Tuttu andarà megliu ?

S’ellu hè difficiule di dì tuttu va bè, pudarebbe dìssisi chì tuttu andarà megliu ? Personne ne peut être satisfait mais pour des raisons différentes qui dépendent d’a priori sur le but recherché.

 

La liste des récriminations proférées est commune : transports maritimes, terrestres, vie chère malgré l’enveloppe de Continuité Territoriale, essence et gazole de même malgré raréfaction de TVA, tourisme «moteur principal du développement » qui tousse, agriculture aux abois… Tous les acteurs réclament « l’aide » des autorités de l’État, de la Région, de l’Europe pour tenir ou pour créer. Oui elles viennent, saupoudrer ou par tranches échelonnées… Elles sont de règle insuffisantes, lentes (paperasserie, bureaucratie, financements croisés…). Temps perdu, argent perdu. En fin de programme, la situation a évolué et on est toujours en retard d’une guerre…

Le PEI par exemple, des «millions, des millions », quelques améliorations certes, pour constater ce qui manque pour combler le retard en infrastructures qui avait justifié cet « effort » de l’État qui concède une petite rallonge pour faire accepter le tarissement de ces fonds en période de crise…

Un autre exemple.

Il y a 40 ans, Gaston Deffere perce le tunnel de Bastia pour libérer la circulation asphyxiée.

Rien n’est résolu malgré la quatre voies de sortie récente. Le parc automobile ne fait que croître. Plus de voitures, plus de villages dortoirs, plus de résidences secondaires dans le piedmont, de ronds points coûteux qui fluidifient mal, de constructions banlieusardes, de commerces, de hangars échelonnés le long du littoral, recul des espaces agricoles et des espaces protégés du bord de mer, gâchis des sites.

Et quelle est l’idée relancée pour en sortir, par des politiques et la CCI qui gère ports et aéroports et encaisse les taxes : le grand port à la Carbonite qui sera, s’il se fait, dans 10 ou 40 ans… et les grandes idées sans effets positifs durables n’ont jamais manqué.

La nouvelle municipalité natio de Bastia cherche à fluidifier avec les petits moyens dont elle dispose à court terme (amendes, stationnements payants, transports navettes…) en espérant dégager des moyens nécessaires à son programme électoral.

Les politiques ressassent les mêmes clichés incantatoires.

Quel est le nonagénaire qui n’a pas entendu parler de la filière bois au moins une fois chaque année de sa vie? On peut continuer à survivre en espérant ?

Avec les moyens institutionnels actuels, on peut arracher quelques miettes de temps de sursis et se laisser bercer de plans mirifiques qui se sont le plus souvent révélés pervers à leur mise en œuvre comme celui de la mise en valeur agricole dans la plaine orientale stoppé à Aleria en 1975. Le peu d’agriculture restante a été « aidée » sinon elle aurait été réduite au potager dans le jardin du retraité. Les terres agricoles subissent de nos jours l’emprise de la spéculation foncière immobilière, tolérée par l’État.

Ses agents ne se paient pas de mots et en investissant d’abord sur les terrains faciles à la construction ils réalisent un développement linéaire le long des routes dense de style banlieue auquel les jeunes générations s’habitueront ou auront peu chance d’y remédier.

L’Adec a créé «Corsica statistica » pour fournir des données utiles sur les évolutions économiques et éclairer les entrepreneurs et les décideurs. Le problème est en amont même si l’initiative a son utilité. La question à se poser est de savoir pourquoi, quoi qu’il soit dit ou qu’il soit fait, on reste dans le marasme. À des résultats identiques et constants, il y a en simple logique, les mêmes causes profondes qui provoquent les mêmes maux (désert rural, exode massif, choc migratoire…)

L’explication natio est la seule qui existe. La Corse a été conquise par les armes d’un Roi de France le plus puissant de son temps, le Peuple corse a été nié par la République jacobine impérialiste à vocation « universelle » devenue la seule propriétaire légitime selon sa loi de ce territoire insulaire et en disposant selon ses besoins : géostratégiques, ses matières premières (forêts, minerais, amiante…) et surtout comme réservoir d’hommes (colonies, guerres…) et tout récemment accueil de l’exode des pieds noirs puis tourisme de masse (Hudson Institute et Setco).

Mis à mal par ce jacobinisme républicain où l’école a joué le rôle de lavage de cerveau et de dévalorisation de tout trait identitaire, nié, désorienté, le Peuple corse encore vivant a fini par réagir, par protester, par dénoncer, par réclamer justice. Il s’est débattu et ce faisant il a pu faire quelques erreurs mais dans ce rapport de force il a la raison du faible, de l’opprimé qui veut faire prendre fin à l’injustice, qui refuse la loi du plus fort, le droit de vivre digne tout simplement. La première étape est franchie, les natios ont la légitimité du suffrage universel mais il faut attaquer une autre étape, celle de la reconnaissance par loi de l’existence du Peuple corse et de ses droits d’avoir les moyens législatifs et financiers de l’assurer. La voie démocratique s’impose, démocratie participative, transparente et solidaire. Elle est imparable dans ces temps glauques et médiocres. Il convient d’éviter la négociation qui freine, qui hypothèque l’avenir, sous prétexte de réalisme à la petite semaine. Négocier est indispensable, prendre le peu qui est accordé mais qu’il soit clair que le compte n’y est pas. Ainsi pas de surprise pour quiconque et ne pas à avoir attendre trop longtemps pour pouvoir rebondir car le temps est compté pour la simple survie du Peuple.

Les natios ont fait au mieux, ils ont dégagé des options opérationnelles pour le rural, l’énergie, les transports, les échanges internationaux et méditerranéens etc.

Ils doivent pour être crédibles gagner encore plus de confiance en convaincant par les arguments et par l’exemple. Tamanta Strada à fà ! Ma si pò fà più prestu a siconda tappa cù assai sudore.

par Max Simeoni