La fusion tardive (suite)

Le 29 juillet, la volonté d’une fusion des trois composantes des «modérés » s’est exprimée avec la force d’un grand espoir.

J’ai, dans le précédent numéro d’ARRITTI, dit ma crainte quant au retard pris. Ma participation à l’un des quatre ateliers destiné à préparer un projet de statut n’a pas levé cette crainte malgré la bonne volonté des participants divers, militants, sympathisants, syndicalistes, entrepreneurs…

 

On sent que la logique de la fusion pour accroître la dynamique est gênée aux entournures par des considérations d’équilibre entre composantes et le désir d’ouverture. L’élection que le calendrier impose est un premier test difficile même si l’Assemblée Unique n’est pas encore suffisante pour le but historique : le sauvetage du Peuple Corse. Elle n’en est pas moins importante dans la mesure où elle achève le démantèlement des clans que l’État jacobin nourrit alors qu’il cherche pour s’adapter à élargir une régionalisation hexagonale sans changer la nature de sa Constitution religieusement jacobine.

L’Assemblée Unique gérera avec davantage d’argent. Elle pourra amortir le déclin mais sans pouvoir législatif elle ne pourra pas éliminer la domination économique et culturelle qui tue le Peuple Corse.

 

Les « équilibres », chacun y pense, sont traités par les dirigeants, au sommet, et par leurs gardes rapprochées dont la plupart sont des élus à la CTC notamment et ont laissé des organisations encore plus inorganisées.

Les ateliers vont produire des statuts mais en fait une coordination composée de 10 élus et de 10 représentants des trois modérés va faire les choix définitifs qui seront soumis au Congrès. Le PNC va faire son AG le 24 de ce mois, va-t-elle poser quelque amendement pour le 8 octobre ?

Ce dimanche 16 septembre nous apprenons que l’accord pour une liste unique avec Corsica Libera est réalisé. Pour l’avenir proche c’est une bonne nouvelle puisqu’il renforce la voie démocratique où toutes les idées peuvent s’exprimer. La violence clandestine est une logique de guerre qui échoue si la majorité du Peuple n’en veut pas. D’ailleurs Camille de Rocca Serra pour rester dans le jeu, privé de cette violence FLNC pour justifier son retour et sa différence, veut placer l’élection de décembre sous le dilemme indépendance contre statut conforme à la République. Son alliance avec… Mondoloni lui donne un coupe-file pour une élection qui ne concerne que l’île. Fillon hors-jeu, il n’a plus d’ascenseur parisien. Il a saisi l’occasion de l’annonce d’autodétermination faite par le PNC pour remonter sur l’échiquier.

De même, Jean Zuccarelli veut «ouvrir» et «améliorer le statut» mais dans la République. Tous les deux sont dans l’esprit d’un front commun Républicain en difficulté et à la recherche d’un défaut dans la cuirasse des natios.

L’autodétermination me paraît un faux problème. S’il y a reconnaissance du Peuple Corse, elle va de soi. Est-elle à usage interne aux natios pour faire montre d’une fermeté sans faille ? L’État macronien est jacobin jusqu’à preuve du contraire et son girondisme régionaliste un parfum de circonstance.

 

La fusion faite depuis le haut cherche à respecter les équilibres de l’alliance électorale qui a occupé la place des clans écrasés sous les décombres des partis hexagonaux et par une certaine ouverture, à améliorer le score de 2015. Elle retarde si elle ne la compromet pas l’émergence d’un vrai parti capable d’arracher en 5 à 10 ans l’autonomie et la reconnaissance du Peuple Corse.

Le schéma raisonnable aurait été d’avoir fusionné il y a quelques années quand les modérés l’avaient reconnu comme indispensable.

Les AG des trois modérés auraient décrété leur dissolution et le Congrès constituant d’un seul parti donnant les garanties de fonctionnement démocratique sans être obnubilés par l’électoralisme. Ce qui aurait été possible, avec un an de délai devient une gageure à trois mois d’un vote d’Assemblée Unique qui va encore davantage brouiller les cartes par un saut dans le noir.

 

La fusion sera décrétée par le Congrès mais le parti unique restera virtuel tant que ses instances ne seront pas en place et que tout l’ensemble ne sera pas rodé.

Ce sont donc les éléments en place lors de la campagne de 2015 qui vont faire celle de décembre prochain, qui vont discuter avec le gouvernement de l’Assemblée Unique, des « territoires » remplaçant les conseils généraux, des transferts de compétences et des financements.

Reste à souhaiter qu’ils mutent dans leurs têtes complètement avant le retour de nouvelles élections régionales dans toute la France.

Espérons que l’effet d’annonce du Congrès n’ait pas à pâtir des dosages de la liste unique.

Max Simeoni.