Statuts « ni chèvre, ni chou »

On pensait, du moins je pensais, que le statut provisoire de la desserte des ports insulaires par les compagnies maritimes avait résolu le problème des grèves maritimes à répétition, déclenchées depuis le port de Marseille. Erreur…

 

La grève maritime en cours prouve ma complète erreur :

blocage des navires par les employés, interdiction d’accoster par la Préfecture, recours judiciaires insistants de la Méridionale pour annuler le résultat de l’appel d’offre de l’attribution des lignes à desservir et de la répartition de l’enveloppe de continuité territoriale.

Les conséquences immédiates sont spectaculaires. Passagers excédés bloqués à bord ou expédiés dans un autre port, marchandises en souffrances (chaînes du froid, date de péremption, retards de livraisons…).

Les conséquences pénalisantes en début de saison, et à terme pour le tourisme. Qui aimerait prendre le risque de voir gâcher ses vacances de cette façon ?

 

La question primordiale qui se pose est de savoir pour qui sont faits les transports d’une île.

Pour les compagnies ? pour leurs personnels ? Ou pour les habitants et le développement économique de l’île ?

L’enveloppe de continuité territoriale a été inventée pour « soulager le panier de la ménagère », or la vie est plus chère et la population est globalement la plus pauvre de France et de Navarre, le développement économique piétine, malgré le tourisme baptisé « son moteur économique »…

Les compagnies transportent les touristes et les marchandises produites ailleurs pour les nourrir et nourrir les habitants à demeure qui sont dépendants à plus de 97% de l’économie extérieure.

Elles n’ont pas vocation à structurer une économie pour l’île et ses habitants mais de servir celle en cours, celle de l’économie dominante productive et distributive (transports, grandes surfaces, camionnages…).

C’est leur logique normale.

Les commerces de centre ville en souffrent, épiceries de quartiers, ventes de fringues…

 

Il en sera toujours ainsi tant que les conditions qui découlent de la Constitution du jacobinisme républicain seront la loi comme cela l’est depuis 250 ans. Pas de droits de Peuple Corse, il n’existe pas légalement. Loi Douanière pendant un siècle et réservoir vidé d’hommes (Guerres et Empire colonial), 160.000 habitants en 1962, fin des colonies (guerre d’Algérie et Accord d’Evian 1962), Construction européenne en perspective, l’île non développée et dépeuplée est vouée au tout tourisme, le rapport de l’Hudson Institut pour la Datar dévoilé, la même destination continue en douce par la défiscalisation des constructions locatives, le résultat est que l’île est championne en moins de 10 ans des résidences secondaires…

 

Il en sera toujours ainsi tant que l’île n’aura pas un statut d’autonomie pleine et entière de sa communauté historique, son Peuple reconnu. Les plus de 50 années de lutte politique des natios ont obtenu des statuts insuffisants pour le sauvetage du Peuple Corse en voie d’élimination programmée. Elles ont même débouché sur une majorité « absolue » à l’Assemblée Unique dernier statut de Cazeneuve après ceux de Defferre, de Joxe, de Jospin. Statut qui se met en place et qui n’est pas bien encore défini dans ses compétences, ses moyens financiers et ses procédures mais avec l’État du Président Macron qui a déclaré la guerre à cette majorité natio issue du suffrage universel.

La même politique mais ouverte et agressive. Faute de pouvoir endormir les Corses avec des statuts spéciaux et visiblement spécieux à l’usage, le progrès des idées corsistes, la majorité natio irritent l’État jacobin, l’inquiète d’autant plus que le FLNC a déposé les armes, que la violence politique ne peut plus lui servir à botter en touche. Alors que la voie démocratique s’impose à tous il use de tous les moyens pour réduire les avancées politiques des natios. S’il n’a pas recours pour le moment comme dans le passé aux barbouzes, il attise les tensions espérant des conflits entre insulaires.

Il y aurait à l’Elysée une cellule constituée pour affaiblir et si possible réduire la majorité natio. Le premier visé étant Gilles Simeoni.

C’est bien une guerre qui ne dit pas son nom.

Alors pourquoi les natios semblent- ils faire comme si le danger n’était pas urgent, qu’ils avaient des atouts décisifs en main et qu’il n’y avait plus que des mandats électifs à se disputer et des chapelles pour se propulser ?

Aveuglement ou pire, renoncement plus ou moins fataliste et alibi de pragmatisme.

 

Notre culture rurale familiale s’éteint, la ville et ses banlieues littorales, les résidences secondaires poussent comme des champignons individualistes mais il reste, pour encore nombre d’insulaires, un pays très beau qu’on nous envie, à léguer à nos enfants, qui peut les inspirer d’être heureux chez eux et être les artisans d’un mode de début de civilisation qui équilibre une modernité de progrès techniques et de solidarité humaine, des sentinelles et des gardiens du temple. Préparons nos enfants à prolonger notre mission si nous voulons assurer la vie du Peuple heureux que nos parents espéraient pour nous fortement et confusément.

Max Simeoni.

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