Chronique d’un procès historique

Le soutien de Gilles Simeoni à la Catalogne

Gilles Simeoni à Madrid à l'invitation des députés catalans et de plusieurs autres eurodéputés.

Arritti poursuit sa chronique hebdomadaire sur la situation en Catalogne pour relater le procès de Madrid où sont actuellement jugés 12 membres du gouvernement catalan et de la société civile catalane pour avoir simplement appliqué le programme politique pour lequel ils ont été largement élus, ou pour avoir défendu le droit de leur peuple à choisir son destin.

 

Gilles Simeoni plusieurs eurodéputés se sont rendus à Madrid ce 28 février 2019, pour soutenir les membres du gouvernement catalan et de la société civile catalane, jugés pour « rébellion », c’est-à-dire pour avoir organisé le référendum d’autodétermination.

Jordi Solé, eurodéputé et président de l’Alliance Libre Européenne, José Bové, eurodéputé d’Europe Écologie, Josep Maria Terricabras, eurodéputé catalan, Mark Demesmaeker, eurodéputé flamand, Paul Molac, député breton au Palais Bourbon, et bien d’autres élus basques, galiciens, estoniens, écossais. Au total, 13 grands élus étaient donc présents à ce « procès de la honte » pour l’Espagne et pour l’Europe. « C’est une caricature de procès » a déclaré sur place le président du Conseil Exécutif de Corse, «c’est pour moi un devoir politique et moral d’être là. Réclamer jusqu’à 25 ans de prison pour avoir organisé un référendum soulève un problème de démocratie. L’Europe du XXIe siècle s’apprête à condamner des élus, des représentants de la société civile, c’est véritablement incompréhensible, injustifiable, inacceptable.

Au cours de l’histoire, les Corses ont souvent reçu le soutien des progressistes de toute l’Europe, venir à Madrid est pour moi aussi une façon d’exprimer ma solidarité et de transmettre les sentiments de fraternité du peuple corse pour qui le combat contre le déni de démocratie constitue une valeur cardinale.

L’Europe doit être respectueuse des droits des citoyens et du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Elle ne peut pas tourner le dos à ces valeurs fondatrices et à son idéal qui est un idéal de liberté ».

 

Iñigo Urkullu, président du Gouvernement basque, a été entendu en tant que témoin ce mercredi 28 février. Il est revenu sur les conversations qu’il a eues avec Carles Puigdemont, président de la Generalitat de Catalogne, et Mariano Rajoy, président du gouvernement espagnol, en octobre 2017, peu avant le référendum.

Il a tenté de jouer en effet un rôle d’apaisement dans la crise et son témoignage était attendu, d’autant que le 26 février, Mariano Rajoy a nié de son côté toute tentative de médiation. Le président basque lui a apporté un démenti cinglant. Il a témoigné aussi de l’absence totale de violence de la part du gouvernement catalan, bien au contraire, en permanence, les autorités catalanes ont recherché le dialogue, mais elles se sont heurtées au manque de volonté de négociation du gouvernement espagnol poussant la crise à son paroxysme. Iñigo Urkullu a alerté Rajoy sur le risque de voir la situation dégénérer si le gouvernement espagnol continuait dans cette voie. En vain.

Le groupe ALE à Strasbourg pour demander la libération des prisonniers politiques catalans.

Raul Romeva, ministre des affaires étrangères catalan qui risque 20 ans de prison, était auditionné lui aussi ce 28 février. « Je me considère comme un prisonnier politique » a-t-il déclaré à la Cour Suprême de Madrid. Se définissant comme « républicain et pro-européen », il a affirmé, « jusqu’en 2010, comme beaucoup d’autres personnes, je n’étais pas indépendantiste, j’étais fédéraliste ». Rappelant son parcours « d’homme de paix », d’objecteur de conscience, pacifiste et contre toutes les discriminations, il a décrit sa carrière au sein d’organisme humanitaire comme l’ONG Oxfam, qui combat l’injustice et la pauvreté dans le monde, mais aussi l’Unesco ou l’OSCE (Organisation pour la Sécurité et la Coopération), pour la résolution des conflits. Ancien député européen, il a dit son attachement à « une Europe fondée sur les droits, la liberté et la non-discrimination pour des raisons de genre, de race ou de langue. Je crois en une Europe fondée sur l’égalité, qui est un principe républicain » a-t-il répété. Pour lui, le droit à l’autodétermination est légitime « dans la mesure où tout a déjà été essayé ». À ce titre, il a rappelé qu’il avait adressé plus de 20 demandes de dialogue au gouvernement espagnol, qui a toujours refusé de donner un « cadre bilatéral » pour ce dialogue. « La Constitution ne dénie pas le droit à l’autodétermination » a-t-il affirmé, cette question relève donc de la « volonté politique », ajoutant : « les démocraties les plus consolidées sont celles qui ont adapté la Constitution aux changements de la société ».

Concernant le référendum du 1er octobre, le gouvernement catalan n’avait pas d’autre possibilité que de l’organiser, à partir du moment où ce dialogue lui était refusé par Madrid. Quant à la déclaration d’indépendance : « Nous avons promis de respecter le résultat, quel qu’il soit », a-t-il déclaré. « La violence a été perpétrée par les organes de sécurité de l’État, jamais par les citoyens. Ce n’était pas le comportement d’une police démocratique », a dénoncé aussi Raul Romeva.

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