E riflessioni di Max Simeoni

L’électoralisme, un mal qui rend idiot

par Max Simeoni
Le Covid19 crée un malaise continu pour les dirigeants politiques et dans tous les secteurs de la société. C’est mondial. Les États européens prennent des mesures différentes alors qu’ils ont des surplus de virologues éminents pour les éclairer.

L’Allemagne a, ce matin, fermé ses frontières. Ce virus, à lui tout seul, indique que l’Europe est loin d’être achevée et que le couple franco-allemand mal attelé tire à hue et à dia. Si l’on pouvait retenir la leçon, ce serait un mal pour un bien. Mais la mémoire de l’homme est courte surtout celles des politiciens plus enclin à faire des promesses pour être réélus ou des polémiques pour se trouver des excuses sur le dos des autres. Les dirigeants cherchent à anticiper pour limiter les dégâts. Ils en sont pour leurs frais. Des échéances électorales proches, qui ne peuvent être retardées, s’imposent. Par quels bouts les prendre? L’opposition à Paris pour investir l’Elysée est en totale méforme. Le corps électoral mécontent est dans le marasme.

 

En Corse, la majorité «absolue» des natios subit les coliques internes des coalitions en mal de se reconduire ce qui n’est guère propice à une mobilisation des électeurs. L’électoralisme et le Covid19 s’épaulent. Les contradictions des natios facilitent in fine le jeu de l’ennemi idéologique commun, la République des jacobins qui n’a jamais voulu reconnaître l’existence du Peuple Corse et de ses droits. Les différents Statuts particuliers (Defferre, Joxe, Jospin…) ne sont pas des avancées vers une Autonomie mais des manœuvres pour noyer le poisson. Le dernier en cours, celui de Caseneuve, qui a vu la majorité «absolue» de la coalition des natios en prendre la direction le prouve. Ils emploient toute leur énergie à se faire réélire et ils n’ont aucun levier pour s’attaquer à des réformes structurelles pour essayer de sortir de l’aliénation colonialiste de l’État français qui prend la forme d’un tout tourisme dominant profitant surtout à des producteurs et des financiers extérieurs à l’île. Ce tout tourisme est voulu, calculé, il n’est pas une génération spontanée même si des Corses en vivent et quelques uns s’enrichissent. Il est mis en œuvre par l’État républicain suite à une expertise commanditée par la Datar en début des années 1970. Dévoilé par l’ARC, l’État a fait mine d’y renoncer mais l’a continué en douce. Tous les chiffres l’accablent.

L’île du «tourisme moteur du développement économique» dépend à plus de 97% de l’importation de tout ce qu’elle consomme pour se nourrir, s’habiller, ou la construction d’une maison, importation qui bénéficie de la DSP, ex Continuité Territoriale qui devait soulager le prix du transport et «alléger le caddie de la ménagère». Or la vie est «plus chère» que sur le continent. À qui profite ce «moteur de l’économie» quand la population est l’une des plus pauvres de tout l’hexagone et qu’elle comporte 60.000 précaires et autant de pré-précaires dont le nombre risquent d’augmenter avec l’épidémie.

 

Cette possibilité de schéma, évoqué dans le rapport de l’Hudson Institut mais non recommandé par lui, prévoyait en outre un développement touristique rapide et massif en une quinzaine d’années, à construire 250.000 à 300.000 lits avec 70.000 agents techniciens à faire venir. Autrement dit la noyade finale du Peuple Corse déjà à l’étiage puisqu’en 1960, il ne restait que 160.000 habitants. C’était le résultat de la politique de la République quand elle en faisait un réservoir d’hommes pour les guerres et l’encadrement de son Empire colonial.

Le projet est clair. Ce tout tourisme qui représente plus de 30% du PIB insulaire n’est pas au profit des autochtones. Plus il y a de touristes, les importations augmentent. Moins il y a de Corses, plus de garanties pour les importateurs.

Le remplacement des habitants «historiques» par des allogènes s’est amplifié. Dans les trente dernières années la population est passée de 160.000 à 320.000 habitants essentiellement par des nouveaux venus. Les «demeures à valeurs locatives» exonérées d’environ 30% des charges de construction ont fait la région insulaire championne de toutes les régions de l’hexagone.

 

À qui profite ce tout tourisme? À une île pauvre où la vie est plus chère qui construit beaucoup de villas et qui accueille beaucoup de nouveaux venus en peu de temps?

Le profit n’est-il pas plutôt pour les importateurs extérieurs dans une politique cynique typiquement coloniale qui comme dans les colonies de son Empire vient au prétexte de les aider, de leur apporter le progrès de la modernité et les valeurs de sa civilisation universelle.

La question réelle à poser est à qui profite le crime? Les Corses ne se la sont jamais réellement posée. Ils ont été roulés dans la farine. On leur a trop facilement fait croire que l’île était naturellement pauvre, que l’exil était une nécessité et qu’ils avaient la chance d’être intégrés à un pays riche et généreux. Et ils l’ont en général bien servi par reconnaissance et souvent au prix du sang versé.

Quand ils ont commencé à réclamer de les aider à préserver leur langue et leur culture, il leur était fait le reproche de particularisme plus ou moins xénophobe, voire raciste. À cela les natios ont répondu par la formule «Corses d’origine et Corses d’adoption» persuadés qu’ils arriveraient à lever cette accusation et confiant dans l’idée que «la Corse a toujours fabriqué des Corses».

Ils ont du mal à croire que la finale de cette politique n’est pas d’accueillir ni de refuser l’hospitalité, ce qu’ils ont toujours su faire, à qui venait en ami ou en simple visiteur mais tout simplement de céder la place pour disparaître. Je tiens à dire pour ceux qui ne me connaissent pas bien, que je ne suis habité d’aucun sentiment xénophobe et encore moins raciste. Exactement aux antipodes parce que je suis contre l’injustice. C’est la raison pour laquelle je ne condamne pas les individus qui débarquent sans arrogance car ils sont des pions d’un système politique. C’est ce système qu’il faut comprendre pour le dénoncer et mieux le combattre sans faire d’injustices. Ce qui passe par la prise de conscience de la majorité de notre Peuple et non par un électoralisme pour des mandats aux pouvoirs de réforme très limités.

 

Une seule voie pour s’en sortir: un Parti uni démocratique au sein du Peuple Corse qui aura su gagner la majorité d’abord des Corses, des amis de la Corse et des progressistes au vrai sens du terme.

Le courant autonomiste est de nos jours le mieux placé pour l’initier et offrir des garanties démocratiques à tous les autres courants nationalistes, pour que le Peuple Corse maîtrise mieux son destin et son tourisme, ne plus se laisser dévoyer dans l’addiction électoraliste et obtenir, par la force du Peuple, l’Autonomie interne et sa reconnaissance de Peuple Corse et de ses droits à vivre. •