E riflessioni di Max Simeoni

Un outil pour obtenir l’autonomie

Max Simeoni
par Max Simeoni
Les lecteurs ont dû remarquer que je n’avais pas fait mon article dans le précédent numéro. Je leur présente donc mes vœux di Pace è di Salute pour eux et les leurs.

 

Nos ancêtres savaient que Salute et Pace étaient des biens primordiaux au point qu’ils leur avaient consacré le premier de l’an pour les exprimer liés ensemble dans cette formule. Car tout le reste dépendait de chacun et avec la santé on pouvait rebondir en cas d’échec ou de difficultés. Un problème de santé passager, la cause de ma défection, ne m’a pas permis de donner à temps un article pour l’imprimerie.

J’en profite pour vous demander de soutenir notre hebdomadaire (renouveler votre abonnement  à temps, et si possible trouver des abonnements nouveaux ne serait-ce que deux ou trois dans votre entourage). Le mérite est grand de Fabienne, François, Ange, Mathieu et Vanina qui ont pris la suite de Marco longtemps aux avant-postes !

Je reprends donc avec le premier article de 2022 sur un ton moins critique. Rassurez-vous je ne suis pas devenu un optimiste béât ! Je vais énoncé quelques idées d’un développement durable applicables en Corse pour les trois grands secteurs : tourisme, agriculture, PME/TPE.

 

D’abord maîtriser le tourisme. Il faudra dégager les moyens pour y parvenir et une fois obtenus du temps pour mettre en place les nouveaux axes du développement durable.

Le GR20, Mare et Monti et les quelques autres moins connus, seront accompagnés par tous les sentiers de nos ancêtres quand ils se déplaçaient à pieds ou à cheval d’un village ou d’un vallée à l’autre. Ils sont, le plus souvent, recouverts par le maquis. Les routes, où les cabriolets avaient accès, étaient limitées.

Il y a là de quoi tresser un maillage de promenades aux profils les plus variés en distances et en dénivelés, du plat de la côte orientale et des plages de la côte ouest jusqu’au sommets de la chaîne centrale qui culminent à 2.000 mètres pour beaucoup d’entre eux. Donc, pour tous les niveaux, des jeunes sportifs aux plus âgés aimant se promener. Il y a de quoi donner un aspect de vie, en faire une terre fréquentée par des hommes valides et en partie sortir de la désertification qui s’étend malgré toutes les aides ou subventions qui ne peuvent que gérer la misère.

 

On se doit de freiner la surfréquentation qui arrive pour empêcher la destruction de la biodiversité. Cette crainte doit être levée par un corps de guides écologiques qui encadrent les promeneurs, les surveillant et au besoin collant des amendes à ceux qui jettent leurs déchets n’importe où mais surtout qui les instruisent sur les caractéristiques des différentes régions et ou agglomérations qu’ils traversent, sur la flore et sur la faune spécifiques. Un tas de dispositions pour en faire une terre de développement durable exemplaire pouvant servir d’exemple à d’autres. Des emplois et des vocations en perspectives pour nos jeunes valorisés dans ces missions au service de leur Terre. On pourrait même imaginer limiter les demandes, en étalant bien les possibilités et les sites. On pourrait de même avoir des contrats avec des écoles ou des institutions de jeunesse de l’Île, du continent ou ailleurs dans le monde pour des stages sportifs et écologique qu’elles pourraient valider.

Rares sont les territoires qui peuvent offrir, par exemple, un circuit comme du ski au lac de Ninu, une descente en parapente à Portu le matin et du ski nautique l’après-midi ou toute activité marine (nage, plongées en eaux profondes, tous les surfs sur la mer ou dans ses airs…) et parachutages en plaine, en mer, en montagne… aéroclubs pour visiter nos voisins et voir l’Île d’en haut, la prendre en photo du lever au coucher du soleil…

Ce n’est là qu’une petite partie des possibilités de notre territoire insulaire, de notre « montagne dans la mer ». Il en existe bien d’autres qui serviraient à un développement touristique durable, parce que maîtrisé.

