L’euthanasie est en marche, seule la force du Peuple…

La force réside dans la volonté de survie du Peuple • Or, les autonomistes n’ont pas réalisés leur fusion, votée à l’unanimité le 15 octobre 2017 • Ces engagements doivent être respectés • Et s’il existe quelques raisons valables à cet escamotage il convient d’en débattre • Le passé de lutte et de sacrifice d’I Guardiani di a memoria, des militants plutôt âgés, leur donne le devoir de souffler dans un culombu pour alerter des dangers que fait courir la chienlit en interne.

 

Cinquante ans d’effort nationaliste pour, en deux ou trois scrutins, déboucher aux pouvoirs : mairie de Bastia, majorité absolue à la CdC, parachevée par trois députés sur quatre.

Quelle que soit l’importance favorable que l’on peut accorder aux circonstances extérieures (effondrement parallèle du système électoral des clans et des partis gauche-droite alternant à Paris…), la République reste une pyramide jacobine rigide constitutionnelle, politique, administrative, même si on a pu croire que l’émergence de son nouveau et jeune Président pourrait ouvrir une porte sur la reconnaissance du Peuple Corse et l’autonomie interne.

 

Il a vite fallu déchanter

La mise en scène de l’anniversaire des vingt ans de l’assassinat du préfet Érignac signifiait violemment la fin des illusions.

Autant l’émotion de Mme Erignac et de ses enfants appelait à la compassion, autant la volonté systématique de faire disparaître le moindre symbole de la Corse était un acte jacobin d’autorité agressive. Aucun drapeau corse. Rencontre avec les élus hors les locaux de la CTC. Présidents placés au second rang… Ce ne sont que des “élus locaux” a expliqué le Président républicain couronné.

Malgré tout, nos élus n’ont pu s’empêcher de penser que la cérémonie avec Chevènement comme héros était un message pour rassurer la préfectorale et toute l’administration, et pour se préserver d’un surcroît de demandes des autres régions de l’hexagone. Bref, pour tenir les cartes en main et maîtriser la négociation aux moindres frais avec les majoritaires insulaires.

Aujourd’hui, le recul permet d’affirmer que la cérémonie Érignac a été un tacle d’arrêt, prélude d’une politique d’usure.

Le travestissement girondin est une rouerie pour une réforme de régionalisation conforme au dogme et au pouvoir républicain centralisateurs.

 

L’article 72-5, un vasistas

Le souci d’avoir un front insulaire le plus largement consensuel, illusion dissipée aujourd’hui, a conduit à renoncer à la fenêtre de l’article 74 pour passer par le vasistas d’un article 72-5. Le Premier ministre a clairement dit qu’il serait sous le contrôle du Parlement pour les propositions d’adaptation des lois ou règlements qui seraient faites dans les domaines de compétences qui seront reconnues par une loi organique, dans un an au plus tôt. On ignore ces compétences et les moyens financiers inhérents. Elles sont à négocier dans le style qui a présidé pour l’art.72-5. Et les financements selon le coût, au coup par coup après accord ponctueI. Imaginez les parcours des mécaniques du Parlement et du Sénat : plusieurs commissions concernées pour chaque projet admis, navettes, avis du Conseil d’État, maîtrise du temps requis et du calendrier par la majorité présidentielle.. Pastoghjie di catene !

 

La situation est alarmante

Pour faire échec à cette stratégie d’usure du moins la limiter il y des impératifs à prendre en compte: garder la confiance des Corses qui ont donné par leur vote la majorité aux natios et en accroître le nombre par un comportement démocratique et de solidarité exemplaires. Faire oeuvre d’une pédagogie adaptée à la grande entreprise d’un développement durable capable d’assurer la survie d’un Peuple Corse en proie à toutes les dominations politique et administratives jacobines, financières et spéculatives immobilières et mafiosantes sous prétexte d’un tourisme “moteur d’un développement économique”. Celui-ci, en réalité, sert les intérêts extérieurs et étouffe les productions locales jusqu’à l’asphyxie. Il augmente la dépendance et l’aliénation des insulaires, les rend accrocs à l’assistance sociale jusqu’à leur extinction.

 

La confiance des Corses

Il n’y a là aucun hasard, ni aucune fatalité. Il a suffit de dire que tous sont égaux devant la loi pour faire l’impasse sur les droits naturels d’une communauté historique.

Ce sont les fruits vénéneux du jacobinisme républicain, celui qui s’est voulu Empire colonial en mission civilisatrice. En l’île de Corse, pas de droits spécifiques, aucune existence légale. Le 72-5 ferme la porte de l’autonomie et de la reconnaissance du Peuple. L’euthanasie est en marche.

La seule force réside pour un petit Peuple dans sa volonté de survie et dans sa connaissance lucide du danger pour le combattre efficacement. Y parvenir malgré le niveau d’épuisement auquel le système l’a réduit (60 000 très pauvres, presque autant de précaires, un nombre important d’assistés qui donnent un PIB paraissant presque rassurant…) rendent la tâche des élus natios périlleuse. Il n’ont pas les prérogatives nécessaires et les besoins sont pressants.

Un chemin de croix (?) pour faire comprendre et pour faire au mieux malgré tout.

Comprendre que l’autonomie n’est que le seul moyen d’en sortir, et que si on l’obtenait il faudrait un temps pour une mise en place progressive, que la reconnaissance du Peuple Corse est vitale car s’il y a un Peuple il a des droits.

 

Débattre ouvertement

Nous sommes dans une impasse, pour en sortir il faut la mobilisation de toutes les forces potentielles que le Peuple Corse porte en lui. Dès lors un manque de cohérence des forces natios est lourde de conséquences car elles sont les seules à pouvoir les mobiliser. C’est le cas pour la partie principale des autonomistes, les “modérés ” qui après leur Congrès du 15 octobre n’ont encore pas fait leur fusion qui a été votée à l’unanimité des plus de mille présents et qui ont adopté des statuts. Certes les tractations avec Paris ont pu freiner un instant les élus CTC. On peut le penser mais aucune explication n’a éclairé les militants. Des rumeurs, des alibis circulent qui créent un mauvais climat. Ce qui par contre explique la venue au créneau d’I Guardiani di a memoria. Ils estiment que les engagements pris publiquement et unanimement doivent être respectés et que s’il y a quelques raisons valables à cet escamotage il est un devoir d’en débattre ouvertement et si besoin de faire (c’est mon avis) une AG extraordinaire pour cela. Ces militants plutôt âgés ont un passé de lutte, de sacrifice qui leur donne plus que le droit mais aussi le devoir de souffler dans un culombu pour alerter des dangers que fait courir la chienlit en interne.

Max Simeoni.

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