Palestine

L’arme du boycott

La lutte pour la libération du peuple palestinien qui ne peut jouir de ses droits nationaux dans un État stable et garanti dans ses frontières, est une cause qui mobilise dans le monde entier, et en Corse aussi. L’association Corsica Palestina organisait ainsi une réunion d’information avec la participation de l’ambassadeur de Palestine à Paris, Monsieur Salman El Herfi.

Depuis plus 20 ans, les accords d’Oslo, puis l’assassinat d’Izthak Rabin, l’État israélien viole sans cesse l’esprit et la lettre du processus de paix, systématise la colonisation de peuplement, et chaque année apporte son lot du mépris affiché par les gouvernants israéliens pour le droit international.

Israël viole les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU, mais il jouit d’une impunité garantie par le soutien des USA. Les enjeux internationaux sont tels que les Palestiniens, malgré leurs sacrifices, malgré leurs milliers de combattants morts au combat ou emprisonnés pour des décennies, restent impuissants à faire valoir leurs droits.

Les évolutions récentes du Moyen Orient rendent leur lutte encore plus compliquée. La tâche des militants palestiniens, quand le terrorisme de Daech brouille tous les messages, et renforce encore la position d’Israël aux yeux des Occidentaux qui comptent sur sa capacité militaire pour combattre le fanatisme islamiste, est devenue très complexe : comment créer un nouveau rapport de forces sans basculer dans une incrimination de « terrorisme » qui aussitôt obscurcirait les raisons de leur colère ?

 

Cette colère ne faiblit pas : expropriations par pans entiers de territoires dévolus à des colonisations israéliennes par des fanatiques religieux, implantations de check point militaires à tous les points de circulation, blocus de Gaza, impossibilité d’aller et de venir entre les deux parties de la Palestine, des milliers de prisonniers qu’Israël maintient en détention indéfiniment, comme Marouane Barghouti, successeur annoncé de Mahmoud Abbas à la tête du Fatah, qui depuis 13 ans reste en prison pour avoir été un dirigeant actif durant les années de l’Intifada, et tant d’autres faits d’injustice qui, depuis que le conflit existe, affligent le peuple palestinien.

Le mouvement palestinien développe dans ce contexte une action tournée vers l’internationalisation. L’exemple est pris sur l’Afrique du Sud des années de l’apartheid, quand Mandela croupissait en prison jusqu’à ce que la pression internationale oblige le Président élu par la seule communauté blanche, les noirs étant interdits de droit de vote, à concéder les avancées politiques qui ont amené l’Afrique du Sud à ce qu’elle est désormais, une nation démocratique reconnue par la communauté des Nations Libres.

 

L’outil de cette pression internationale a été l’arme du boycott, développée contre l’avis de la diplomatie américaine qui a toujours soutenu les dirigeants sud africains en place. Israël réalise en effet beaucoup de son économie par l’exportation, et, parmi les produits exportés, nombreux sont ceux qui proviennent de territoires occupés illégalement, en violation du droit international et des résolutions de l’ONU. La Cour internationale de Justice a condamné l’État israélien, et cela légitime l’appel au boycott lancé par la société civile palestinienne et relayé par tous les collectifs de soutien qui, de par le monde, soutiennent la lutte de libération nationale des Palestiniens au nom des droits de tout peuple à disposer d’un État reconnu. La solution à deux Etats, Israël et Palestine, est bloquée par l’attitude du gouvernement Netanhayou, et seule une pression internationale peut les obliger à débloquer la situation. Cette campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) était présentée par Salman El Herfi à Aiacciu. A l’instar des dirigeants Sud Africains de l’ANC des années de plomb, le mouvement palestinien plaide pour que les opinions publiques européennes participent activement à ce boycott politique des produits venant des territoires occupés : « nous avons Mandela » déclare-t-il en faisant allusion à Marouane Barghouti, «nous cherchons un Frederick De Klerk », c’est à dire un successeur à Izhtak Rabin qui avait privilégié l’intérêt de la paix à celui d’un fanatisme religieux qui, en 1995, a armé le bras de son assassin.

 

La position diplomatique de Netanhayou a été affaiblie par le dernier vote des Nations Unis où, pour la première fois, les États Unis, sur instruction de Barack Obama, ont refusé d’exercer leur droit de véto. Cette résolution, qui condamne les occupations des territoires palestiniens par Israël, est désormais effective et sa remise en cause, même si Donald Trump voulait démentir Barack Obama, impossible : le droit de véto peut provoquer la non adoption, mais pas l’annulation d’une décision majoritaire de l’Assemblée Générale de l’ONU.

Un long bras de fer international a commencé.

Nous pouvons tous y contribuer en soutenant la campagne de solidarité aujourd’hui lancée.

F.A