Catalunya

Drapeaux au vent

Le 11 septembre est la fête nationale catalane, et tous les ans la Diada est l’occasion d’une manifestation colossale du mouvement indépendantiste dans les rues de Barcelone. Cette année la manifestation s’est séparée en cinq sites, une à Barcelona, une à Tarragona, capitale du sud, une à Lleida, grande ville de l’ouest, une à Salt dans la banlieue de Girona, capitale du Nord, et une à Berga, ville de 15.000 habitants au pied des Pyrénées.
Au total, plus de 800.000 personnes ont défilé derrière le mot d’ordre « A Punt », c’est à dire « fin prêts » pour déclencher le processus de séparation avec l’Espagne selon la « feuille de route » votée par le Parlement catalan et sa coalition majoritaire formée par Junt pal Sì, l’alliance formée par CDC et ERC, et la CUP mouvement indépendantiste d’extrême gauche. La participation est à nouveau colossale, même si elle est moindre que la manifestation record de Barcelona l’an dernier (1.400.000 manifestants).
Politiquement, la Diada, portée par le très puissant mouvement associatif et culturel catalan, avait pour objectif de mettre fin à la crise entre CUP et le reste de la coalition, CUP ayant menacé de refuser de voter la confiance au Président Puigdemont le 28 septembre prochain. Cédant à la pression, CUP a décidé de conforter le gouvernement formé par ERC et CDC, mais, dans le même temps, une certaine tension a été perceptible à travers des débordements inhabituels dans ces manifestations marquées par une organisation réglée dans ses moindres détails.
Pour les Catalans, l’année 2017 est l’An un de la marche vers l’indépendance. Encore fallait-il que la coalition ne déraille pas en route, et la Diada a réussi à la remettre sur les rails avec un savant dosage dans la responsabilité des défilés régionaux, celui de Berga étant organisé par une municipalité conduite par la CUP.
La Présidente du Parlement catalan, Carme Forcadell, est inquiétée par la justice espagnole après le vote, « illégal » selon Madrid, de la déclaration d’indépendance adoptée au lendemain de l’élection de septembre 2015 qui a vu une majorité indépendantiste siéger au Parlement catalan. Elle pourrait être prochainement destituée par décision de la Cour Constitutionnelle espagnole, ce
qui entraînera un durcissement notable de la majorité indépendantiste. Face à ce risque, la manifestation de dimanche dernier a été rejointe par Ada Colau, la mairesse de Barcelona issue de Podemos, le seul parti espagnol qui soutient la tenue d’un referendum sur l’indépendance en Catalogne.
Le choc frontal avec Madrid, s’annonce proche, et chacun choisit son camp. D’ici la Diada du 11 septembre 2017, bien des choses se seront passées et les Catalans n’ont pas fini de se mobiliser pour défendre leur pays.