E riflessioni di Max Simeoni

Jusqu’à quand pourra-t-on y croire ?

Max Simeoni
par Max Simeoni
À la veille des fêtes de fin d’année, les parents vont faire des efforts pour que leurs enfants aient un Noël heureux, comme la plupart ont dû l’avoir, ne serait-ce que pour retrouver un peu de leur âme d’enfant. L’insouciance sera incomplète. Les problèmes s’accumulent et l’incertitude grandit. Certes pas autant que lors des guerres mondiales de 14 et de 40. Les gouvernants, les acteurs économiques vivent presque au jour le jour incapables de se mobiliser pour des projets à moyen terme.

 

La campagne présidentielle a des candidats non déclarés, à part Marine Le Pen. Macron sortant se déclarera sans doute quand il connaîtra les concurrents réellement possibles, déclarés ou pas. En attendant, il communique dans les secteurs de ses attributions, à l’international en particulier : la visite au Pape au Vatican, ou la pose souriante avec le Premier Ministre italien pour un axe européen en remplacement d’Angela Merkel retraitée ; à Marseille, il veut rassurer contre la drogue criminelle et l’insécurité. Pour le Covid19 et les mutants, il pousse son gouvernement à agir. Il est souvent au Panthéon pour exalter la « grandeur » et les héros de la République. Il se prépare pour y accompagner Joséphine Baker. En fait, il est en campagne, mais ce temps ne lui sera pas compté. Eric Zemmour, après un départ médiatique tonitruant, sans cette couverture, est dans l’obligation de se montrer dans la France profonde. L’expérience de journaliste éditorial y est moins profitable, et il peut se mettre un doigt dans l’œil.

Le PS est comateux. Anne Hidalgo tourne pour regrouper la gauche. Mélenchon ne démord pas. Les Verts Écologie ont choisi entre cinq postulants, le plus en vue, Yannick Jadot. LR va désigner son candidat parmi les cinq qui débattent. Il y aura pour les quatre éconduits des déceptions. Des règlements de compte en perspective. La Ve République voulue par De Gaulle à la fin de la guerre pour redresser la France, ne pas être un satellite des USA et se débarrasser de la chienlit des partis de la IVe, est une institution devenue obsolète. Il avait voulu un Exécutif fort, directement élu par le peuple, et un agencement électoral qui portait les partis à se regrouper à Droite et à Gauche pour garantir une majorité parlementaire stable à son gouvernement. La cohabitation a été le premier signe d’un retour des partis impuissants. Pour sortir de leurs sables mouvants, on a déjà vaguement envisagé une VIe République ; mais quand ? Et qui peut ouvrir un tel chantier ? Il faudra sans doute une crise majeure pour une nouvelle donne institutionnelle possible.

 

Quel horizon pour l’île sous statut n°4 Cazeneuve et à majorité « absolue » d’une coalition nationaliste en morceaux, devenue celle du seul Gilles Simeoni qui a une multitude d’opposants, depuis ceux qui conservent un espoir dans la résurrection des centrales électorales à Paris où ils pourraient se raccrocher ? L’élection dans cinq mois du Président Élyséen aura sans doute éclairé leur lanterne, du moins en partie, mais le chemin à parcourir reste long. Les législatives assez proches en juin 2022 vont poser problème. Pour reconduire les résultats des députés de Fà Pòpulu Inseme et celui indépendantiste, il faut un accord, sinon il y a risque de perte. Le renouvèlement des élus à la CdC se fera bien plus tard. Gilles Simeoni a la main, mais le problème qui se posera à sa réélection, s’il est candidat, sera : par quelle majorité élargie et enracinée sera-t-il porté ? Et c’est vrai pour tout autre candidat éventuel. Le pronostic est, sur ces points essentiels, le même pour l’ensemble politicien insulaire. L’incertitude et les mouvements imprévisibles qui en découlent.

 

Les gestionnaires nationalistes sont confrontés à une foule de problèmes dans l’urgence. Il leur est reproché « de ne rien faire ou pas assez ». Les déchets, qui sont multipliés par les emballages plastiques, entre autre, de la société de consommation. Des tonnes d’aliments à peine consommés ou périmés sont jetés à la poubelle, qui pourraient éviter de nombreux décès par famine et manque d’eau, en Afrique notamment… Les incendies menaçant, et stérilisant les terres devenues arides, détruisant la biodiversité… Un tout tourisme ne faisant que pousser à l’extrême cette consommation débridée. La partie traitable localement de ce problème n’a de sens que s’il est pris à la source et c’est le rôle de l’État central de commencer. Celui de l’action des gestionnaires locaux s’inscrit dans cette chronologie en complément pour avoir un sens d’efficacité et d’équité.

Les immigrés plus ou moins clandestins qui coulent en Méditerranée et dans la Mer du Nord, avec femmes et enfants, que les États d’Europe sont incapables de refouler ou d’aider, puis parvenus en fin de voyage dans les États européens, sont voués aux boulots pénibles mal rétribués et mis en ghettos, délinquance pour survivre, drogue et insécurité à la suite.

 

Ainsi pour tout le reste. La vie la plus chère de France, la plus pauvre des régions, un tourisme de villégiature pour riches à villas secondaires qui bénéficient d’un dégrèvement de 30 % des charges pour leur constructions à « valeur locative » ! Une terre réappropriée, une pression spéculative, un glissement vers l’avenir de la mafia…

Les transporteurs se disputent la DSP, la compagnie régionale est en passe d’avorter. Les discours des influenceurs et des dirigeants varient de nature pour un même problème. Il est dit économique quand le politique veut se défausser, ou l’inverse quand les acteurs économiques veulent se soustraire à des contraintes ou espèrent des aides ou des subventions.

Des courtes vues conduisant à des impasses. À la baisse de la première vague de la pandémie, les agents touristiques de l’île s’indignaient quand l’Exécutif a proposé un Green Pass qui aurait pu freiner l’arrivée des touristes, alors que cela aurait maintenu l’île à l’abri pour la suite et aurait été une destination recherchée. Ces agents chantaient victoire avec un automne positif qui avait rattrapé les débuts difficiles de l’été et y voyaient le rêve d’un étalement de la saison. Or aujourd’hui, faute de précautions, de Pass, la Corse est devenue zone rouge et le commerce des fêtes de fin d’année plombé autant que le pouvoir d’achat des résidents.

 

« Gouverner, c’est prévoir », dit le dicton, populaire depuis longtemps.

Encore faut-il avoir les moyens réels de gouverner, législatifs et financiers. L’autonomie interne de plein exercice est la priorité pour sauver le Peuple Corse sur sa Terre. Les mandats pour gérer une institution insuffisante sont comme les perles de verre colorées que les colonisateurs distribuaient aux indigènes contre leurs mines d’or.

Que veut-on laisser à nos enfants ? Le sort que mérite notre terre insulaire, les efforts de nos ancêtres pour s’y accrocher même après la mort ? Ou un bord de mer et son piedmont à l’horizon, un rural désertifié occupé par des vaches primées, errantes et maigres, une nouvelle transhumance, et jouent de la corne dans des villages vidés ?

Si j’exagère, c’est par inquiétude. Mais néanmoins j’espère, je l’avoue, un miracle pour nos petits enfants qui rêvent d’un Père Noël. •