E riflessioni di Max Simeoni

L’électoralisme ? La grande illusion…

« RENFORCÉS ». Titre en gros caractères à la Une de Corse-Matin de ce lundi 29 juin, au lendemain du 2e tour des municipales pour illustrer les mairies gagnées par les nationalistes et en particulier la citadelle Roccasseriste de Portivechju enlevée haut la main par Jean Christophe Angelini. Si les quelques jours qui viennent seront occupés par les mises en place des maires, des conseils municipaux fraîchement élus, les ComCom vont être un enjeu électoral et politique important pour la suite du cycle électoral, les Territoriales dans huit mois, à moins que l’Élysée ne décide de les reporter d’un an…

RENFORCÉS électoralement c’est évident, les ėélecteurs des différentes composantes des natios ont fait bloc contre les restes de l’ancien système des clans reliés aux partis centralisés de Paris. Simple bon sens devant le risque d’aggraver les divergences internes et de perdre. La leçon d’Aiacciu a dû être intériorisée suite au renforcement victorieux de Marcangeli qui a tiré bénéfice de ce genre d’erreurs. La crainte l’avait rendu prudent. Il se consacre uniquement à sa ville, avait-il répété puis fort de son succès sur le champ, qu’il regarderait plus loin, Territoriales ? Législatives ?

 

Après le stress d’un long suspense, la griserie de la victoire débloque les freins et délie les langues. Le renforcement politique dépendra de ce que les natios feront de leur succès électoral. Vont-ils reprendre l’électoralisme dans ce cadre institutionnel qui ne permet pas d’atteindre le but historique qui leur incombe, le sauvetage de leur peuple et le développement durable de son territoire, l’île ? Ou vont-ils organiser leur force au sein de leur peuple pour arracher l’autonomie à l’État jacobin ? Ce qui impliquera la reconnaissance de son existence et de ses droits dont la coofficialité sans laquelle une langue finit par disparaître. Le rapport de l’Unesco de 2002/2003 sur les langues régionales ou minoritaires le dit clairement.

 

Rester dans le cadre des statuts particuliers revient à cautionner la disparition du peuple corse. Or, la situation critique où il a été amené implique une œuvre politique d’importance et de long terme. Il faut réparer des dégâts considérables. Il faut stopper la colonisation qui se poursuit. Réanimer sa démographie par une économie qui crée des emplois et donnent les moyens d’échanges plus équilibrés avec l’extérieur. Sortir de la dépendance d’un tourisme qui draine l’essentiel des bénéfices pour les financiers des productions extérieures, agro-alimentaires, de la construction, des résidences… qui pousse à davantage de consommateurs donc de touristes estivaux et de semi résidents, à davantage de flux de populations au détriment du fond autochtones vidé après deux siècles de réservoir d’hommes pour les guerres et l’Empire colonial. 160.000 habitants en 1962, année des Accords d’Evian mettant fin à la « pacification » en Algérie. 18.000 pieds noirs accueillis avec 90 % des lots agricoles distribués par la Somivac.

L’autonomie interne est incontournable pour sortir de cette colonisation. Elle donnera les moyens pour sortir de l’aliénation mais ne dispensera pas des efforts à faire pour réparer les dégâts.

En rester à ses jeux électoralistes dans le cadre fallacieux des statuts particuliers d’une régionalisation sous le joug de la déconcentration préfectorale, c’est être inconscients ou complices. On a expérimenté la violence clandestine, en Corse elle sert le jacobinisme et divise les Corses. Il reste la révolution démocratique citoyenne. Elle est le passage obligé pour avoir l’autonomie Interne complète et de plein exercice si on veut sauver notre peuple.

 

Gagner des élections pour ne faire que perpétuer les statuts de chaînes qui entravent, est irresponsable et indigne de notre mission. Il faut bien plus. Il convient de convaincre ce qui reste de notre peuple de la nécessaire décolonisation par l’autonomie interne et de convaincre les plus en difficulté, les « précaires », de notre solidarité plus par des actes qu’en paroles, et que leurs enfants pourront avoir un avenir de liberté, de dignité, de solidarité chez eux et dans la diaspora.

L’outil est le parti politique à faire dans ce but sans se fourvoyer dans un électoralisme débile.

Le cycle en cours des élections ne le permet pas mais y réfléchir d’ores et déjà est utile pour démarrer vite. Si les Territoriales sont retardées, le créneau d’un an pourrait être une fenêtre de tir. Fêtons pour l’heure ce « RENFORCÉS » électoral comme une promesse du sauvetage dans l’histoire de notre peuple.