E riflessioni di Max Simeoni

Se ressaisir avec un peu de lucidité

Max Simeoni
par Max Simeoni
La « majorité absolue » de la coalition nationaliste est, si on en croît la rumeur, en pleine tractation pour savoir à quelles conditions elle peut aller aux élections Territoriales dans deux mois. Rien n’est défini publiquement. Cependant, le temps est compté pour l’expliquer et mener campagne. Les incertitudes font que le militant ou le sympathisant de base se pose des questions. Une simple reconduction ? Avec en gros le même partage des responsabilités et les mêmes hommes ? Une ouverture plus ou moins ? Sans oublier l’incertitude du Covid19 qui pourrait faire reporter les élections on ne sait pas trop à quelle date !

 

Le temps est compté et le choix des moyens de faire une campagne électorale, sans proximité interdite par le virus, dépendra aussi de la configuration électorale des composantes nationalistes. Elles augmentent les risques d’un recul à trop tarder à éclairer l’opinion. Or, leur mission « sauver le Peuple Corse menacé de disparition » n’a que faire de ces jeux politiciens. C’est une dérive pour ne pas dire une perversion de l’idéal patriotique de leur mission. Les leaders nationalistes en ont-ils conscience ? Se chamailler pour n’être que des « élus locaux qui ne font pas la loi » dans des statuts spéciaux qui ne le permettent pas, c’est perdre un temps précieux et augmenter les chances du projet jacobin de la République.

La lutte du sauvetage passe par tous les moyens. Les élections en font partie mais à condition qu’on mobilise davantage de Corses pour la cause plus que pour des jeux électoralistes. Oui il faut pouvoir faire des lois ou les modifier pour bloquer cette descente et commencer à remonter la pente. Une reconnaissance de l’existence d’un Peuple Corse avec son Autonomie pour construire son destin est le préalable à tout espoir. Contrairement à ce que disent les anti- ou non nationalistes, il ne s’agit pas d’une sorte d’obsession institutionnelle idéologique. C’est un impératif vital, donc prioritaire. Toute action des nationalistes doit tendre à en faire prendre conscience à un maximum de Corses pour les faire s’engager.

 

Cette lutte pour la survie de notre Peuple ne peut pas être facile. La survie implique de bien connaître la menace et d’avoir une détermination complète et collective pour la mener. De faux arguments sont avancés. Par exemple « vous avez le pouvoir, vous êtes majoritaires, occupez-vous de problèmes concrets… les déchets, les transports, la vie chère, la saison touristique, les aides aux secteurs économiques en proie à la crise sanitaire et économique… et chercher le dialogue avec l’État pour le mieux. » En fait, ces propos veulent faire porter la responsabilité de tout aux nationalistes. Ils sont piégés dans les problèmes de l’immédiat, qui sont pénibles et nombreux. Ces propos ont comme sources la méconnaissance ou le plus souvent la malveillance de ceux qui les tiennent.

Inutile d’épiloguer sur les malveillants. Ils sont irrécupérables. Quant à ceux qui ignorent les raisons de la situation de l’Île, ils sont nombreux, me semble-t-il, et c’est l’élément capital que la pédagogie des nationalistes devrait prendre en compte. C’est similaire à l’éducation thérapeutique qui est préconisée de nos jours par les médecins pour traiter les maladies chroniques nombreuses avec le vieillissement de la population. Le malade doit connaître assez sa maladie pour appliquer le mieux possible les prescriptions dans son intérêt.

 

Il faut faire comprendre aux Corses que les maux de leur Peuple ne sont pas dus à une évolution vers la modernité ou au hasard de l’Histoire. Ils sont le résultat d’une politique de 252 ans de présence française ; depuis Ponte Novu en 1769, le plan Terrier du Roi de France, puis la Révolution de 1789, soit 232 ans de cette même politique, dont 95 (de 1818 à 1913) lui imposant la fameuse loi Douanière. Conséquence : le non développement de l’Île et sa position géopolitique incluse uniquement dans l’État républicain. Elle servira de réservoir d’hommes (guerre de 14-18, 12.000 morts et de nombreux estropiés âgés de 20 à 30 ans, des procréateurs, saignée démographique) puis l’île non développée continuera à jouer le rôle de réservoir pour encadrer le vaste Empire colonial de la République. À la chute de cet Empire (Accord d’Évian en 1962 établissant l’indépendance de l’Algérie) le réservoir est vidé, l’île a 160.000 habitants, tous corsophones et la plupart vieillissants. L’État la destine au tourisme pour s’insérer dans le projet de la Construction de l’Europe. Mais selon l’un des quatre scénarios du rapport secret de l’Hudson Institut commandité par la Datar, le scénario qui a comme conséquence la disparition du Peuple Corse (250.000 lits à créer en 10 ans et la venue de 70.000 agents spécialisés). Ce projet secret dénoncé par l’ARC, l’État le nie pris la main dans le sac. Mais il le poursuit. Tout le prouve.

La population de 160.000 hab. en 1962 est passée à 330.000 hab. de nos jours. Accroissement qui a eu lieu par l’apport de nouveaux venus surtout dans les 30 dernières années après l’accueil des 18.000 Pieds Noirs en exode après Évian en 1962. La dilution du fond « ethnique » du Peuple Corse s’accélère. Elle s’accompagne d’une appropriation rapide de la terre avec une croissance des résidences à « valeur locative » par une diminution de 30 % des charges à la construction.

 

On est perplexe, c’est le moins qu’on puisse dire, quand on voit les composantes nationalistes se laisser enfermer dans ce piège grossier de l’électoralisme, de jeux de coalisés en mal d’être réélus à tout prix. Ils n’ont pas de Parti organisé pour s’atteler à leur mission historique. Ils se réduisent à jouer le jeu de petites Nomenclatures qui lassent et désespèrent les patriotes et les amis de la Corse.

J’ose espérer qu’un peu de lucidité va permettre à tous de se ressaisir pour sortir de ces élections au mieux avec le souci d’avoir à faire cet outil efficace pour une cause noble, celle d’un petit Peuple qui a le droit de vivre, de lutter contre les dominations qui n’ont que faire de son existence. L’outil efficace reste à faire, tamantu duvere ! •