île. La confusion qui règne dans le système électoral jacobin, l’impuissance qui saute aux yeux ressemble à une fin d’époque, hors jeu par rapport à la construction européenne et à la mondialisation dans tous ses aspects (fragilité des banques, dette énorme de l’État, flux migratoires incontrôlables, etc.) Quid des trois piliers basiques du Padduc ? La coofficialité est rejetée. Sera-t-elle possible après les présidentielles ? Le rapport de forces pour amener l’État à modifier la Constitution est insuffisant. Or sans coofficialité le déclin de la langue est inexorable. Je le répète, il faut lire le rapport de l’Unesco de 2002/2003 sur les langues minoritaires pour en être définitivement persuadé. Être contre la coofficialité et/ou se contenter d’un bilinguisme sans base juridique intangible, c’est faire preuve d’esprit polémique jacobin ou d’une prétention égale à une ignorance sidérante. Même vue pour le refus d’un statut de résidence proposé pour enrayer la spéculation immobilière et ses dérives. Les lois ordinaires, nous dit-on, peuvent suffire. Pourquoi elles ne sont pas appliquées depuis que cette délinquance est connue ? Les plastiquages contre les associatifs d’U Levante luttant uniquement sur le terrain judiciaire pour faire respecter la loi soulignent les carences des autorités voire leur cynisme. Les jacobins purs et durs rêvant du tranchant de la guillotine pour égaliser toutes les différences, sont-ils complices des hors-la-loi de l’immobilier et du blanchiment d’argent ? «C’est par la tête que pourrit le poisson» selon un proverbe chinois. La multiplication des affaires à la capitale, incite à le penser. L’égalitarisme républicain empêche-t-il que certains s’enrichissent « sans cause », que beaucoup d’autres s’appauvrissent, et que ceux qui travaillent sont pressurisés d’impôts, de taxes et de réglementations alors que la dette publique s’accroît dangereusement.

Le peuple corse ne doit compter que sur lui même, et en luttant il trouvera des appuis, des alliés… Les natios vont-ils co-signer les ordonnances, ou les encaisser avec des réserves ? Quelles garanties avec un nouveau président de la république? Aucune, sauf celles qu’ils seront capables d’imposer ! Il ne faut pas laisser traduire notre droit de peuple « différent » par une accusation soit disant de communautarisme archaïque et discriminatoire, voire fascisante. Ne sommes-nous pas les héritiers de Pasquale Paoli ? Accueillir on l’a toujours fait. Pour continuer, il faut exister. Cette accusation est l’alibi qui voudrait de victimes faire de nous des coupables et nous condamner au silence de l’inexistence, du néant. L’égalitarisme républicain est le masque de l’injustice pour nous. Le faire tomber aux yeux de tous les Corses reste l’action principale.