Le virus électoraliste

Le virus électoraliste continue de sévir. Il couvre toute la période de l’élaboration du Padduc jusqu’à la fusion annoncée tardivement des trois composantes des modérés à deux mois et demi du vote pour l’Assemblée Unique.

 

Les organisations à potentiel électoral, insuffisant pour gagner les élections en solo, devaient compter sur celles moins pourvues. Lesquelles au besoin faisaient sentir leur capacité de nuisance. Exercice de transmutation courant bien rodé autour des urnes. Cet aspect « chantage » est toujours fait au nom des « valeurs ». Logique de rapport de force dans les mêmes familles pour le pouvoir et la notoriété, les deux vont de pair.

L’abnégation pour les « idées » étant plutôt rare.

Les «modérés » n’échappent pas à la règle. Ensemble avec tous les natios et les progressistes, ils font voter le Padduc largement. Ils n’ont aucune différence mais restent divisés en trois toutes ces années tout en déclarant qu’ils vont fusionner.

Ils traînent les pieds pour en dernière minute déclarer urbi et orbi que la fusion sera officielle lors du Congrès constituant du 15 octobre à deux mois et demi du scrutin. Sur la lancée de la victoire municipale de Bastia, ils avaient eu la majorité à la CTC puis ils ont décroché trois députés sur quatre. Cette percée foudroyante est le travail de sape des clans des décennies durant par les natios, et l’arrêt de la clandestinité du FLNC a débloqué un frein. Dans la conjoncture de l’effondrement des clans lié à celui de l’Élysée total, inattendu, révélateur de la fin du système Ve République laissant un seul parti pour le moment celui de Macron.

Ce passage surprise de l’opposition à la gouvernance de l’institution aurait dû balayer les dernières « hésitations » et favoriser le passage de l’union à la fusion.

Eh bien non… pourquoi ? Aucune explication à haute voix n’est formulée. Serait-ce inavouable ?

Ce jour, dimanche 24 septembre, le PNC tient son AG. Ce soir fumée blanche ou grise ?

De toute façon ces retards non expliqués car non raisonnables ont de sérieuses conséquences.

La fusion sera décrétée le 15 octobre, avec les principes et les statuts de la nouvelle organisation écrits noir sur blanc.

Mais Femu a Corsica restera virtuelle.

Sa mise en marche ne peut pas se faire pour l’heure.

Elle est remise à plus tard, à quand on ne peut dire.

La presse a fait connaître les premiers de la liste pour décembre: Gilles en tête, Nanette Maupertuis, Jean-Christophe Angelini, Josepha Giacometti et Jean-Guy Talamoni en 5e position.

Il est dit par des militants que l’accord s’est fait au sommet entre dirigeants et que le quota de chaque composante est fixé selon les résultats obtenus pour la CTC. La composition de la liste Femu sera délicate, en interne des tiraillements peuvent se faire jour, l’inclusion de nouveaux à accueillir au nom de l’ouverture complique l’ordre des placements sur la liste.

 

On procède suivant la logique d’avant la fusion. La logique démocratique d’une fusion serait de s’entendre sur les statuts, les procédures, en particulier les candidatures internes et électives dans les institutions, puis de dissoudre les composantes et repartir à zéro avec l’esprit de construire un outil efficace pour le combat au service du Peuple Corse. Le 15 octobre on ne peut changer que la vitrine. On fait une promesse différée mais on fait une élection avec la même sauce. Femu a Corsica est une grossesse prolongée à risques pendant laquelle en fait la majorité actuelle va négocier avec le pouvoir central les tenants et les aboutissants de l’Assemblée Unique et dès le lendemain commencer sa mise en place avec l’imbroglio de la Chambre des territoires, de l’intercommunalité, du redéploiement des personnels et des élus. Toutes ses nouveautés administratives, financières, juridiques, etc. peuvent être l’occasion de continuer à jouer avec les cartes obsolètes.

 

Chercher la faute ? Elle est élémentaire au point d’en être abasourdi.

La percée natio a été d’ampleur inversement proportionnelle à l’effondrement du système claniste et parisien d’une Ve République sans pour autant que le jacobinisme ait disparu.

L’issue de la lutte reste en suspens et les succès électoraux sont des leurres si on les prend pour argent comptant. L’outil qui reste encore à faire est celui d’un parti au sein du Peuple comme un poisson dans l’eau gagnant toujours plus de Corses motivés et éclairés sur les dangers toujours en cours et les moyens de les écarter et sans se laisser abuser par des mesures octroyées insuffisantes, comme par exemple le bilinguisme sans la coofficialité.

L’inorganisation démocratique des natios doublée du choix du tout électoral a conduit à une perte de temps grave au moment crucial où l’effondrement est favorable.

Dans ce contexte, avec des adversaires clanistes au tapis, le capital « électoral » devenu prépondérant fait bonne figure par le charisme de quelques-uns, et celui de Gilles particulièrement. Certains initiés critiquent cette «dominance ». Or c’est la carence et l’incohérence démocratiques des natios dans leur ensemble qui la permettent. Faute de mieux, on ne peut que s’en satisfaire.

Il reste donc à réussir au mieux ses élections pour l’Assemblée Unique et se ressaisir chacun et ensemble pour l’essentiel, le nouvel outil à confectionner sans plus tarder, celui qui émancipera notre Peuple.

Après ces élections ? On attendra (Macron aussi attend…).

En attendant, je prie.

Max Simeoni.