 

L’agriculture est mal développée car maîtrisée par des intérêts extérieurs, en particulier les centrales d’achats du continent. Un agrimuculteur nous disait il y a quelques jours, dans un interview dans Corse-Matin,  qu’il vendait toute sa production à une centrale d’achat de Marseille et qu’ensuite il n’avait plus son mot à dire quant au prix. Ce circuit a comme résultat pour le consommateur insulaire, touriste comme autochtone, de payer en grande surface le double du prix de la clémentine, production emblématique de l’Île. Plus il y a de touristes, ce marché qui est maîtrisé par les centrales d’achats de l’extérieur, plus elles engrangent des bénéfices. Ce qui fait que le tourisme pèse à hauteur de 20 % sur le PIB insulaire. C’est énorme, des autres régions à vocation touristique de l’Hexagone, seules quelques-unes enregistrent 6 à 7 %. Cela marque bien l’insigne faiblesse de tout le reste de l’activité économique. Mais la vie y est « plus chère » et la Corse est notée par l’Insee comme la plus pauvre de l’ensemble français. Avec un tel cynisme de qui se moque-t-on ? À qui profite toutes ces aides sociales pour aider les miséreux ? À quoi servent donc toutes les actions humanitaires des ONG locales ?

Toute l’agriculture est à revoir et l’élevage aussi. La prime à des vaches soit-disant transhumantes, le plus souvent divaguantes, fait des bêtes qui commencent à s’ensauvager et jouent de la corne dans les villages vides surtout l’hiver. Un escadron de cow boys pour les maîtriser, des emplois d’avenir ?

 

Les PME et les TPE, celles productives hors tourisme, sont « aidées ou subventionnées » mais elles ne font pas une activité motrice, c’est soit-disant le tourisme qui est le moteur du développement. Affirmation gratuite.

La leçon à retenir est globale, elle concerne tout. Pas d’économie structurée sans maîtrise de ce tourisme voulu par l’État et les finances (voir le schéma de l’Hudson Institut  commandité en secret par la Datar en 1971-1972 dénoncé par Arritti).

Les moyens de la maîtrise du développement durable de la Corse, tourisme en premier, est de faire la loi, d’avoir les moyens législatifs et financiers par l’autonomie interne.

Le pouvoir législatif par l’autonomie interne, chacun le comprend. Une grande partie du pouvoir financier, la plupart en doute et restent persuadés que rien n’est possible sans des fonds de l’État. On pourrait, comme les Basques, percevoir l’impôt et reverser à l’État la part qui lui revient pour l’exercice des domaines régaliens qu’il exerce en Corse. Les Catalans ne l’avaient pas voulu lors des discussions pensant que ce pouvoir de l’impôt serait mal perçu. Ils en sont de nos jours à demander l’indépendance qui leur posent des problèmes avec l’État espagnol et entre eux, bien plus aléatoires et périlleux.

 

Le préalable passe donc par une autonomie entière et de plein exercice pour les besoins d’un peuple sur son territoire (lois, règlements, coofficialité de sa langue). Elle pourrait négocier des contrats avec des partenaires privés ou des régions pour certaines activités utiles au développement durable. Elle doit donner des garanties de sécurité à l’État républicain et aujourd’hui à tous les pays de l’Europe en voie de construction, que l’Île ne soit jamais un point d’appui de menace contre eux. Cela revient à dire que la situation de dépendance actuelle doit se faire en sifflet pour, par étapes, atteindre l’autonomie interne, sans trop de casse et de sacrifice. Ce qui est à négocier lors des discussions préalables à sa mise en place.

Le pouvoir autonomiste devrait permettre d’utiliser le retard pour dans certains secteurs, être à la hauteur de la révolution numérique en créant des espaces attractifs pour des chercheurs de très haut niveau en faisant des villas pour leurs séjours et leurs familles, des équipements pour leurs colloques et toutes les formes modernes de communication pour leurs échanges et leurs déplacements à l’extérieur c’est-à-dire dans toutes les régions d’Europe et du monde où ils feraient des conférences, des séminaires, appuyés si besoin à l’Université où ils pourraient faire, s’ils le voulaient, quelques cours.

Cette autonomie, pour l’arracher à l’État jacobin, a besoin d’un outil et non pas d’élections dans le cadre des statuts particuliers, le 4e de Cazeneuve après celui de Deferre, de Joxe, de Jospin sont autant de faux pas vers plus d’autonomie mais nous enferment dans la dépendance.

L’outil est celui d’un parti au sein du peuple conçu pour le responsabiliser et lui permettre d’obtenir cette autonomie. Au prochain Arritti je m’expliquerai sur cet outil. Les élections il faut certes les faire mais seules elles ne permettent pas le projet historique des nationalistes de sauver leur peuple menacé de disparaître. •