Le Peuple Corse en déclin accéléré

Le Padduc voté sous la présidence de Paul Giacobbi avec Maria Giudicelli est repris par la majorité « absolue » des natios qui lui succède comme base de discussion avec le tout neuf et inattendu Président de la République masqué en girondin mais qui s’est révélé vite un jacobin sans concession.

Au-delà du Padduc, la mission de tous les natios reste d’assurer la survie du Peuple Corse sur sa Terre, en obtenant sa reconnaissance par la loi et l’autonomie. Le projet historique est totalement incompatible avec la constance de la politique française royale de conquête ou de la République de dogme jacobin. Pendant plus de deux siècles la France continue dans le même sens.

Depuis cinquante ans la prise de conscience des natios a émergé, ils se sont engagés et ont fini dans la lutte par comprendre le dilemme dramatique de cette incompatibilité. Or rien ne change qu’en apparences.

Inique et désastreuse loi Douanière coloniale un siècle durant (1818-1913) qui ruine l’économie agro-pastorale, réservoir d’hommes pour les guerres (12.000 morts et de nombreux handicapés en 14-18) et exil organisé pour l’encadrement de l’Empire colonial…

Après la guerre de 39-40, la fin de la colonisation avec la perte de l’Algérie, l’État français en repli alors que l’Europe est en gestation, doit se recentrer sur ses seules capacités hexagonales.

C’est son Plan d’Action Régionale (PAR) en 1958 qui donne pour la Région Corse deux Sociétés d’économie mixte la Somivac et la Setco pour les développements de l’agriculture et du tourisme.

La première distribuant 90 % des lots aux Pieds noirs amènera les natios au « choc d’Aleria » qui fera dire que « plus rien ne sera comme avant ». Pour le tourisme la haute administration à un Plan secret que l’ARC dévoilera (rapport de l’Hudson Institut) qui consiste pour les intérêts français à entreprendre un développement massif (200 à 300.000 lits et 70.000 techniciens du tourisme) à réaliser en 10 ans.

Après la politique du réservoir d’hommes qu’elle a vidé (160.000 habitants en 1960 selon l’INSEE), l’État veut rentabiliser l’île à son profit par le tourisme.

Toujours dans une logique coloniale.

Il doit cependant réduire les protestations des Corses qui se renforcent malgré tout, malgré des erreurs. Il use tantôt de la répression légale et barbouzarde, tantôt d’ouverture par des statuts « particuliers » qui ne sont que des statuts insuffisants (Defferre, Joxe, Jospin, et dernièrement l’Assemblée unique de Cazeneuve) égrenés en 35 ans depuis l’alternance de Mitterrand en 1980. À signaler : le référendum local de Sarkozy saboté par ses amis politiques de droite craignant une baisse de postes électifs.

 

La phase actuelle a commencé par l’effondrement du système des partis à Paris alternant ou cohabitant dans la Ve République et le surgissement à la Présidence de Macron qui en parallèle coïncide avec la majorité « absolue » à la Collectivité de Corse. Le nouveau Président face à cette majorité natio n’a plus le choix. Il manoeuvre vite pour bâillonner l’Assemblée Unique dans un art 72-5 au prétexte «d’arrimer » la Corse dans la République, il laisse les natios dans l’illusion qu’ils ont le consensus de presque tous les Corses, qu’ils sont incontournables et légitimés par le suffrage universel. Le FLNC arrêtant son action, ils pensent que toutes les conditions sont remplies pour un début de négociation sur les propositions du Padduc. Le Président abat son jeu à la cérémonie de l’anniversaire de la mort d’Erignac. Le représentant de l’État affirme avec violence que le jacobinisme est l’ADN de la République, et qu’il ne saurait en être autrement, que des élus locaux, fussent-ils majoritaires, ne font pas les lois.

L’avertissement est clair, donc ils ne la feront jamais. Des statuts, mais jamais d’autonomie. L’Assemblée unique sera ce qu’il voudra, et mieux : il se sert de sa mise en place pour tenir en laisse les élus majoritaires et mener les conditions d’une usure renforcée. Rien du compromis Padduc.

Le bilinguisme sans la coofficialité est plus qu’un leurre, c’est une escroquerie. Il suffit de lire le rapport de l’Unesco de 2002/2003 sur le danger de disparition des langues régionales et minoritaires pour le comprendre.

Le statut de résident contre les ravages de la spéculation foncière immobilière voulue par l’État pour servir les intérêts extérieurs. Il est un voeu mort né. La fiscalité pour sortir de la suppression des Arrêtés Miot en préservant tant soit peu le patrimoine familial et rural est obsolète. Le petit patrimoine à la casse pour le «marché » republicain.

 

Ce dimanche 14 octobre à 23h30, après avoir envoyé une partie de mon article à finir lundi matin (date limite pour l’imprimerie), je prends connaissance d’un communiqué du PNC suite à sa réunion de ce jour.

Je suis troublé par des sentiments divers.

Un grand étonnement d’abord de voir que le PNC veut un partage égal, PNC-Inseme, pour structurer Femu a Corsica. On continue l’alliance électorale? Pas de grand parti unifié démocratique à mettre en place pour tenir le choc face à la fermeture et à l’hostilité du pouvoir jacobin républicain, équivalent à un combat au finish pour la survie du Peuple Corse sur sa Terre ?

La colère ensuite de constater une erreur qui obligatoirement devient celle de l’ensemble autonomiste démocratique.

Une grande tristesse finalement devant un tel gâchis réalisé par des militants qui aiment la Corse mais qui ne réalisent pas que le danger de disparition de leur Peuple ne fait que croître.

Max Simeoni.

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